Disponible sur la plateforme Steam, il a été bloqué au Royaume-Uni à la demande de la police antiterroriste sur internet.
Certaines personnes ont décidément trop de temps libre. Fursan al-Aqsa: Les Chevaliers de la mosquée al-Aqsa est un jeu vidéo initialement sorti en 2022, qui propose d’incarner des combattants du Hamas. Si vous avez déjà joué à des jeux de tir en vue subjective (FPS) en multijoueur, vous savez que vous pouvez y incarner des combattants de toutes origines: Alliés ou nazis, terroristes ou antiterroristes. Dans cette optique, incarner un membre du Hamas, bien que ce soit de très mauvais goût, aurait encore pu passer. Sauf que l’actualité s’en est mêlée et que le jeu a bénéficié ce mois-ci d’une mise à jour permettant de recréer les attaques du 7 octobre 2023, lors desquelles au moins 1.200 personnes ont été tuées ou enlevées du côté israélien.
Bien que le nom «Hamas» n’apparaisse pas, les bandeaux portés par les combattants, le nom de l’opération et la présence de parapentes motorisés laissent peu de place au doute. Valve Corporation, la société qui gère la plateforme Steam où le jeu est disponible, a été contrainte de le bloquer au Royaume-Uni à la demande de l’unité numérique de la police antiterroriste britannique, raconte le site d’investigation américain 404 Media.
La Counter-Terrorism Internet Referral Unit dépend de la police métropolitaine de Londres. Elle est notamment chargée de faire supprimer les «contenus extrémistes en ligne» par les plateformes. Entre 2010 et 2018, elle aurait fait supprimer 310.000 contenus extrémistes en ligne depuis sa création, souvent après des signalement du public.
«J’ai joué à Fursan al-Aqsa, simplement comme un jeu normal, c’est nul, juge quant à lui Emanuel Maiberg, journaliste pour 404 Media. J’ai l’impression que Nidal Nijm [le développeur du jeu, ndlr] a acheté des ressources sur un marché de modèles 3D, y a ajouté des drapeaux israéliens et a construit quelques niveaux simples et sans intérêt dans lesquels les joueurs peuvent tirer et se frayer un chemin. Il s’agit d’un jeu de tir fonctionnel au niveau le plus basique. Mais il ne fait rien de nouveau ou d’intéressant et ressemble à la forme la plus basse de shovelware, dont Steam regorge.» Autrement dit, ce très mauvais jeu ne serait qu’un coup publicitaire, cherchant à surfer sur la tragédie qui se déroule au Proche-Orient pour gagner de l’argent.
«Deux poids, deux mesures»?
Son créateur, Brésilien d’origine palestinienne, affirme cependant y voir un acte militant et blâme la décision des autorités britanniques. «Selon leur logique erronée, le dernier Call of Duty: Black Ops 6 devrait également être interdit, se défend Nidal Nijm. Vous y incarnez un soldat américain et vous allez en Irak pour tuer des Irakiens. Ce que je peux dire, c’est que nous voyons clairement qu’il y a deux poids, deux mesures.»
Aussi problématique que soit le jeu de tir de Nidal Nijm, sa comparaison avec Call of Duty n’est pas anodine et traduit un ressenti croissant partagé par de nombreuses personnes depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza. Dans cette série de jeux vidéo, on peut en effet massacrer des personnages non-joueurs (NPC), souvent arabes ou russes, sans soulever de vague d’indignation.
Interrogé sur la présence d’une cinématique montrant des combattants du Hamas exécutant des soldats israéliens, tout en pénalisant les joueurs qui tueraient des ennemis non armés dans le jeu, Nidal Nijm s’explique. «J’ai créé cette cinématique uniquement pour “provoquer” les sionistes et les énerver, mais aussi pour soulever la question de ce que signifie réellement la liberté d’expression. Pourquoi tout le monde a accepté la mission controversée “No Russian” dans Call of Duty: Modern Warfare 2, mais ne peut pas tolérer mon jeu?»
Le développeur évoque ici une mission de la célèbre franchise de jeux de tir, qui avait fait polémique lors de sa sortie en 2009 et dans laquelle le joueur participait à une attaque terroriste meurtrière dans un aéroport russe. Contrairement à ce qu’affirme Nidal Nijm, la mission, qui avait fuité avant la sortie officielle du jeu, avait suscité un tel tollé qu’elle avait été supprimée de la version russe du jeu. En Allemagne et au Japon, elle avait été modifiée et censurée pour faire en sorte que le joueur soit pénalisé s’il tirait sur des civils.
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