La perspective de nouvelles sanctions contre le commerce russe des diamants pèse sur le port de Surat, dans l’Etat indien du Gujarat, plate-forme de négociants en diamants déjà ébranlée par un effondrement de l’offre et de la demande.
A mille lieues des bijouteries glamour de New York, Tokyo ou Paris, des centaines de milliers d’artisans travaillent, transpirent le front, broient des pierres précieuses dans les quelque 4 000 ateliers de Surat avant de confectionner des bijoux étincelants.
Au total, près d’un million de personnes, commerçants et fournisseurs compris, travaillent dans cette industrie au Gujurat. Environ 90 % des diamants du monde sont taillés et polis dans ce port de l’État le plus à l’ouest de l’Inde.
Les géants miniers russes, dont Alrosa, fournissaient traditionnellement plus d’un tiers des diamants bruts polis de l’Inde, mais l’offre a diminué en raison des sanctions occidentales qui ont exclu la Russie du système bancaire international Swift. Dans le même temps, les exportations indiennes de diamants taillés et taillés se sont effondrées, les entreprises américaines et européennes refusant d’acheter des diamants à la Russie.
Le G7 veut s’attaquer au commerce des diamants russes
Le 19 mai, les dirigeants des pays du G7 réunis à Hiroshima réfléchissent à la manière de supprimer collectivement le commerce des diamants russes, qui représentent une manne de 4 à 5 milliards de dollars par an, notamment en recourant à des technologies de traçage de haute qualité. La Grande-Bretagne est allée plus loin en annonçant qu’elle interdirait complètement les diamants russes.
Huit travailleurs se sont suicidés au cours des 15 derniers jours.
Selon Rameshbhai Zilriya, président du Diamond Workers Union Gujarat, de nouvelles sanctions sonneraient le glas de l’industrie. « Les travailleurs souffrent déjà de problèmes d’approvisionnement en Russie et d’une baisse de la demande. De nombreux emplois ont été perdus et cela ne fera qu’aggraver le problème », a-t-il déclaré à l’AFP. « Huit travailleurs se sont suicidés au cours des 15 derniers jours. La situation ne peut qu’empirer », a-t-il ajouté.
La Russie est un allié stratégique de l’Inde depuis des décennies et New Delhi n’a pas condamné Moscou depuis le début de la guerre en Ukraine.
1,32 milliard de dollars en avril
Mais les plus gros acheteurs de l’industrie du diamant sont des entreprises occidentales liées par des régimes de sanctions. Selon les commerçants, les sociétés Signet, Tiffany & Co, Chopard ou encore Pandora refusent d’acheter des pierres russes.
Les exportations indiennes de diamants taillés et taillés ont rapporté 1,32 milliard de dollars en avril, selon les données du Gemstone and Jewellery Export Promotion Council (GJEPC), en baisse de 39 % à plus de 800 millions de dollars par rapport à la même période l’an dernier.
Selon le président du GJEPC, Vipul Shah, l’industrie prêtera attention au type de sanctions imposées aux diamants russes. « La Russie est l’un de nos principaux fournisseurs… L’approvisionnement sera serré, nous allons faire face à un gros problème », a-t-il déclaré. « Le sujet immédiat est celui de l’emploi, qui sera sérieusement touché. »
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