La guerre mondiale des puces entre les États-Unis et la Chine s’enflamme autour de l’ASML

Vendredi 27 janvier, le Japon et les Pays-Bas sont finalement parvenus à un accord avec les États-Unis pour empêcher l’exportation vers la Chine de leurs équipements de production de semi-conducteurs hautement stratégiques.

Les négociations duraient depuis plus de deux ans, mais les constructeurs des deux pays – notamment le néerlandais ASM, mais aussi les japonais Tokyo Electron et Nikon – avaient jusqu’ici tardé. C’est un coup dur pour la Chine : ASML contrôle 60 % du marché et est la seule entreprise à commercialiser des machines qui utilisent la lithographie aux ultraviolets extrêmes (EUV).

En octobre dernier, Washington, voulant empêcher Pékin d’utiliser des puces occidentales pour renforcer sa puissance militaire, a sévèrement resserré ses contrôles sur les exportations de semi-conducteurs. Les acteurs américains du secteur – Applied Materials, Lam Research, KLA – ont alors regretté qu’ASML, Tokyo Electron et Nikon ne soient pas concernés par les mesures. C’est chose faite, notamment sous la direction du conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan.

Contrebande à tous les étages

La mesure intervient parce que les dispositifs de contrôle existants montrent leurs défauts. Ainsi, comme le révèle le Wall Street Journal, l’Academy of Engineering Physics (CAEP), responsable du programme nucléaire militaire chinois, est blacklistée par les États-Unis depuis 1997, et plus encore depuis 2020. Mais elle a continué, jusqu’à aujourd’hui, pour se procurer des puces auprès de Nvidia et d’Intel, notamment par l’intermédiaire de revendeurs chinois.

À son tour, comme le rapporte le Telegraph, l’armée russe fait face à des sanctions non seulement en récupérant les copeaux des lave-vaisselle et des réfrigérateurs, mais aussi en développant la contrebande – comme au bon vieux temps de la guerre froide.

Les trafiquants créent de fausses sociétés enregistrées aux États-Unis, en Malaisie ou à Hong Kong, et les marchandises transitent souvent par la Chine. En décembre, une fausse femme enceinte voyageant de Macao, en Chine continentale, avec 200 semi-conducteurs cachés dans son ventre a été arrêtée, a rapporté Bloomberg.