«J’adore le corps, dans 20-30 ans, y en aura plus.»
Jusqu’ici, on avait «l’âge de ses artères». Désormais, on pourra avoir quelques heures en plus. Le mythe du cerveau qui continue à fonctionner à plein régime une fois désolidarisé de son corps est en train de prendre forme, grâce à une expérimentation porcine incroyable et un peu dérangeante, expliquée dans un article du site Futurism.
Des chercheurs de l’École médicale du Sud-Ouest de l’université du Texas à Dallas ont mis au point un dispositif permettant d’alimenter un cerveau de cochon pendant plusieurs heures. Le cerveau de l’animal a pu rester actif et «vivant» grâce à une perfusion artificielle précisément paramétrée pour se substituer aux artères sectionnées du porc.
Dans un article publié dans la revue Scientific Reports, l’équipe du neurologue Juan Pascual décrit le dispositif qui a permis cette prouesse. Le «contrôle circulatoire pulsatile extracorporel» (EPCC, pour «extracorporeal pulsatile circulatory control») permet comme son nom l’indique de perfuser un cerveau de manière artificielle et de le maintenir en activité. La pression artérielle, le débit et le rythme des pulsations sont maintenus par un programme informatique.
Ce dispositif permet d’assurer l’oxygénation et la température nécessaires au fonctionnement du cerveau. Des mesures d’électrocorticographie (mesurant l’activité neuronale) ont été relevées. Les variations de l’encéphalogramme en fonction des ajustements de la pression ont permis de montrer une activité fonctionnelle du cerveau.
Débrancher le cerveau le temps d’un pontage
L’objectif de ces expérimentations est de permettre de mesurer l’activité cérébrale indépendamment de tout le reste du corps, par exemple pour connaître l’impact du sucre sur le cerveau. Les chercheurs pourront ainsi l’étudier «toutes choses égales par ailleurs» et mieux en comprendre le fonctionnement, sans être troublé par tous ces organes qui n’apportent que de la confusion.
Cette manœuvre permet donc d’étudier le cerveau, mais aussi de lui faire croire que tout va bien quand on intervient lourdement sur le système vasculaire. Une opération de chirurgie cardiaque serait rendue moins stressante si l’on pouvait, pendant quelques heures, brancher le cerveau sur une machine parfaitement réglée pour le maintenir en activité (voire lui diffuser de la musique lounge).
Ces expériences ne sont pas inédites et l’article publié par Juan Pascual et son équipe évoque des tentatives de perfusions artificielles depuis les années 1960 sur des singes ou des chiens, sans succès probant. Cela n’a pas empêché la fiction d’imaginer ces cerveaux autonomes: on pense par exemple à la nouvelle Le Cerveau du nabab (Donovan’s Brain en anglais) de Curt Siodmak et bien sûr à la tête de Richard Nixon dans un bocal dans la série télévisée d’animation Futurama.
Richard Nixon’s 🇺🇸 head once became ‘President of Earth’ in an episode of “Futurama”#POTUS 😂 pic.twitter.com/HY8uz7mwG0
— Presidential Wisdom (@PrezWisdom) November 23, 2022
On notera que l’article de recherche mentionne qu’il a eu le feu vert du comité local d’éthique en expérimentation animale, mais n’évoque à aucun moment les questions éthiques soulevées par ce genre de pratiques scientifiques. On espère qu’il y aura une réunion à ce sujet avant de refaire fonctionner le cerveau de Richard Nixon, parce qu’on n’est pas sûr d’être tout à fait à l’aise avec ce projet.
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