Sur internet, douter de tout n’importe comment est devenu la norme.
Dans la nuit de lundi 25 à mardi 26 mars, un gigantesque cargo est venu s’échouer contre une des piles du pont autoroutier Francis-Scott-Key à Baltimore (Maryland, nord-est des États-Unis). Dans la foulée, toute la structure s’est effondrée, entraînant dans sa chute des véhicules et huit personnes qui se trouvaient dessus, dont deux –toujours en vie– ont été repêchées. Activement recherchées par les secours pendant de longues heures, les six autres personnes (des ouvriers des travaux publics qui œuvraient sur le pont) sont «présumées mortes», après la suspension des recherches, dans la nuit de mardi 26 à mercredi 27 mars.
Rescue crews are actively searching for possibly seven people in the water, after the collapse of the Francis Scott Key Bridge in Baltimore, Maryland overnight.
Officials say two people have already been recovered from the water, one in serious condition. https://t.co/rRwk9tfuki pic.twitter.com/1peBDqiqB0
— CBS Mornings (@CBSMornings) March 26, 2024
Dans la foulée, et malgré les images impressionnantes et des explications techniques laissant peu de place au doute, de multiples théories du complot ont commencé à émerger. Et quoi de mieux qu’internet pour raconter n’importe quoi et trouver un public prêt à croire, relayer et amplifier les rumeurs? Un article du média en ligne américain Mashable revient sur ce qui est désormais la norme: «Pour un certain nombre de personnes, il semble que rien ne puisse être tel qu’il semble apparaître. Il doit nécessairement y avoir un fond néfaste ou sensationnel à toute histoire, aussi manifestement tragique soit-elle.»
En quelques heures, des dizaines et des dizaines de théories, remarques et observations paranoïaques ont fait surface, notamment dans les commentaires de vidéos TikTok. Par exemple: «Pourquoi y a-t-il autant d’angles de prises de vue de l’accident? Est-ce qu’il y a toujours autant de gens qui filment le pont à cette heure là?» Ou encore: «Comment tu savais qu’il fallait filmer avant même que ça n’ait lieu?🤔»
Les choses ne seraient pas ce qu’elles paraissent être, tout ne serait que mensonge, tromperie ou duperie pour des cerveaux malades qui ne supportent aucune incompréhension. Le silence médiatique de la famille royale britannique entourant le cas de Kate Middleton n’a pas fait exception et le vide a très vite été rempli par des théories allant de la blague amusante au complot sordide. L’attentat du vendredi 22 mars dans une salle de concert près de Moscou est un autre exemple, bien aidé en cela par le Kremlin.
Le carburant d’internet
À Baltimore, dans la foulée des commentaires sur TikTok, d’autres questionnements ont fait surface. Des quidams sont soudains devenus ingénieurs des ponts et chaussées, trouvant bizarre que le pont s’effondre entièrement. D’autres moins imaginatifs ont cherché des coupables, Israël et les juifs évidemment ou de mystérieux terroristes. Autre grand classique, le «c’est à cause du gouvernement et de l’immigration» ne s’est pas fait attendre, propagé par… une journaliste de la chaîne Fox Business (sœur de Fox News).
Isn’t it possible that this was a deliberate terrorist attack rather than a tragic accident?#baltimorebridge#BridgeCollapse pic.twitter.com/ALZxVOl4FC
— Richard (@ricwe123) March 26, 2024
Aujourd’hui, le moindre évènement –tragique ou anodin– devient le carburant de théories infondées. Un tel scepticisme n’est pourtant pas totalement condamnable, a fortiori dans la période charnière que nous vivons actuellement avec l’avènement d’images (et de vidéos) générées par l’intelligence artificielle. Mais encore faut-il savoir se poser les bonnes questions.
«Il vaut la peine de remettre en question le pouvoir et le récit officiel. Mais, de manière déprimante, la prédilection d’internet pour la pensée conspirationniste aspire l’oxygène hors d’autres problèmes réels qui pourraient mériter d’être questionnés», souligne Mashable. La dégradation des infrastructures américaines pourrait par exemple être un bon point départ, sans pour autant y voir de dessein caché.
Le complot est aujourd’hui partout, solidement ancré chez de nombreux utilisateurs qui voient en internet un extraordinaire moyen de partager leurs thèses sans grande contradiction. Et contrairement à ce que l’on pouvait penser il y a encore quelques années, ce problème n’est pas circonscrit aux États-Unis, mais nous concerne tous directement (le Covid-19, notamment, en a fait la démonstration).
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