Momification et art cutané.
Nous avons tous en tête le scénario du tatoué de Denys de La Patellière, sorti sur les écrans en 1968 et dans lequel Louis de Funès, marchand d’art cynique et forcément tout en mouvement, tente par tous les moyens de récupérer un morceau du dos de Jean Gabin, sur la peau duquel Modigliani a tatoué un travail de tatouage unique – qui vaut vraiment une fortune.
Aussi absurde que cela puisse paraître, ce business de tatouage post-mortem existe vraiment, comme le raconte Motherboard. Une société américaine baptisée Save My Ink Forever et basée dans l’Ohio est ainsi mandatée par les proches des défunts pour sauver ces morceaux de peau encrés qui, dans la foule, les rendaient uniques et leur personnalité.
Comme l’explique le site, Save My Ink Forever exploite des services funéraires dans vingt et un États à travers le pays et a étendu avec succès ses opérations au Canada et au Royaume-Uni. « Pour les personnes qui veulent utiliser ce service, c’est l’équivalent d’un enterrement »explique Kyle Sherwood à Motherboard, « conservateur de tatouageet le chef de l’exploitation de la société. « Cela a plus de sens pour eux qu’une messe à l’église. »
Save My Ink Forever explique avoir mis au point un procédé qui permet d’assécher la peau des défunts, un peu comme un procédé de momification, sans altérer leurs tatouages. Lorsqu’un être cher demande son secours, un embaumeur spécialisé coupe la peau autour de la zone touchée sur le corps du défunt. Elle l’envoie ensuite au laboratoire de Kyle Sherwood dans l’Ohio, où le reste du travail prendra trois mois.
« La gratitude des familles quand elles reçoivent l’œuvre d’art… On nous dit : ‘Oh mon Dieu, j’ai l’impression qu’il est toujours là, j’ai vu ce tatouage tous les jours et maintenant je peux toucher une partie de cette personne me tenir ! » en diamants et à l’époque victorienne on coupait les cheveux pour en faire des bracelets : ce n’est pas très différent.
parchemin
Pas très différent, mais d’une légalité potentiellement discutable, note Motherboard, qui a interrogé plusieurs spécialistes. Selon Tanya Marsh, auteur de La loi des restes humains et donc très versés en la matière, les embaumeurs qui enlèvent la peau du défunt peuvent être couverts par la loi dans certains États.
Se disant plutôt favorable à une certaine souplesse dans ce domaine, et n’ayant rien contre la pratique de Save My Ink Forever et les demandes des familles ou des proches qui utilisent les services, Tanya Marsh note par exemple qu’« il est parfois interdit par la loi de traiter le corps d’une personne décédée de telle manière « irrespectueux »†
Les procureurs pourraient donc engager des poursuites en utilisant ces lois « d’attaque de cadavres », qui existent également en France. Les proches du défunt peuvent aussi être offensés, c’est le moins qu’on puisse dire, par des traitements post-mortem qui pourraient facilement être considérés comme d’horribles mutilations.
De son côté, Save My Ink Forever explique qu’il faut faire très attention aux lois en vigueur dans les lieux où il propose ces opérations, et aussi obtenir le consentement clair de tous les proches du défunt.
Selon Kyle Sherwood, l’entreprise est également un travail de conservation artistique. « Certains de ces artistes sont des Picasso ou des Rembrandt modernes, qui n’obtiennent pas le crédit qu’ils méritent parce que c’est de l’encre sur la peau plutôt que de l’encre sur du parchemin »explique-t-il, comme de Funès pourrait le faire dans le tatoué†
Ça tombe bien : en parchemin organique, Save My Ink Forever transforme la peau du défunt sur laquelle sont gravées ces oeuvres. En effet, ils pourraient bientôt être accrochés, découpés et sous verre dans des musées un peu encombrants, comme c’est déjà le cas au Japon.
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