Les ATACMS, ces nouveaux missiles secrètement déployés par l’Ukraine, ont déjà fait très mal à la Russie

Les Ukrainiens en réclamaient depuis des mois; cet été, les États-Unis s’étaient engagés à leur en livrer; et il semblerait qu’ils aient été utilisés pour la première fois par les armées de Kiev. Nous voulons évidemment parler des ATACMS (pour Army Tactical Missile System), ces dévastateurs missiles sol-sol à sous-munitions.

Déployés dans la plus grande discrétion –ni les États-Unis ni l’Ukraine n’avaient officiellement annoncé leur livraison avant mardi 17 octobre–, les ATACMS auraient été utilisés lors d’une attaque dévastatrice menée contre des bases aériennes russes dans la nuit de lundi à mardi. Selon Politico, la Maison-Blanche aurait pris la décision de les transférer à l’Ukraine en août et ils faisaient secrètement partie d’un programme d’aide militaire à l’Ukraine annoncé le 21 septembre.

L’opération baptisée «Dragonfly» («Libellule», c’est mimi comme tout) a été un succès, à en croire les forces spéciales ukrainiennes qui affirmaient mardi avoir attaqué des bases aériennes dans le sud de Berdiansk (oblast de Zaporijia) et à l’est de Lougansk (est de l’Ukraine). Neuf hélicoptères auraient été détruits, ainsi qu’un système de défense antiaérien et un entrepôt de munitions, selon un communiqué publié sur Telegram.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, sans mentionner ce cas précis, s’est félicité du fait que ses forces arrivaient à frapper les lignes d’approvisionnement russes dans une vidéo postée sur X (anciennement Twitter), relate Forbes. Et depuis l’attaque, des images ont commencé à apparaître sur les réseaux sociaux, montrant ce qui ressemble à des débris de missile MGM-140A ATACMS Block I.

#Ukraine: Well, something extraordinary happened- the remains of M39 missiles (Made in 1996 and 1997) of the MGM-140A ATACMS Block I system used by Ukrainian forces against Berdyansk AB.

This variant has a range of ~165km, inertial guidance, and carries 950 M74 submunitions. pic.twitter.com/AJQPC1WM2Q

— 🇺🇦 Ukraine Weapons Tracker (@UAWeapons) October 17, 2023

Des missiles controversés

Le variant de missile utilisé, d’une portée d’environ 160 kilomètres selon le Wall Street Journal, dispose d’une ogive contenant 950 sous-munitions de type M74 de la taille d’une grenade, particulièrement dangereuses pour les populations civiles. De nombreuses voix s’élèvent d’ailleurs contre la livraison aux forces de Kiev de ces armes, interdites dans une grande partie du monde.

Au moment où il a accepté de fournir ces missiles à longue portée à Kiev, le gouvernement américain s’était voulu rassurant: «Si la Russie utilise ces armes [à sous-munitions] en Ukraine, dans une guerre d’agression, en tuant sans discernement des civils, les Ukrainiens pourront [y] avoir recours […] pour défendre leur propre territoire et frapper des positions russes», affirmait alors John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale à la Maison-Blanche.

C’est la première fois que ces missiles à longue portée sont utilisés par l’Ukraine et cela marque un tournant notable, puisqu’il s’agit de l’arme la plus destructrice de tout son arsenal. «Nous pensons que cela renforcera considérablement les capacités de combat de l’Ukraine sur le terrain», a déclaré une porte-parole du Conseil de sécurité nationale des États-Unis.

L’analyste Brynn Tannehill résumait bien la situation dans un thread sur le réseau social X, publié le 9 septembre dernier: «[Les ATACMS] ne permettront pas à eux seuls de gagner la guerre. Mais wow, qu’est-ce que ça va compliquer les choses pour les Russes. Les ATACMS peuvent frapper partout en Ukraine occupée (y compris en Crimée) avec un avertissement minimal.»