En 1975, l’URSS tire le seul coup de canon de l’histoire de l’espace

Au risque de décevoir les fans de science-fiction, il n’y a jamais eu de guerre dans notre système solaire – ou du moins pas de conflit dans lequel des navires ennemis se tirent dessus avec des explosifs et des lasers. D’autre part, rappelle Popular Mechanics, une fusée a déjà été tirée dans l’espace. Et ce n’est pas vraiment d’hier.

Bienvenue dans la station spatiale Almaz, qui a été mise en orbite dans les années 1970. On y retrouve le R-23M Kartech (une version modifiée du Rikhter R-23), qui est encore aujourd’hui considéré comme le seul canon actif de l’histoire spatiale. Il a été conçu par Aron Abramovich Rikhter, également créateur du canon original du Tupolev Tu-22, connu pour être le premier bombardier supersonique à être produit en URSS.

Si l’Union soviétique a ressenti le besoin de faire construire le R-23M Kartech, c’est parce que dans les années 1960, il semblait probable que des collisions avec les États-Unis finiraient par se produire dans l’espace. Il faut dire que les engins américains avaient une mauvaise tendance à s’approcher des satellites militaires de l’URSS, comme s’ils voulaient les inspecter de près. Parce que la peur de l’attaque était réelle, il était nécessaire de planifier quoi riposter.

Par conséquent, il a été décidé que la station Almaz serait équipée d’une arme qui pourrait aider l’Union soviétique à assurer sa défense. C’est ainsi qu’un canon de 14,5 millimètres a été conçu, pouvant toucher des cibles situées à environ 3 kilomètres, et entre 950 et 5 000 fois par minute (tout dépend des sources), des projectiles tournant à une vitesse de 690 mètres par minute. seconde, soit près de 2 500 kilomètres à l’heure.

Un coup dans l’eau

Selon des témoins de l’époque, lors d’essais menés au sol, ce canon spatial aurait percé un bidon d’essence placé à environ 1 mile soit environ 1,6 kilomètre de distance. Pourtant, l’arme était extrêmement peu maniable, car pour viser, les 20 tonnes de la station spatiale devaient être tournées vers la cible.

Une fois le projet validé, le Kremlin a décidé de garder secrète l’existence de l’arme, ce qu’il a fait jusqu’à la fin de la guerre froide et même plus tard. Ce n’est qu’après la chute de l’URSS que des sources russes nous ont dit que ce canon avait été conçu et envoyé en orbite, tirant même dans l’espace.

C’était le 24 janvier 1975 : voulant évaluer comment un tir pouvait toucher l’avant-poste de la station spatiale, les autorités soviétiques décidèrent d’effectuer un test. Aucun danger pour l’homme, l’équipage ayant quitté les lieux le 19 juillet 1974, soit six mois plus tôt.

Toujours selon les sources, qui diffèrent sur plus d’un élément du dossier, le canon a tiré une à trois fois et envoyé une vingtaine de projectiles dans l’espace. Les résultats de l’expérience sont tenus secrets, mais il n’en reste pas moins que la prochaine version de la station Almaz était équipée de deux missiles intercepteurs au lieu d’un canon. Cela semble indiquer que le succès n’a pas été total.