Edouard Mendy : “On va à la Coupe du monde avec beaucoup d’humilité mais aussi avec beaucoup de détermination”

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Edouard Mendy était mardi à Cergy pour recevoir le prix d’honneur remis par l’Association des Entraîneurs Professionnels de Gardiens de But à l’occasion des Trophées Bruno Martini. Le dernier bastion de Chelsea et du Sénégal, champions sortants de la Ligue des champions pour encore quelques jours, en a profité pour évoquer le rôle de gardien, qui, selon lui, n’a pas toujours été bien exécuté, mais aussi les Lions de la Teranga avec qui il ira en Coupe du monde à la fin de l’année.

Il était la star attendue. Malgré le retard dû aux embouteillages à Paris, “Champion du monde du liège” s’il s’est excusé, Edouard Mendy (30 ans) est finalement arrivé à Cergy (Val-d’Oise), accueilli par une foule d’enfants du club local (Cergy-Pontoise FC) ravis de revoir leur idole. Souriant et accessible, le gardien de Chelsea a fait le déplacement pour une raison. A l’invitation de la jeune Association des Entraîneurs Professionnels de Gardiens de but* (AEGB), présidée par Christophe Revel (LOSC) et co-présidée par Christophe Lollichon (aujourd’hui ex-Chelsea), l’international sénégalais a pris part à la première cérémonie du Bruno Martini Trophées. les meilleures gardiennes de Ligue 1, Ligue 2 et D1 féminines. Après l’ouverture de la soirée interprétée par Marie Martini, la veuve de l’ancien gardien des Bleus décédé en octobre 2020 et considérée comme le père de la formation d’entraîneur spécifique à la fonction de gardien de but en France, Mendy a reçu le prix d’honneur des mains du jury. composé de techniciens de la poste. L’occasion pour lui d’évoquer ce rôle de gardien très particulier puis de commenter son actualité et sa saison.

Qu’est-ce qui vient après cette annonce

Foot Mercato : pourquoi cette cérémonie d’honneur aux gardiens est-elle importante ?

Edouard Mendy : il y a des entraîneurs qui ont été importants pour moi (Christophe Lollichon) et puis il y a des gardiens ici que j’ai déjà rencontrés ou vu évoluer plus jeune comme Steeve Elana, Ludovic Butelle, Grégory Malicki. Ce sont des gardiens qui ont marqué le football français. On a envie de participer en tant que gardiens de but à ce genre d’événement qui n’existait pas du tout en France et très peu dans le monde. Cette cérémonie sous la coupe de Bruno Martini est quelque chose de très positif pour le poste et aussi pour que les gens se rendent compte que nous aussi nous prenons des initiatives et faisons des choses pour nous mettre un peu plus en lumière.

FM : Après avoir été sacré meilleur gardien de la saison par l’UEFA la saison dernière et surtout avoir remporté le trophée FIFA du meilleur gardien de l’année, que signifie cette distinction décernée par les entraîneurs des gardiens ?

EM : en tant que gardien de but, cela a une saveur particulière car vous êtes reconnu par vos pairs. Cela montre que les gens qui vivent comme vous, qui ressentent le football comme vous au quotidien, vous reconnaissent. Ça, je pense qu’il n’y a pas meilleure distinction, le fait que tu sois validé, que le travail et ta performance soient validés par des entraîneurs de gardiens qui sont dans le jeu depuis vingt ans et qui ont vu de très bons gardiens du passé. Pour être parmi les meilleurs, il n’y a pas de meilleure distinction.

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FM : C’est aussi la récompense d’un parcours atypique comme le vôtre. Malgré les creux de votre début de carrière, vous avez su garder confiance. D’où vient cette force intérieure ?

EM : il y a une part de talent, mais surtout il y a beaucoup de travail. Rien ne se passe en un claquement de doigt. Tout ce que j’ai, tout ce que je reçois, c’est par le travail, rien d’autre. Je pense que c’est aussi mon éducation. J’ai été élevé de cette façon, dans cette mentalité de ne pas abandonner, d’être persistant pour obtenir ce que vous voulez. Je savais que je devais travailler pour m’améliorer. Il ne s’agit pas seulement d’avoir du talent. Au contraire, il fallait être une pointure et se démarquer des autres. Je l’ai compris très tôt. Je n’ai pas compté mes heures et même aujourd’hui je ne compte pas mes heures. Je pense qu’à un moment donné ça fait la différence.

“Un gardien peut gagner un match aussi facilement qu’un attaquant”

FM : Pensez-vous que le poste de gardien est sous-estimé ?

EM : oui, malheureusement ça fait trop longtemps. Ce genre d’événements est fait pour changer les choses. C’est ce qui nous aide à avoir cette lumière et cette reconnaissance que nous méritons d’avoir. C’est vraiment la position sur le terrain où les yeux des gens sont le moins rivés. C’est là que beaucoup de choses se passent. Un gardien peut tout aussi bien gagner un match qu’un attaquant. Cette vérité est enracinée depuis bien trop longtemps. A nous de le laisser évoluer.

FM : Vivez-vous cela comme une forme d’injustice ?

EM : non, c’est un peu trop, mais je pense qu’il y a un manque de reconnaissance et ça a toujours été là, mais le plus important c’est que le gardien soit performant pour son équipe. Nous ne cherchons pas la lumière. Tous les gardes vous le diront. Ils essaient de travailler aussi efficacement que possible. C’est le plus important. Puis les louanges, elles viennent ou elles ne viennent pas. Plus important encore, le vestiaire reconnaît que vous êtes important et que vous gagnez des matchs.

FM : Vous êtes le vainqueur sortant, malheureusement vous avez été éliminé par le Real Madrid cette saison. Allez-vous regarder la finale de la Ligue des Champions ?

EM : Je suis d’accord avec la sélection. Nous le vérifions à l’hôtel avec ceux qui sont arrivés.

“Je veux que Sadio gagne la Ligue des champions”

FM : qui allez-vous soutenir ? Liverpool de Sadio Mané ?

EM : Bien sûr, je veux que Sadio gagne la Ligue des champions. Il fait une saison exceptionnelle, il est en lice pour le Ballon d’Or et la Ligue des Champions sera un tournant. Il joue contre son plus grand concurrent. Celui qui sortira vainqueur marquera beaucoup de points.

FM : Un mot sur Karim Benzema justement. C’est le meilleur attaquant que vous ayez rencontré cette saison ?

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EM : oui, c’est l’un des meilleurs attaquants, mais quand tu joues en Premier League, tu joues contre les meilleurs du monde. Il en fait partie. Il est à un très haut niveau depuis des années. Il mérite tout ce qui lui arrive, tant en club que le rappel dans l’effectif qui remonte à l’année dernière. Il a travaillé pour et c’est logique qu’il performe à ce niveau.

FM : la saison touche à sa fin, vous retrouverez la sélection sénégalaise avec qui vous avez vécu de belles choses cette année avec la victoire en coupe d’Afrique, en attendant la coupe du monde à l’automne…

EM : nous n’avions jamais gagné ce trophée. Tout le monde connaît le Sénégal comme un pays qui produit beaucoup de talents mais qui n’a pas remporté de titre. Nous avions la génération, le bon mélange d’expérience, de talent et de jeunesse. Tout cela mélangé à un très bon entraîneur qui fait de belles choses avec cette sélection depuis des années. C’est un travail continu. Ce que l’entraîneur et son staff ont fait est tout simplement exceptionnel. En Afrique, il convient de le souligner. Aujourd’hui, nous avons gagné la Coupe d’Afrique et je pense que c’est le match où il y a eu le moins de discussions. Nous étions la meilleure équipe du tournoi. De plus, nous avons commencé avec 10 cas de Covid. Il a fallu trois matchs pour récupérer tout le monde. Et du 8e à la finale je pense qu’il n’y a pas eu de débat. Nous sommes trop grands pour ce trophée, mais il ne nous donnera pas d’ailes. Nous restons le Sénégal et rendons fier le peuple sénégalais. On y va (à la Coupe du monde) avec beaucoup d’humilité mais aussi avec beaucoup de détermination.

“Le stade était plein l’après-midi alors que nous jouions à 17h30.” (à propos du barrage retour contre l’Egypte)

FM : quel sera l’objectif du Sénégal à la Coupe du monde ?

EM : c’est comme celui de la CAN : aller le plus loin possible et faire la fierté des Sénégalais. Avec le recul, on n’est pas du genre à dire qu’on veut ceci ou qu’on veut cela. Nous le montrons sur le terrain.

FM : A part cette victoire à la CAN, quel a été le moment le plus fort que vous ayez vécu avec l’équipe sénégalaise ?

EM : Je pense que c’est le barrage de la Coupe du monde contre l’Egypte parce que ce qui s’est passé ce jour-là est absolument inimaginable. Nous sommes venus d’Egypte la veille. Nous avons été un peu déçus car nous avons perdu 1-0 là-bas. Le VAR n’avait pas fonctionné donc nous nous sommes sentis un peu volés. On était très déçus et très déprimés, mais dans notre accident il y a eu une chance, c’est qu’il y a eu un match retour. Nous arrivons à l’aéroport à 9h car nous avions un vol de nuit. Et il pourrait y avoir un millier de personnes là-bas. Ça nous charge tout de suite, on se dit qu’il se passe quelque chose d’énorme car il y a beaucoup d’indicateurs qui nous ont donné l’élimination. De plus, le champion d’Europe venait d’être éliminé (Italie, départ de la Macédoine du Nord, ndlr), on pensait donc que le champion d’Afrique serait également éliminé. Alors là, à l’aéroport, on s’est dit que le pays comptait sur nous, qu’il allait se passer quelque chose d’extraordinaire. Nous avons eu la chance d’avoir un nouveau stade et d’y jouer notre premier match. C’était le match d’ouverture et dès qu’ils ont ouvert les portes à 11h le stade était plein à 12h alors que nous jouions à 17h30 ! Nous devions être à 2 kilomètres du stade dans notre hôtel, mais nous entendions carrément les gens chanter. Là, nous pensions qu’il se passait quelque chose d’incroyable. Je me souviens que lorsque nous arrivons au vestiaire, il y a souvent des joueurs qui explorent le terrain. Mais certaines personnes n’y sont pas allées car c’était trop bruyant ! La pression était alors énorme ! Au bout de 4 minutes on a l’occasion de marquer et j’ai l’impression que le stade va exploser. Et se qualifier dans le nouveau stade après le premier match où on s’est un peu fait voler, ça a demandé de la force mentale à tout le monde, mais c’était exceptionnel. Cette année en sélection pour moi, c’est ce souvenir, plus que la finale de la Coupe d’Afrique.

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L’Association des Entraîneurs Professionnels des Gardiens (AEGB) est née début 2021 de la volonté commune de Christophe Revel (entraîneur des gardiens du LOSC) et Christophe Lollichon (ancien entraîneur des gardiens de but à Rennes et Chelsea notamment) de vouloir créer un laboratoire d’idées. L’objectif est de mutualiser les expériences et de partager les contenus des 70 adhérents (sur 130 entraîneurs de gardiens professionnels en France) à travers des séminaires, comme ce fut le cas à Cergy les 24 et 25 mai, et différentes plateformes. Initialement destinée aux professionnels du terrain, l’AEGB vise à terme à accueillir les entraîneurs de gardiens amateurs et les passionnés de performance. Lors de cette remise des trophées Bruno Martini, hommage à l’ancien gardien d’Auxerre, Montpellier et Nancy, qui a ensuite fondé la formation de formateur spécifique des gardiens au sein de la Direction Technique Nationale en 2002, des gardiens comme Benoît Costil (Bordeaux) étaient également présents. . , Vincent Demarconnay (Paris FC) ou Ludovic Butelle (Etoile Rouge), et entraîneurs du poste. Outre Lollichon et Revel, Franck Raviot (équipe de France masculine), Gilles Fouache (équipe de France féminine) ont fait honneur à leur présence, tout comme l’ancien sélectionneur national et actuel président de l’UNECATEF (Fédération française des entraîneurs), Raymond Domenech.

Gagnants de cette édition 2022 :

  • Révélation Ligue 2 : Lucas Chevalier (Valenciennes, prêté par le LOSC)

  • Meilleur gardien de Ligue 2 : Benjamin Leroy (Ajaccio)

  • Révélation de D1 féminine : Chiamaka Nnadozie (FC Paris)

  • Meilleure Gardienne de D1 : Christiane Endler (OL)

  • Révélation Ligue 1 : Gauthier Gallon (ESTAC)

  • Meilleur gardien de Ligue 1 : Matz Sels (Strasbourg)

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