Trois ONG ont porté plainte pour « complicité de crimes de guerre » contre Dassault, Thalès et MBDA France, accusés d’avoir vendu à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis des armes qui ont été utilisées contre des civils dans le conflit au Yémen.
Trois ONG ont annoncé le 2 juin avoir porté plainte devant le tribunal de Paris pour « complicité de crimes de guerre » contre Dassault, Thalès et MBDA France, sociétés qu’elles accusent de revendre à l’Arabie saoudite et aux Emirats. citoyens au Yémen. Selon le Mwatana for Human Rights, le Centre européen des droits constitutionnels et humains (ECCHR) et l’association Sherpa, soutenue par Amnesty International France, ces trois entreprises ont vendu des armes et continuent d’en vendre à la coalition dirigée par l’Arabie saoudite », tout en sachant qu’il commet des crimes de guerre depuis 2015″, a déploré Cannelle Lavite, avocate à l’ECCHR. Les plaignants les accusent également de complicité de crimes contre l’humanité.
Non publié.
Trois associations portent plainte contre les sociétés françaises d’armement Thalès, Dassault Aviation et MBDA. Nous les soutenons !
Ces entreprises devront répondre de leur éventuelle complicité dans les crimes de guerre commis au Yémen.
explication.
— Amnesty International France (@amnestyfrance) 2 juin 2022
La guerre au Yémen oppose les rebelles houthis soutenus par l’Iran aux forces gouvernementales soutenues par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis depuis près de huit ans. Le conflit, qui a fait des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés, et que l’ONU considère comme l’une des pires catastrophes humanitaires du moment, est actuellement au point mort grâce à un cessez-le-feu entré en vigueur le 2 avril et prolongé en juin. 2. encore deux mois.
Selon les ONG, Dassault a permis des attaques « contre des civils et des infrastructures civiles » via la vente et surtout en assurant la maintenance de 59 Mirage acquis par les Emirats arabes unis pour qu’ils puissent « rester opérationnels », poursuit Cannelle Lavite. Dans le même ordre d’idées, la vente de 80 avions Rafale immatriculés en décembre à ce pays pourrait être interprétée comme « un encouragement » à commettre des violations du droit international humanitaire, a-t-elle souligné. La société MBDA France a été ciblée pour avoir exporté des missiles Storm Shadow et Scalp vers les belligérants, tandis que le groupe Thales leur aurait fourni son système de guidage de missiles Damocles ou Thalios, selon la même source. « Lorsque nous fournissons des armes à un auteur présumé de crimes récurrents, nous facilitons la commission de ces crimes », a insisté Cannelle Lavite.
Les ONG dénoncent un « double poids, deux mesures »
L’ONG yéménite de défense des droits de l’homme Mwatana affirme avoir recensé « un millier d’attaques contre des civils », au cours desquelles « au moins 3 000 ont été tués et 4 000 blessés » grâce à des « armes récentes » vendues aux Emirats et à l’Arabie saoudite. Abdulrasheed al-Faqih. « Nous avons informé tout le monde de ces attaques : la France, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne… mais ils n’ont jamais arrêté les exportations d’armes », a-t-il déploré, accusant les pays de rendre les Occidentaux moins enclins à enquêter sur les crimes de guerre internationaux aux Etats-Unis. puis demander en Ukraine contre les troupes russes.
Les armes européennes sont-elles amusantes ?
« Quand des gens sont tués par des armes européennes ou américaines, nous ne nous soucions pas de leur mort », déplore-t-il. « Mais si les armes sont russes, c’est différent. Les armes européennes sont-elles amusantes ? » a plaisanté le directeur de l’ONG. « La guerre au Yémen n’a pas bénéficié du même traitement médiatique que le conflit Kiev-Moscou », note Humanitéqui a consacré un dossier à ces ventes d’armes françaises, rappelant que « le Premier ministre français Manuel Valls avait » […] vivement félicité en octobre 2015 pour la signature de près de 10 milliards d’euros de contrats avec Riyad », malgré les preuves d’attentats à la bombe contre des civils par la coalition. « Les marchands de la mort française ont bien sûr bénéficié du soutien plein et entier d’un réalisateur qui n’a jamais été gêné par sa lune de miel avec les pétro-monarchies du Golfe », confirme le journal. Se référant au cas du cimentier Lafarge, dont les accusations de « complicité de crimes contre l’humanité » ont été récemment confirmées, Humanité estime que la justice peut s’appuyer sur ce précédent pour s’attaquer à cette affaire explosive.
En outre, trois ONG, dont Mwatana, ont poursuivi depuis 2018 le fabricant d’armes RWM Italia en Italie, affirmant qu’elles étaient coupables d’avoir fourni les bombes qui ont tué six civils en 2016, dont quatre enfants, dans le nord du Yémen. Suite à des poursuites judiciaires en 2019, le Royaume-Uni a suspendu un temps les ventes d’armes à l’Arabie saoudite avant de les reprendre. Cinq ONG, dont Mwatana, ECCHR et Amnesty International, ont également déposé des plaintes auprès de la Cour pénale internationale (CPI) en 2019 contre 11 fabricants d’armes européens, dont Dassault, Thalès, MBDA et la division Défense et Espace d’Airbus.
En avril 2019, le média d’investigation Disclose révélait l’existence d’une note d’octobre 2018 du renseignement militaire français confirmant l’utilisation d’armes de fabrication française au Yémen.
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