Vous mangez de plus en plus de saucisses et ça inquiète beaucoup les économistes

Parmi les signes avant-coureurs d’une période un peu compliquée, on connaissait les pluies de grenouilles ou les nuées de sauterelles. Il faut désormais y ajouter l’engouement pour les saucisses. Les économistes s’inquiètent en effet de notre passion pour ce mets qui, comme nous l’explique un article de Futurism, illustre un ralentissement de l’économie.

Dans un rapport sur les perspectives de l’industrie manufacturière du Texas, publié le 26 août par la banque de la Réserve fédérale de Dallas, des économistes se disent en effet préoccupés par une augmentation significative de la demande de saucisses. Observé récemment dans l’État du Sud des États-Unis, ce phénomène est selon eux le signe d’une possible récession économique. En effet, les consommateurs semblent se tourner vers cette alternative protéinée moins coûteuse, délaissant les morceaux de viande plus onéreux, dans un effort de boucler des budgets alimentaires de plus en plus serrés.

«Avec l’affaiblissement de l’économie, nous observons une croissance modeste dans notre catégorie de saucisses de table, note très sérieusement un enquêteur qui a contribué au rapport. Cette catégorie a tendance à croître lorsque l’économie faiblit, car la saucisse est un bon substitut aux protéines plus chères et permet d’“étirer” les budgets alimentaires des consommateurs.»

Au niveau microéconomique, on considère la saucisse comme un «bien inférieur», qui, à la différence d’un «bien normal», voit sa demande baisser avec l’augmentation du revenu. La saucisse serait donc, dans cette hypothèse, un substitut aux viandes non transformées que le consommateur consomme de plus en plus lorsque son revenu augmente. S’il achète de plus en plus de saucisses, c’est qu’il anticipe des difficultés économiques. Appelons ça «l’indice saucisse».

Des paniers toujours trop chers

Comme souvent dans les débats économiques, le problème dépasse le cas de la saucisse. Dans un article du média américain CNBC du 1^er mai 2024, on apprend que les grandes chaînes de restauration rapide telles que Starbucks, Pizza Hut ou KFC connaissent une contraction de leur clientèle. L’inflation impose des arbitrages et ceux-ci remodèlent les menus des consommateurs américains (qui préfèrent manifestement les saucisses).

Ce phénomène prend encore davantage de sens dans un contexte où l’inflation est en train de ralentir aux États-Unis au point d’atteindre un niveau jugé «sain». Malgré ce refroidissement général, la perception des consommateurs sur les prix alimentaires est encore très haute –trop haute pour ne pas chercher les nombres les plus bas dans les rayons. Les chiffres macro peuvent être encourageants, mais «l’indice saucisse» est têtu et témoigne de l’inquiétude encore très forte des consommateurs.

Cette passion accrue pour la saucisse ne serait donc pas une bonne nouvelle pour l’économie conditionnée par la confiance des consommateurs et encore moins pour la santé des Américains. Si ces saucisses représentent une alternative moins chère aux viandes non transformées, il y a bien une raison. On préfèrerait que la réponse à un coût trop élevé de la viande soit une offre accrue de produits sans viande plutôt que des substituts de qualité moindre.

Néanmoins, ne vous attachez pas trop à cet «indice saucisse», malgré la symbolique forte de cette préparation dans les débats environnementaux actuels. Tout indique en effet que le monde est en train de devenir vegan: c’est en tout cas ce que prévoit ChatGPT (on ne sait pas ce qu’il vous faut de plus). Peut-être que nos petits-enfants ne sauront même pas ce qu’est une saucisse. Bon courage pour leur expliquer.