Un missile anti-satellite peut détruire tous les engins spatiaux en orbite en seulement 40 ans

15 novembre 2021. Réveillée en pleine nuit par la NASA, la Station spatiale internationale (ISS) s’est mise en alerte : pas d’engin en train de couler en vue, mais de possibles impacts de débris de satellites. Aux origines du mouvement de panique : un essai militaire russe. Ce jour-là, la Russie a lancé un missile sur un ancien satellite soviétique, engendrant un nuage de débris. Ces derniers, impossibles à contrôler, représentent encore aujourd’hui un danger pour tous les satellites en orbite.

Pour le média australien ScienceAlert, l’événement n’est qu’un aperçu des risques posés par les missiles anti-satellites. Un article publié en avril 2023 dans la revue Defence and Peace Economics intitulé « Star Wars : Anti-Satellite Weapons and Orbital Debris » explique que le moindre test militaire pourrait rendre l’orbite terrestre basse inutile en moins de 40 ans.

« Les calculs montrent que les tests anti-satellites génèrent plus de 102 000 nouveaux déchets de plus d’un centimètre et que leurs effets négatifs mettent 1 000 ans à disparaître en raison de la haute altitude à laquelle les tests sont effectués », expliquent les auteurs de l’article. Lancé à une vitesse de 36 000 km/h autour de la Terre, « Tout débris de plus d’un centimètre peut être mortel en cas de collision » avec un satellite ou une station spatiale.

Une réaction en chaîne imparable

« Les activités spatiales sont à la base de notre mode de vie et ce genre de comportement est tout simplement irresponsable. » Le général James H. Dickinson, commandant de l’US Space Command, avait prévenu alors que la Russie venait de pulvériser son satellite en novembre 2021.

Par exemple, la crainte du « syndrome de Kessler », également connu sous le nom de cascade de collisions, a conduit les États-Unis à annoncer la fin de leurs tests d’armes anti-satellites dans l’espace en avril 2022, de peur d’endommager leurs propres satellites. Quelques mois plus tard, en novembre 2022, la France (qui n’a jamais rien mis en place) s’est engagée « ne pas effectuer d’essais de missiles anti-satellites destructeurs à ascension directe (ASAT) ».

Un traité international sur l’espace, ratifié en 1967, interdit déjà l’implantation d’armes dans l’espace. Mais une arme anti-satellite n’a pas besoin d’être placée dans l’espace pour détruire un appareil en orbite. C’est pourquoi les États-Unis ont décidé d’annoncer qu’ils mettaient fin à son utilisation, en espérant que le reste du monde leur emboîterait le pas. En l’occurrence la Chine, l’Inde et donc la Russie, seuls autres pays à avoir tiré des missiles ASAT (depuis 1957).

Car le traité de 1967 ne suffit pas : tout satellite spatial de rendez-vous (ou RPO en anglais, opération destinée à observer ou faire fonctionner un service sur une autre machine) peut devenir une arme en soi et menacer tous les satellites. S’il est naturel d’imaginer la projection de futurs conflits dans l’espace, « dans ce scénario de guerre hypothétique, tous les adversaires et toutes les nations perdraient, concluent les auteurs. L’orbite terrestre basse deviendrait complètement inutile pour les activités humaines.