Un homme risque désormais la prison à vie pour avoir remis un pilote russe blessé aux troupes russes alors qu’elles détenaient Kherson. Le rabbin de la ville, qui faisait prier des soldats dans la synagogue, s’inquiète de son sort.
A Kherson, aujourd’hui détenue par des soldats ukrainiens après le retrait des troupes russes, un homme est dans le collimateur des autorités. Les informations sont fournies par le New York Times Le 3 décembre, dans un long reportage, véritable plongée dans la ville portuaire : Illia Karamalikov, propriétaire d’une boîte de nuit et membre du conseil municipal qui avait refusé de quitter la ville malgré les combats, est accusée d’aider la Russie.
Au début du conflit, Illia Karamalikov avait mis en place une patrouille de quelque 1 200 personnes avec l’autorisation des troupes russes, principalement pour empêcher les pillages. Le 15 mars, une de ses patrouilles a rencontré un pilote russe hagard, qui a trébuché jusqu’à un poste de contrôle couvert de boue et visiblement secoué. Après l’avoir retenu captif dans des toilettes pendant la nuit, Illia Karamalikov et ses hommes l’ont finalement remis sain et sauf à l’armée russe, le New York Times.
Il risque la prison à vie
Sur cette base, Karamalikov a été inculpé par les autorités ukrainiennes et risque maintenant la réclusion à perpétuité. En effet, il est accusé d’avoir violé les lois édictées dès le début du conflit, qui stipulent que « la collaboration avec l’État agresseur, ses formations armées ou avec l’administration d’occupation » est susceptible d’être punie comme des actes de collaboration, conformément à le Code civil ukrainien.
Tous ces gens qui ont fui nous condamnent. C’est une période cruelle.
Mais selon son avocat Mykhailo Velychko, les autorités ne tiennent pas compte de la situation. « Personne ne savait quoi faire. Ils ne pouvaient pas le remettre aux troupes ukrainiennes – il n’y avait pas de troupes ukrainiennes dans la ville à l’époque. Et il n’y avait pas de Croix Rouge. Et les Russes étaient partout », explique ce dernier au quotidien.
Un sentiment partagé par le rabbin de la ville Yosef Itzhak Wolff, que ces lois ne sont pas adaptées aux réalités de la vie en plein conflit. « Tous ces gens qui ont fui nous condamnent. C’est une période cruelle », a-t-il dit.
Les drames de Karamalikov, membre de la communauté juive de Kherson, et du rabbin Wolff ont attiré l’attention du Times of Israel et ont suscité des inquiétudes quant au sort des Juifs de Kherson.
En Allemagne, lorsque les troupes ukrainiennes ont pris le contrôle de la ville, Yosef Itzhak Wolff s’inquiète des soupçons de collaboration avec l’arrivée au pouvoir de la Russie. Yosef Itzhak Wolff, arrivé en Ukraine il y a près de 30 ans, a permis aux soldats russes de prier dans la synagogue et a organisé le transport de nourriture de Crimée pour la population civile. Il n’est pas sûr de pouvoir retourner en toute sécurité dans sa ville.
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