Et si c’était vous qui découvriez la prochaine planète?

Vous n’avez rien de prévu ce week-end? Et si vous partiez à la recherche d’une exoplanète? Ça changera des champignons. La science évolue, les moyens de la faire avancer aussi. Désormais, vous pouvez prendre part à cette belle aventure grâce à l’accès libre des données. L’heure du «crowd-discovering» est venue.

Dans une publication en ligne du magazine Wired, Jessie Christiansen, astrophysicienne australienne et responsable de la base de données sur les exoplanètes de la NASA, explique qu’il est nécessaire d’ouvrir les données astronomiques à tous, afin que le plus grand nombre puisse contribuer aux nouvelles découvertes. Dorénavant, grâce à internet et cette transparence des informations, vous pouvez –oui, vous!– dénicher une planète qui avait échappé à tout le monde, le tout sans bouger de votre domicile.

Pour trouver de bons coins à exoplanètes (pour rappel, ce sont des planètes situées en dehors du système solaire), la NASA dispose d’un outil: le Transiting Exoplanet Survey Satellite (TESS, pour «satellite de recensement des exoplanètes en transit»), un appareil de 350 kilos qui se promène dans l’espace et qui surveille la luminosité de plus de 200.000 étoiles au cours d’une mission de deux ans. Trouvez les baisses de luminosité et vous aurez sûrement des objets assez gros pour candidater au titre de planète.

Le site Planet Hunters constitue une bonne porte d’entrée pour se lancer. À l’heure où l’on rédige ces lignes, 402 planètes ont été identifiées grâce à ces données.

Précisons qu’il ne suffit pas d’appeler la NASA aux heures ouvrables pour les informer que vous avez déniché une nouvelle planète. Il faut que cette découverte soit exposée dans un article accepté par une revue scientifique soumise à un comité de lecture. Cette publication ouvrira les portes de la base de données de la NASA à votre bébé.

L’exploration spatiale, un travail d’équipe

En 2017, Jessie Christiansen avait déjà pesé de tout son poids pour rendre publiques les données de la mission Kepler K2, impliquée dans le projet «NASA’s Exoplanet Archive», une base de données régulièrement mise à jour avec les trouvailles des scientifiques, mais aussi des passionnés du monde entier.

Au-delà du caractère pédagogique de l’activité (chasser les exoplanètes en famille, c’est tout de même un peu plus stimulant que tenir un herbier), c’est le rapport aux données scientifiques mondiales qui semble bouleversé par la position d’acteurs comme Jessie Christiansen.

«Nous vivons un véritable changement culturel dans le domaine scientifique en ce qui concerne l’accès aux données. Internet nous a permis de réaliser qu’il existe des données qui devraient être disponibles à tout le monde», déclare l’astrophysicienne australienne. La recherche peut donc être aussi collaborative qu’une encyclopédie communautaire.

Au 11 juillet 2023, on recensait l’existence et l’observation scientifique de plus de 5.500 exoplanètes: des petites, des grandes, avec des océans de métal en fusion ou avec des averses de silicate. Mais ces découvertes sont extrêmement récentes, car liées aux capacités techniques et technologiques acquises au cours des dernières décennies. La première annonce de la découverte d’une exoplanète remonte au 9 janvier 1992. Même si jusqu’au 8 janvier, on se doutait bien qu’il y avait des objets célestes situés au-delà de Pluton…

Vous ne ferez pas fortune en trouvant une planète –et cela ne vous donne pas de droits immobiliers dessus. Mais gageons que si vous mettez le doigt sur celle qui nous permettra de nous enfuir quand on aura complètement bousillé la nôtre, vous aurez sûrement le droit de lui donner un nom (autre que «Terre-2»). Tout en explorant l’espace, vous pouvez déjà commencer à réfléchir.