« Je ne te veux pas de mal » : d’adolescent troublé à fantassin néonazi

« Il s’est souvent exilé », a déclaré Ebony Humes, qui s’est liée d’amitié avec lui pour la première fois en sixième. « Il a essayé de se faire des amis, mais la plupart du temps, les gens lui tournaient le dos ou prétendaient qu’il n’était pas là. Ça m’a un peu brisé le coeur. Il a essayé, constamment, pendant des années. On pouvait voir la douleur sur son visage.

« C’était un garçon adorable », a répété Epley. « Mais les gens n’étaient pas très gentils avec lui. Il a été beaucoup harcelé. »

En onzième année, Climo débordait presque de ressentiment. « Personne ne m’aime. Je déteste ça ici », a-t-il sangloté à la cafétéria, frappant sur la table à un moment donné, se souvient Humes. « Je veux sortir. »

C’est après avoir obtenu son diplôme que Climo, qui vivait avec sa famille au bout d’une impasse tranquille, a trouvé la communauté qui lui manquait : un mouvement mondial violent caché dans les recoins sombres d’Internet, déterminé à mener une néo- Guerre raciale nazie. . , selon des documents publics, des archives judiciaires, des agents des forces de l’ordre et des camarades de classe.

Depuis plus d’un an, les journalistes de POLITICO, le journal allemand Welt and Insider, ont exposé les rouages ​​de ce mouvement de plus en plus violent, tirés de près de deux douzaines de newsgroups, de plus de 98 000 textes et messages de discussion – y compris des photos et des vidéos – et d’interviews. avec les membres.

Les données offrent un rare aperçu d’un réseau en plein essor de néonazis qui menacent de tuer des politiciens et des journalistes, expliquent comment fabriquer des bombes et des armes avec des imprimantes 3D et s’encouragent mutuellement à attaquer les lieux de culte, la communauté gay et les personnes de Couleur. C’est ce que les chercheurs sur l’extrémisme appellent « l’accélération militante » – un mouvement pour déclencher une guerre pour le pouvoir blanc.

Il existe des dizaines de ces groupes des deux côtés de l’Atlantique avec des noms militaires tirés de la propagande nazie. De nombreux adeptes ont été influencés par les écrits de James Mason, le Coloradan de 69 ans qui a rejoint un parti nazi américain à 14 ans et dont les livres et le bulletin sont considérés comme des Mein Kampfs modernes pour les adhérents.

Climo a été attiré par la division Feuerkrieg, qui se traduit par «guerre du feu», un surnom inspiré des marches aux flambeaux lors des rassemblements nazis dans les années 1930 en Allemagne.

FKD aurait été fondée en Estonie en 2018 et aurait rapidement disparu. Mais selon les responsables de l’application des lois et les experts des groupes extrémistes nationaux, il y a eu une résurgence ces dernières années.

L’implication avec le groupe a abouti au stockage de matériaux de fabrication de bombes dans sa chambre. Et alors qu’il embrassait de plus en plus la cause de l’établissement d’un ethno-État blanc, il a été arrêté parce qu’il était soupçonné d’avoir planifié – et ciblé – de faire sauter une synagogue et un bar gay, selon le FBI et des documents judiciaires.

Climo a plaidé coupable et a été condamné à deux ans pour possession d’une arme à feu non enregistrée, en particulier des pièces d’un engin destructeur.

Climo, qui a été libéré de prison fédérale plus tôt cette année et maintenant en probation de trois ans, selon les archives judiciaires, n’a pas répondu aux multiples demandes d’entretien. Ses proches ont également refusé de parler en son nom ou n’ont pas répondu aux demandes d’interview.

Son parcours d’adolescent américain troublé à combattant néonazi a été un signal d’alarme, soulignant l’inquiétude croissante suscitée par une nouvelle génération de suprémacistes blancs vocaux émergeant dans les banlieues américaines ou même dans les rangs des forces armées.

Alors que la radicalisation sur Internet a été reconnue comme une menace permanente ces dernières années – une poignée d’adolescents américains ont été accusés de crimes liés à l’extrémisme en ligne – la nature internationale de la radicalisation est beaucoup moins appréciée.

Selon certaines estimations, FKD ne compte que 100 membres. Mais à une époque où le terrorisme et la violence de masse sont de plus en plus perpétrés par des loups solitaires en colère, le groupe marque une évolution dangereuse dans un réseau mondial croissant de groupes conspirant de l’ombre pour recruter des partisans avec une formation. en petits groupes.

« FKD est particulièrement alarmant en ce moment car il est tellement décentralisé et n’a vraiment de présence que dans les forums en ligne », a déclaré Iris Malone, co-fondatrice du projet Mapping Militants et conseillère du Department of Homeland Security. « Il n’y a pas un seul point de vulnérabilité où vous pouvez les éliminer. Ils auront plusieurs canaux sur Telegram ou d’autres services en ligne où ils pourront communiquer entre eux et ils créeront délibérément des canaux redondants.

Aux États-Unis, le FBI et d’autres forces de l’ordre ont découvert ces dernières années de nombreux liens avec la communauté en ligne, notamment un soldat de l’armée américaine condamné à deux ans de prison pour avoir diffusé sur les réseaux sociaux des informations sur la création d’une bombe et le chimique. napalm.

Il s’agit d’un réseau beaucoup plus décentralisé par rapport à des groupes de coordination plus importants tels que Atomwaffen, maintenant connu sous le nom d’Ordre national-socialiste. « Atomwaffen, à l’origine lors de sa création, avait des membres en Floride ou des succursales à Washington », a déclaré Malone. « Le fait d’avoir une organisation physique ou une adresse physique permet aux forces de l’ordre d’intervenir et d’arrêter ou d’éliminer ces groupes. »

Mais ce qui est peut-être le plus troublant dans la dernière version, c’est sa forte dépendance à l’égard des adolescents excentriques.

« L’une des principales caractéristiques de la division Feuerkrieg est l’âge moyen de ses membres, pour la plupart des mineurs, à partir de 15 ans », a conclu une étude de 2021 de l’Observatoire international d’études sur le terrorisme à Madrid, en Espagne.

L’analyse a également conclu que « le groupe terroriste de la division Feuerkrieg recrute à nouveau après avoir été dissous ».

Malone a expliqué que le recrutement en ligne le rend particulièrement difficile aux États-Unis, où le FKD n’est pas classé comme une organisation terroriste et où les autorités sont souvent confrontées à des demandes concurrentes pour surveiller les activités en ligne potentiellement dangereuses sans violer les libertés civiles.

« Je pense simplement que le gouvernement ne maîtrise pas encore bien l’extrémisme en ligne en raison des problèmes de liberté d’expression et d’accès aux médias sociaux », a-t-elle déclaré.

‘Je ne te veux aucun mal’

UNEBoror View High School dans la communauté Centennial Hills de Las Vegas ressemble à un campus d’école publique de banlieue américain ordinaire dans un quartier diversifié de la classe moyenne.

Près des tables de la cour vandalisées avec des graffitis sexuellement explicites, l’entrée principale est encadrée par une grande fresque représentant le leader des droits civiques, le Dr. Martin Luther King jr. est cité comme disant: « Il y a toujours un temps pour faire ce à quoi vous êtes habitué. »

Mais alors que les personnes de couleur représentent près de la moitié du corps étudiant, l’école a également une histoire de tensions raciales.

« Il y avait de la diversité là-bas, mais il était encore très clair dans certaines situations les divisions et les tensions entre les différents milieux culturels », se souvient Humes, qui est noir.

En 2019, deux étudiants ont été arrêtés et un autre cité après avoir ciblé des étudiants noirs avec des commentaires racistes sur Instagram et menacé de les agresser. Un article disait « Dieu ne voit que ces n-ers [infuriates] moi. Je veux juste aller à Columbine … mais seulement tuer les f-king n-ers ‘, en référence à la fusillade de masse de 1999 dans un lycée du Colorado.

Le propre parcours de Climo dans l’activisme a été révélé en 2016, lorsqu’il a travaillé comme agent de sécurité.

Dans une station de nouvelles locale, il a patrouillé dans son quartier vêtu d’un gilet pare-balles et portant un fusil automatique AR-15 et quatre chargeurs – chacun contenant 30 cartouches.

« Je suis à peu près dans les limites constitutionnelles à ce sujet », a-t-il déclaré, exhortant une famille de voisins en fuite, « je ne veux pas de mal ». »