A New Delhi, les pays du G20 ne sont pas parvenus à s’entendre sur une déclaration commune

Il n’y aura pas de communiqué conjoint après la réunion ministérielle du G20 à New Delhi. Particulièrement en discussion, selon le chef de la diplomatie russe : l’Occident serait trop concentré sur la condamnation de l’offensive militaire russe en Ukraine.

« L’explication [finale] a été bloqué et le résultat de la discussion sera décrit dans le résumé qui sera discuté par la présidence indienne », a déclaré le 2 mars le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, expliquant qu’aucune déclaration commune ne serait publiée après la réunion ministérielle du G20 à New Delhi.

« Malheureusement, il n’a pas été possible d’approuver la déclaration au nom de tous les ministres du G20. Nos collègues occidentaux ont essayé, comme il y a un an sous la présidence indonésienne [d’y] évoquer le dossier ukrainien et mettre en lumière la prétendue « agression russe », a déclaré le chef de la diplomatie russe, accusant ses homologues occidentaux d’ignorer les arguments de son pays sur le conflit en question.

Lavrov déplore l’opposition occidentale à « une enquête impartiale et équitable » sur le sabotage du Nord Stream

Sergueï Lavrov a également critiqué les pays occidentaux pour s’être opposés à la demande de Moscou d’inclure dans le texte la nécessité d’une enquête impartiale sur les explosions de septembre 2022 qui ont endommagé les gazoducs Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique. « Nos partenaires occidentaux ont fermement rejeté notre demande d’énoncer dans un document définitif la nécessité d’une enquête impartiale et équitable », a-t-il déclaré à ce sujet. « Nous parlons de bonnes manières. Eh bien, nos homologues occidentaux sont devenus assez mauvais. Ils ne pensent plus à la diplomatie, ils font juste du chantage et menacent tout le monde », a dénoncé le chef de la diplomatie russe aux journalistes.

Nos homologues occidentaux […] ne pensez plus à la diplomatie, ils font juste du chantage et menacent tout le monde

Pour rappel, bien que les investigations des autorités suédoises, danoises et allemandes n’aient jusqu’à présent pas permis d’attribuer la responsabilité à un pays ou à un acteur en particulier, l’hypothèse d’une opération de sabotage commanditée par Washington a été récemment étayée par les révélations du célèbre Le journaliste américain Seymour Hersh qui expliquait dans un article paru début février avoir obtenu des éléments en ce sens d’« une source ayant une connaissance directe de la planification opérationnelle [des explosions] ».

Pékin et Moscou s’opposent au « retrait complet et inconditionnel » des troupes russes en Ukraine

Par ailleurs, comme l’a rapporté l’AFP, la Chine a refusé de soutenir les appels au retrait des troupes russes d’Ukraine. Les deux pays ont été les seuls membres du G20 à ne pas approuver la déclaration exigeant « le retrait complet et inconditionnel de la Russie du territoire de l’Ukraine », indique un communiqué de presse publié à l’issue de la réunion.

À cet égard, la Chine s’est récemment distinguée en proposant un plan de paix en Ukraine, qui a été applaudi par le porte-parole du secrétaire général de l’ONU.

De son côté, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a déclaré avoir exhorté son homologue russe à mettre fin à la guerre en Ukraine dans un bref échange personnel en marge de la réunion ministérielle. « J’ai dit au ministre [russe] Affaires étrangères […] : Mettez fin à cette guerre d’agression, engagez-vous dans une diplomatie significative qui peut apporter une paix juste et durable », a déclaré le haut responsable américain lors d’une conférence de presse. Pourtant, la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova a démenti toute négociation entre les deux hommes : « Sergueï Lavrov s’est adressé à lui debout dans le cadre de la deuxième session du G20. […]. Il n’y a pas eu d’interview ni de véritable rencontre », a-t-elle assuré à la presse.