Vous avez en vous de l'ADN néandertalien et dénisovien, et ça affecte votre apparence physique

L’évolution pourrait être une chose simple: Homo sapiens est, à ce jour, le bout d’une branche qui a un temps poussé aux côtés d’autres branches aujourd’hui disparues. Sauf que tout ne s’est pas passé comme prévu, et quelques rapprochements entre cousins (qu’on tentera de ne pas juger) ont conduit à des hybridations qui, comme l’explique un article du site IFLScience, ont eu une influence sur notre ADN. Vous avez en vous quelque chose de pas bien sapiens, et c’est tout à fait normal.

Il est désormais admis que nous portons en nous le reliquats de croisements entre les hominidés différents qui ont pu coexister sur Terre à une période donnée. Les individus non-Africains auraient hérité environ 2% de leur génome des Néandertaliens. Quant aux descendants d’Aborigènes australiens et de Mélanésiens en Océanie, 2 à 5% de leur génome provient de celui des dénisoviens. Dans un article à paraître dans Curent Opinion in Genetics & Development, Debashree Tagore et Joshua M. Akey listent les conséquences de ces hybridations entre les différentes branches du genre Homo.

Les chercheurs estiment ainsi que la longueur de notre nez est potentiellement influencée par notre héritage néandertalien. Certaines légendes circulent sur les grands nez: la seule considération scientifique que cela doit inspirer, c’est que cela trahit peut-être un audacieux rapprochement dans l’arbre généalogique de leurs propriétaires. En revanche, les éventuelles composantes dénisoviennes de notre génome peuvent contribuer à réduire la largeur de nos lèvres.

Mais cette influence extérieure ne se limite pas à quelques traits: l’étude estime que les gènes néandertaliens ont pu modifier notre rythme circadien et nous inciter à nous lever plus tôt le matin. Dans les populations dotées de gènes dénisoviens, ces derniers ont une influence sur la capacité à survivre à des hautes altitudes en modifiant le taux d’hémoglobine dans le sang. En revanche, ce même héritage génétique semble encourager le diabète de type 2 et les maladies coronariennes, d’après une étude menée sur des Japonais.

Des lieux de rencontre pour Homo sapiens curieux

L’homme de Néandertal et l’homme de Denisova avaient des ancêtres communs il y a 450.000 ans, et un ancêtre commun avec Homo sapiens il y a 600.000 ans. Tout ce petit monde a donc cohabité jusqu’à 50.000 ans avant notre ère, date avérée de la disparition des Dénisoviens. C’est à cette période qu’on estime l’hybridation à divers endroits du monde entre Néandertaliens et Homo sapiens. Dans l’affaire, on leur a transmis l’herpès. Bien fait.

Si nos relations avec les Néandertaliens ont été multiples et avancées, on compte désormais trois épisodes distincts qui ont permis à Homo sapiens de récupérer du matériel génétique dénisovien lors d’escapades en Sibérie. L’ouverture d’esprit des occupants de la grotte de Denisova n’est plus à démontrer: la découverte en 2018 d’un fragment osseux ayant appartenu à une jeune fille il y a 90.000 ans a permis de déterminer qu’elle était née d’un père dénisovien et d’une mère néandertalienne.

Les différentes branches du genre Homo ne sont donc pas si étanches que ça et on est tous une grande famille, à l’exception peut-être de l’homme de Florès, du nom de l’île indonésienne où il a été découvert en 2003. Manifestement, ce petit bonhomme (entre 1 mètre et 1,10 mètre) n’a pas donné envie d’hybrider quoi que ce soit avec Homo sapiens, qu’il a pourtant croisé il y a 60.000 ans. Ils ont disparu peu après l’arrivée de ces grands gaillards, signe que la cohabitation n’a peut être pas été très paisible avec ce cousin, certes plus éloigné.

Il peut-être étonnant à notre époque d’envisager ce que le terme «hybridation» recouvre dans les faits. Citons le cas de cet ancêtre commun aux Néandertaliens et aux Dénisoviens qui a mélangé ses gènes il y a 700.000 ans (on ne veut pas savoir comment) avec une population d’hominidés qualifiés de «super-archaïques» par les chercheurs. Rappelons néanmoins que sans ces audacieuses expérimentations, nous aurions aujourd’hui tous le même nez et on se lèverait plus tard. Finalement, c’est très bien comme ça.