Jean-David Beauguel : «je pense clairement que c’est la meilleure période de ma vie»

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Performant en Tchéquie au cours des dernières saisons, l’attaquant français Jean-David Beauguel vient de réaliser le plus bel exercice de sa carrière. À 30 ans, il a porté le Viktoria Plzen vers le titre de champion de Tchéquie en étant le meilleur buteur de la Ligue avec 19 buts. Un bel adieu laissé aux supporters du club de Bohême occidentale, puisqu’il est désormais libre de tout contrat. Prêt à passer à un nouveau défi, Jean-David Beauguel est revenu pour Foot Mercato sur ces dernières semaines très chargées du côté de Plzen.

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Foot Mercato : bonjour Jean-David, tu sors d’une fin de saison folle où tu as terminé champion avec le Viktoria Plzen en étant déterminant dans ce sacre, tu dois être aux anges ?

Jean-David Beauguel : je pense clairement que c’est la meilleure période de ma vie. J’ai fait la meilleure saison de ma vie, je suis libre, je peux signer où je veux. J’ai fini meilleur buteur, meilleur joueur étranger, meilleur attaquant, on peut difficilement faire mieux.

FM : surtout qu’en plus, la fin de saison se termine en boulet de canon pour toi et ton équipe …

JD : elle est exceptionnelle ! Il m’a fallu du temps, je commence enfin à redescendre. Pendant deux semaines, cela a été très intense. Mentalement, j’étais fatigué, totalement vidé, il y avait trop d’émotions.

FM : en plus, vous démarrez les play-offs pour le titre (5 matches entre les 6 premiers) avec un point de retard sur le Slavia Prague. Ce n’était pas du tout acquis et le Viktoria Plzen réalise un 13/15 et tu marques 6 buts en 5 matches. Cela devait être comme dans un rêve ?

JD : (rires) je suis hyper content ! On avait été agréablement surpris qu’ils perdent contre le sixième (4-3 contre Hradec Králové ndlr), alors qu’on ne s’y attendait pas vraiment. Quand on a vu qu’ils ont perdu alors que nous on avait gagné (3-1 contre Slovacko ndlr), on a pris deux points d’avance avant de les affronter. On s’est dit qu’on avait 90 minutes importantes où on devra être à fond.

«J’ai tiré et je savais que j’allais marquer. C’était mon moment, c’était une sensation incroyable, c’était orgasmique !»

FM : et là, arrive un scénario complètement fou …

JD : manque de chance, je provoque un penalty dans le temps additionnel (90e +1) qui est transformé. Je me suis dit que ce serait terrible si on ne gagne pas à cause de cette faute. On s’était mal compris avec le capitaine sur le fait d’aller au premier ou au second poteau et l’attaquant a obtenu le penalty à l’expérience sur un léger contact. Je n’avais pas eu le réflexe sur cette action de me dire qu’il y avait possiblement un joueur derrière moi vu que j’étais au second poteau et je suis souvent au premier poteau. Puis là, on a un changement et on obtient un penalty à la 90e +4.

FM : la pression que tu devais avoir avant de tirer le penalty devait être assez terrible …

JD : je ne te cache pas que lorsqu’il siffle penalty lors des 10 premières secondes, mon cœur, il monte. Je connais l’enjeu de ce penalty. Je sais ce sur quoi cela peut déboucher derrière. Dix secondes, le temps que tout le monde parle, je prends la balle. Je m’écarte, je respire, je me mets seul dans mon coin et je me concentre. Et j’ai tiré et je savais que j’allais marquer. C’était mon moment, c’était maintenant et c’était une sensation incroyable. C’était orgasmique ! C’était clairement une finale, avec les supporters, face au Slavia dans une ambiance folle. Je savais l’enjeu du penalty. Après le match, je suis rentré, j’étais fatigué, mais je n’arrivais pas à m’endormir. C’était fou, c’était incroyable.

FM : ce match nul est précieux et vous permet de garder la tête. Si vous n’êtes pas encore champion, le fait d’arracher ce score dans un tel scénario a dû renforcer votre désir d’aller au bout …

JD : on sait que c’est important. On a vu qu’il restait trois matches, dont deux à domicile. Cette année on n’a pas perdu un match à domicile. Je savais qu’avec l’engouement le plus gros avait été passé. On n’a pas perdu depuis six mois. Il y avait une petite crainte sur l’avant-dernier match qui était à l’extérieur contre Hradec Králové où on a finalement obtenu le titre. Ils avaient fait un gros match contre le Slavia et ils nous avaient battus en début de saison. On a mis du temps à rentrer dans le match, mais finalement je marque, on met le deuxième but pour gagner 2-0 et dans le même temps on savait que le Slavia était accroché 1-1 par le Banik Ostrava à onze contre dix. Les deux minutes de temps additionnel étaient longues et quand on a vu que c’était bon, il y a tout qui a lâché. J’ai chialé comme pas possible. La pression, toutes ces années de travail, il y a tout qui est ressorti. Surtout que, cette saison, je me suis encore plus investi pour faire la meilleure saison possible.

FM : tu es passé par un peu toutes les sensations lors de tes huit saisons en Tchéquie. Les débuts ont été compliqués au Dukla, il y a eu un passage un peu meilleur à Zlin, au Viktoria Plzen, tu as eu des blessures et des moments plus compliqués pour finir en apothéose. On peut clairement parler d’un aboutissement de ton aventure dans ce pays ?

JD : quand je suis arrivé à Plzen, j’ai bien débuté, j’ai marqué 6 buts en 12 matches, on a joué en Europa League, j’étais bon. Il s’est passé ce qu’il s’est passé, le coach a choisi un autre attaquant et je suis passé de premier à troisième dans les tribunes. Ça a été dur, mais cela ne reste que du football, donc, entraîne-toi et continue ainsi. Un nouveau coach est arrivé et j’ai été performant jusqu’à ce que j’ai un problème avec les supporters (actes racistes). Ça m’a mis un coup et j’ai mis du temps à revenir. Le club a recruté un attaquant alors que j’avais bien débuté le championnat avec 4 buts en 5 matches, je suis devenu remplaçant à un moment, puis je me suis remis à marquer. C’est vraiment le coach que j’ai actuellement qui m’a donné confiance et j’ai performé. Quand on me met de côté, qu’on me dise les choses concrètement et qu’on ne me traite pas comme un gamin de 18 ans, je peux comprendre. Même lors des matches où j’ai été moins bon, le coach actuel ne me remplaçait pas forcément et me faisait confiance et je lui rendais. Je me suis senti important dans les résultats et les statistiques et j’en suis très content.

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«Il y avait un mec lorsqu’on défilait sur le bus impérial qui m’a même dit : “vas-y reste, je te donne même ma femme si tu veux, mais reste !”»

FM : la confiance est essentielle dans le football. De l’avoir autant ressentie, ça a sûrement dû jouer cette saison pour ce qui est ton meilleur exercice de ta carrière (21 buts et 3 offrandes en 40 matches dont 19 réalisations et 3 passes décisives en 33 rencontres de championnat) ?

JD : clairement, je voulais sortir par la grande porte avec Plzen. En terminant comme ça meilleur buteur, en battant le record de but d’un joueur sur une saison, qui était de 16, c’était le moment de faire tout cela.

FM : malgré ta situation de joueur libre, certes, tu jouais le titre et c’est une motivation supplémentaire, mais tu n’es jamais sorti du projet Plzen au cours de cette saison…

JD : même si on n’avait pas joué le titre. D’un point de vue personnel, le fait d’être libre, c’était la carotte. Plus tu marques de but et plus tu auras un bon contrat à l’arrivée. Le fait de jouer le titre a ajouté quelque chose, mais j’avais pour objectif personnel d’inscrire le maximum de buts pour me faciliter la tâche cet été. À la reprise, cet hiver (longue trêve hivernale entre décembre et février), j’ai été blessé, il y avait déjà des rumeurs comme quoi je ne voulais plus jouer ou que je m’en moquais alors que non. J’ai eu une petite élongation derrière la cuisse et j’ai manqué des matches de préparation. J’ai préféré prendre le temps pour revenir pour les matches de championnat. Il n’y avait pas de logique pour moi d’être performant six mois et de me dire “je suis libre le 1er janvier, je vais voir ce qui arrive”. Pas du tout, j’ai un contrat, je suis professionnel.

FM : au final, tu ne dois clairement pas regretter ton choix vu la belle issue (rires) ?

JD : j’ai dit à mon agent que je voulais bien attendre la fin de saison, jouer à fond et voir ce qu’il se passe. Je voulais finir sur une bonne note avec Plzen et, aujourd’hui, je suis tellement heureux. J’ai senti que, les supporters, ils ne m’adoraient pas, ils m’aimaient tout simplement. Ils pleuraient, il y avait des enfants, des parents. Il y avait un mec lorsqu’on défilait sur le bus impérial qui m’a même dit : “vas-y reste, je te donne même ma femme si tu veux, mais reste !” (rires). J’en ai pleuré, j’étais ému, j’ai eu des messages, c’était incroyable.

FM : cette fin de saison a clairement changé ton histoire en Tchéquie avec Plzen. Tu es passé d’un bon attaquant du championnat à un joueur qui marque un club. Comment l’as-tu ressenti ?

JD : il y a mon président qui m’a dit : “Bogy tu te rends compte, tu seras une légende ici. Tout sera grand ouvert pour toi.” L’engouement qu’il y a eu autour de moi, je ne m’y attendais pas du tout. Je savais que j’étais apprécié, mais pas forcément à ce point. Pour un joueur étranger, français, de couleur métisse, ça marque un peu plus l’histoire. J’ai reçu des messages de supporters du Sparta, du Slavia qui m’ont dit que j’allais manquer à la Ligue et que j’étais un bon joueur. J’ai vraiment apprécié. En tant que joueur français, personne n’avait vraiment marqué autant l’esprit dans ce championnat. Là, je viens d’être élu meilleur joueur des play-offs, meilleur attaquant, meilleur buteur et meilleur joueur étranger. J’ai dit à ma mère que je n’avais pas forcément eu les meilleures notes à l’école, mais, dans le foot, je m’en sors bien (rires). J’ai clairement vu que mon statut a énormément changé ici.

«Ce n’est pas le plus beau but, mais c’est le plus important de ma carrière !»

FM : il y a deux ans, tu remontais doucement la pente après des périodes de blessures. Depuis deux ans, tu as connu moins de pépins, cela a dû aussi jouer sur tes performances ?

JD : je me suis vraiment, vraiment, mais vraiment beaucoup investi. Quand des fois je voulais sortir, j’étais très rigoureux et j’ai fait attention. J’ai vraiment écouté beaucoup plus mon corps pour limiter les blessures. Je n’ai pas vraiment été blessé. Aujourd’hui je fais beaucoup de rappels qui me permettent d’être en forme et d’éviter les blessures. J’écoute beaucoup le kiné et je reste parfois pour discuter avec lui. J’ai découvert de nouvelles techniques d’entraînement avec les nouveaux kinés. J’ai adoré, j’ai demandé qu’ils me fassent quelques vidéos pour la suite. C’est un travail de l’ombre efficace qui m’a permis d’éviter les petites blessures et j’ai pu faire une saison complète.

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FM : tu es resté huit ans en Tchéquie. D’arriver à remonter les étapes jusqu’au titre, rien de plus beau avant de passer à un nouveau challenge ?

JD : il n’y avait pas mieux. Le Slavia avait perdu des joueurs au fil des saisons même si ça reste une grosse équipe. La Conference League a dû joué. L’effectif était moins dominant, il y avait plus de jeune. Ils étaient au-dessus, mais cette année, je sentais qu’on pouvait le faire. On a du caractère, on n’a pas forcément produit un football aussi séduisant que le Slavia, mais on a été très solide. Au final, aujourd’hui, on a la Coupe et on l’a soulevée. On défendait bien. Je ne suis pas forcément l’attaquant qui va marquer plein de buts lors d’un match, mais je vais être constant et marquer régulièrement un but. Je préfère être comme cela et ça permet d’éviter les périodes de creux par rapport à la confiance. J’ai marqué en plus des buts importants, dont le but décisif contre le Slavia donc je suis content. Ce n’est pas le plus beau but, mais c’est le plus important de ma carrière.

FM : comment vois-tu la suite de ta carrière maintenant que tu es joueur libre ?

JD : déjà profiter un peu des vacances (rires). J’étais bien K. O. mentalement. Physiquement j’avais moins de jus sur les derniers matches, mais les vacances vont me faire du bien. Les championnats se terminent, mais ça va reprendre vite. On va voir avec mon agent. Ça commence à appeler, je vais voir. J’estime avoir fait ce qu’il faut, donc je ne suis pas forcément très inquiet.

«Aujourd’hui je n’ai pas peur de dire que je privilégie l’aspect financier. Mais s’il y a une offre intéressante, je l’étudierais»

FM : il y a deux ans, tu m’avais expliqué que tu voulais un gros contrat à l’approche de la trentaine. Est-ce toujours d’actualité ?

JD : c’était toujours d’actualité, après il y a des fois des clubs avec des projets sportifs très intéressants qui peuvent arriver. Je sais que je ne vais pas taper un top club, mais il peut y avoir des surprises où je peux m’y retrouver financièrement avec un défi sportif très intéressant. Pourquoi pas, je ne suis pas fermé. Aujourd’hui, je n’ai pas peur de dire que je privilégie l’aspect financier. Mais s’il y a une offre intéressante, je l’étudierais. J’ai 30 ans, ce n’est pas comme si j’avais fait une grosse carrière en Ligue 1 avec des gros salaires. Je n’ai pas eu des gros salaires pour me dire que je suis à l’abri après le football. Ma priorité est de jouer 4/5 ans maximum pour mettre de l’argent côté. Le football va s’arrêter un jour ou l’autre et ce n’est pas toute ma vie.

FM : si un club de Ligue 1 se présente, tu pourrais y être ouvert ?

JD : je sais que par rapport à mon entourage, il y a beaucoup d’engouement par rapport à cela, que ce soit ma famille ou mes amis. Ce n’est pas un objectif concret. Pourquoi pas, mais si c’est pour jouer le maintien, je préfère rester à Plzen où ils vont jouer les tours préliminaires de la Ligue des Champions. S’ils ne passent pas, ils joueront l’Europa League avec une course pour le titre. Mes amis et ma famille aimeraient que je revienne, mais ce n’est pas une fin en soi pour moi, tout dépend du projet.

FM : en Ligue des Champions, tu as disputé un match. C’était un tour préliminaire contre l’AZ Alkmaar. Est-ce que c’est un regret de ne pas avoir plus disputé cette compétition ?

JD : c’est toujours un regret, c’est la Coupe d’Europe et cette musique, je n’aurais sans doute pas la chance de l’écouter. Mais c’est pas forcément un gros regret. J’ai fait un choix et je ne le regrette pas. J’estime qu’aujourd’hui mon avenir, l’après-football, c’est plus important que la Ligue des Champions. J’assume et c’est vrai que j’aurais aimé la disputer il y a deux ans avec des matches de gala. Après un match de Ligue des Champions, c’est super, mais gagner une Coupe, un trophée, c’est écrit dans ta vie et l’histoire d’un club. Il y a des joueurs de Ligue 1 qui n’auront pas forcément la chance de gagner un titre ou de jouer en Coupe d’Europe. Je n’estime pas qu’il y a forcément de meilleur choix, personnellement, j’ai préféré jouer dans un championnat moins réputé, mais j’ai joué l’Europa League, j’ai été champion et cela n’a pas de prix.

FM : pour l’après-carrière, est-ce que tu as déjà des idées en tête ?

JD : j’ai ma compagnie d’investissements à Genève, que j’ai lancée avec un très bon ami à moi et Prince Gouano (ex-Atalanta et Amiens qui a joué à Waalwijk en 2013/2014 avec Jean-David Beauguel ndlr). On travaille avec un des plus gros fonds d’investissement à New York, donc cela se passe bien. Je ne peux pas encore savoir, je pourrais bifurquer sur autre chose, mais je pense que c’est le projet qui me plaît le plus après le football. C’est très intéressant. On verra pour plus tard, mais je mets un pied sur cela.

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FM : d’avoir ce pied dans le monde des affaires, est-ce que tu le sens comme une sécurité ?

JD : j’avais des idées, mais d’avoir un projet concret, c’est déjà très bien. C’est intéressant, c’est bien, on verra ce qu’il se passera. En plus, je le fais avec un de mes meilleurs amis. Ça peut être intéressant si on se donne les moyens et qu’on travaille bien en ce sens. Je suis content, je suis bien entouré. Avec le contrat que je vais avoir, je veux capitaliser là-dessus pour l’après-football.

«Être payé pour mon faire ce que j’aime, ma passion, je ne vois pas cela comme un sacrifice !»

FM : tu ne te vois pas forcément continuer dans le monde du football ?

JD : pas du tout. Je regarde de moins en moins le football à part l’Olympique de Marseille (son club de cœur ndlr). Cette année, en Ligue des Champions, je me suis régalé, mais, en général, je n’ai pas trop suivi cette saison. Cela ne me dérangerait pas d’apprendre le football à des enfants dans un petit club, des U13 et des U14, cela pourrait m’intéresser, mais ce n’est clairement pas mon optique de rester dans le monde du football. Quand je vois les coaches qui sont là depuis le centre de formation, je ne veux pas imposer cela à ma future famille et à mes futurs enfants. Je veux profiter d’une certaine stabilité, profiter de ma famille, de mes amis et de mes week-ends après le football.

FM : quand on a eu une carrière longue dans le monde du football, est-ce qu’on commence à se rendre compte des sacrifices et avoir envie de profiter des choses qui ont un peu été mises de côté ?

JD : oui, après le terme sacrifice je ne le vois pas comme cela. Ce sont des choix, il y a des contraintes comme partout et dans d’autres métiers. Être payé pour mon faire ce que j’aime, ma passion, je ne vois pas cela comme un sacrifice. Il y a des contraintes, je ne vois pas tout le temps ma famille et mes amis, mais c’est un choix. Je pourrais revenir en France, avoir ma tranquillité et me contenter de cela, mais non. Il y a des contraintes comme dans n’importe quel travail, des contraintes comme dans la vie en général, mais je fais ce qu’il faut pour profiter au maximum après le football. Je l’ai vu à l’époque du Covid-19, cela n’a pas été simple pour tout le monde. J’ai des amis qui ont perdu leur boulot alors que j’ai été payé et j’ai pu continuer. Je ne vois pas ça comme un sacrifice. C’est beaucoup d’efforts, il faut avoir le goût de l’effort pendant 15 ans de ta vie même quand il fait moins de 10 degrés. Certes, certains le font aussi le dimanche matin pour le plaisir, mais il y a aussi la fatigue mentale et les critiques. C’est très long de faire cela sur la durée.

FM : en tant que supporter de Marseille et natif de Strasbourg, comment tu as vécu le match entre les deux équipes pour la dernière journée de Ligue 1 ?

JD : c’était comme avec Plzen, mais en tant que supporter de l’OM. Quand j’ai vu le coup franc à Lens (qui donne la deuxième place à l’OM ndlr), j’étais trop content. Ils ont fait une belle saison. Cela m’a étonné qu’ils perdent pas mal de points au Vélodrome, mais ils ont une belle équipe quand même. Cela m’embête plus pour Strasbourg, ils méritaient une place européenne. Je suis déçu pour eux, mais je suis quand même très content pour l’OM.

FM : tu es formé à Toulouse, cela te fait quoi de voir le Téfécé remonter en Ligue 1 après deux années en Ligue 2 ?

JD : je suis très content, car il y a de bonnes manières de remonter. Au moment de la descente, il y avait quelque chose de cassé, il fallait repartir à zéro. C’était le moyen de le faire. Je trouve qu’ils ont souvent bien formé et ils ont bien misé sur les jeunes avec un recrutement intelligent. Il y avait un vrai engouement autour de la ville. C’était très agréable à suivre cela de loin.

FM : justement, Toulouse a beaucoup misé sur des championnats moins médiatiques, comme le Danemark. Venant de Tchéquie, est-ce que tu penses que les clubs français devraient oser un peu plus sur leurs choix de recrutement ?

JD : quand je vois certains transferts à dix/douze millions d’euros, ça me déchire. Tu peux avoir deux très bons joueurs de Ligue 1 qui peuvent venir de plus petits clubs ou alors recruter dans des championnats plus confidentiels. Tu n’y perds pas forcément et en termes de salaires, tu pourrais plus facilement le laisser partir si jamais ça ne marche pas. Je trouve ça dommage qu’aujourd’hui, cela devient un peu trop dynamique. Par exemple, les 10 sont en voie de disparition, car le physique et la vitesse prennent le pas sur d’autres choses. À la base, Tomas Holes (Slavia Prague), je l’ai connu comme latéral droit puis en six, il aurait parfaitement sa place en Bundesliga ou en Ligue 1. Il a fait ses preuves en Ligue des Champions ou en Ligue Europa, mais les clubs seront plus réticents par rapport à d’autres profils. Adam Hlozek (Sparta Prague), aussi, c’est un très bon joueur, mais il a encore besoin de passer un cap. Il y a certains matches d’Europa League où on l’attendait et il a eu du mal. S’il passe ce cap, cela pourrait devenir un très bon joueur sur lequel investir.

La précédente interview de Jean-David Beauguel

Focus sur Jean-David Beauguel

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