En cas de guerre nucléaire limitée, même les populations épargnées par les bombes seront durement touchées

États-Unis, Russie, Chine… plus de trente ans après la guerre froide, les tensions et les jeux d’alliances s’intensifient à nouveau dangereusement entre les pays ayant accès à l’arme nucléaire. Bien sûr, un conflit nucléaire généralisé entre ces puissances aurait des conséquences dévastatrices pour la planète, mais même une guerre limitée serait catastrophique pour les populations qui ne sont pas directement sous le feu nucléaire.

Une étude publiée dans la revue scientifique Nature Food le 15 août 2022 et repérée par Forbes a examiné l’impact du conflit atomique sur la chaîne d’approvisionnement alimentaire. Quel que soit le scénario, guerre mondiale ou conflit régional, des milliards de personnes mourraient de faim.

La raison principale en serait le fameux hiver nucléaire, également dans sa version réduite. Ce phénomène climatique hypothétique est probablement le résultat des quantités massives de suie et de poussière créées dans l’atmosphère par un impact atomique. En bloquant les rayons du soleil et en abaissant la température de quelques degrés, le nuage réduirait drastiquement les rendements agricoles.

2 à 5 milliards de morts

Selon les scientifiques, le scénario d’un échange de missiles nucléaires entre les États-Unis et la Russie réduirait tellement les récoltes mondiales qu’en seulement deux ans les trois quarts de la planète seraient touchés par la famine. Seules l’Australie et certains pays d’Afrique et d’Amérique du Sud seraient épargnés. Résultat : environ 5 milliards de morts.

En dehors de cette possibilité apocalyptique, même un conflit régional provoquerait une famine massive. Pour parvenir à cette conclusion, Deepak K. Ray de l’Université du Minnesota a simulé une guerre entre l’Inde et le Pakistan dans le cadre d’une étude.

Dans le cas d’un tel conflit, le nuage de suie affecterait principalement les cultures des latitudes moyennes de l’hémisphère nord, y compris la Russie et les États-Unis. Cela conduirait à des restrictions à l’exportation, qui pourraient être dramatiques pour les pays dépendants des importations alimentaires, en particulier en Afrique et au Moyen-Orient. Bilan : 2 milliards de morts.

Selon les scientifiques, il est théoriquement possible d’adapter l’agriculture à un hiver nucléaire en se concentrant sur des plantes qui ont besoin de peu de lumière et peuvent survivre au froid. Cependant, une telle transition aurait peu de chance d’être assez rapide pour limiter les dégâts.