A quelques jours du sommet Russie-Afrique de Saint-Pétersbourg, le président russe a confirmé la volonté de son pays de compenser la suspension des livraisons de céréales ukrainiennes aux pays les plus nécessiteux.
« Je veux vous assurer que notre pays est en mesure de remplacer le blé ukrainien à la fois commercialement et gratuitement. »
Dans une tribune publiée le 24 juillet sur le site du Kremlin, à la veille du deuxième sommet Russie-Afrique qui se tiendra à Saint-Pétersbourg les 27 et 28 juillet, Vladimir Poutine a réitéré le soutien de son pays au continent africain. « Malgré les sanctions, la Russie continuera à travailler avec enthousiasme pour organiser l’approvisionnement de l’Afrique en céréales, produits alimentaires et engrais », a poursuivi le président russe, soulignant l’impact des sanctions occidentales sur « la logistique des transports, les assurances et les transactions bancaires ».
Une assurance qui s’inscrit dans le contexte de la fin, le 18 juillet, de l’accord sur les céréales qui permettait à Kiev d’exporter ses matières agricoles à travers la mer Noire. Après avoir accepté la prolongation d’un an, la Russie a finalement décidé de ne pas renouveler sa signature. Le président russe rappelle ainsi que la partie de l’accord « concernant la levée des sanctions sur les exportations russes de céréales et d’engrais vers les marchés mondiaux » n’a pas été remplie. Par ailleurs, Moscou a régulièrement accusé Kiev d’utiliser le corridor humanitaire ouvert aux cargos à des fins militaires, notamment pour mener des attaques contre la Crimée.
Les Européens, principaux destinataires des exportations ukrainiennes
Mais hormis le non-respect du volet sur les exportations russes, d’où de prétendues violations par Kiev, Vladimir Poutine estime que le caractère humanitaire de cet accord signé sous l’égide de l’ONU est trompeur et a ainsi « perdu son sens ».
Ce « deal », accuse-t-il, n’a été « utilisé cyniquement que pour enrichir de grandes entreprises américaines et européennes qui exportaient et revendaient du blé ukrainien ». Sur les 32,8 millions de tonnes de marchandises exportées d’Ukraine, « plus de 70 % sont arrivées dans des pays à revenu élevé et intermédiaire, dont l’Union européenne, tandis que des pays comme l’Éthiopie, le Soudan et la Somalie, ainsi que le Yémen et l’Afghanistan, ont reçu moins de 3 % du volume total, soit moins d’un million de tonnes », a poursuivi le président russe.
Selon le décompte de l’ONU, plus de 10 millions de tonnes de céréales et autres denrées alimentaires ukrainiennes ont ainsi été acheminées vers les États membres européens, avant que la Chine n’en reçoive 8 millions.
Des chiffres, ainsi qu’une promesse de Moscou d’aider les pays africains dans le besoin, avaient déjà été rappelés le 21 juillet par le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Verchinine. « Des efforts sont faits pour s’assurer que les pays africains ne soient pas impactés négativement », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse, affirmant comprendre « les inquiétudes » des pays africains.
Dès le 20 mars, le président russe avait annoncé l’engagement de Moscou à fournir des céréales aux pays africains dans le besoin si l’accord sur les exportations ukrainiennes n’était pas renouvelé cet été. « Si nous prenons la décision dans les 60 jours de ne pas renouveler cet accord, nous sommes prêts à livrer gratuitement aux pays africains les plus nécessiteux la même quantité de céréales qui a été envoyée dans le cadre de l’initiative au cours de la période précédente », avait alors déclaré le chef de l’Etat russe aux responsables africains.
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