Il serait peut-être temps qu’on passe à autre chose pour le bien de la planète, mais il sera difficile de sortir de notre «ère glacière».
A priori, nous n’avons rien à reprocher à notre bon vieux réfrigérateur. Même si certains jugent qu’y mettre les tomates ruine leur goût, même si d’autres y stockent le saucisson ou les œufs comme des barbares, globalement, le frigo nous a apporté plus de bonnes choses que de mauvaises. (Les mauvaises étant des aliments avariés qui peuvent nous tuer.) Globalement, mais pas totalement. La réfrigération aurait engendré autant de problèmes qu’elle en a résolus, avance même un article du site Next Big Idea Club, repris par le magazine en ligne Fast Company.
L’environnement est notamment la première victime de notre goût pour le froid. L’énergie nécessaire pour maintenir notre beurre pas trop mou est une des causes majeures du dérèglement climatique et une transformation de fond doit être effectuée pour revoir notre système alimentaire, sans nous empoisonner pour autant. Un problème plus qu’épineux.
Vous vous y êtes habitués, mais le concept même de réfrigérateur est fascinant. Prenez une pomme, toute simple. Ce fruit «respire» et continue à le faire jusqu’à ce que vous le croquiez, ou jusqu’à ce qu’il se décompose. Ce processus de mort doit être ralenti et c’est le froid qui s’en charge. En refroidissant votre pomme, votre frigo ralentit aussi son métabolisme. Et on ne parle que de ce qui se trouve dans votre cuisine, mais en amont aussi il se passe des choses.
Dans les années 1920, des chercheurs britanniques sont parvenus à mettre des pommes en état de stase en les maintenant dans le froid, mais en modifiant aussi la composition de l’atmosphère dans laquelle elles se trouvent. Un siècle plus tard, en ajustant les niveaux de dioxyde de carbone ou d’oxygène de l’air environnant, certains fruits et légumes peuvent être stockés pendant un an en état de «sommeil» et sortis de leur hibernation pour être envoyés dans les rayons et finir dans votre assiette.
Ça jette un froid
Mais en maintenant frais –en tout cas visuellement– des produits qui ne le sont peut-être plus, la réfrigération est à l’origine d’énormément de gaspillage alimentaire dans nos sociétés contemporaines. Cette incertitude est en partie responsable du milliard de tonnes de nourriture jetée chaque année dans le monde, soit un tiers de la production annuelle mondiale. Repenser notre dépendance au froid pourrait permettre de moins gaspiller.
Alors que la banquise et les glaciers fondent, notre chaîne du froid, elle, continue de se développer à travers le monde. La quantité d’énergie nécessaire mais aussi les gaz utilisés font partie des grands responsables de l’intensification de l’effet de serre. Un phénomène naturel que l’activité humaine est venue renforcer et qui contribue grandement au réchauffement climatique.
Évidemment, la réfrigération est une bénédiction, mais repenser notre dépendance à ce système de conservation est sûrement devenu une obligation, sous peine de ne bientôt plus avoir de produits à récolter et à mettre au frigo. Gaspillage alimentaire, empreinte écologique de l’agriculture industrielle, directement connectée à cette chaîne du froid, et impact climatique: la planète ne s’en porterait que mieux. Très bien, mais après? On ressort le saloir? Le garde-manger extérieur?
Le froid, adopté massivement au XIXe siècle comme solution unique de conservation des aliments, pourrait aujourd’hui n’être qu’une des façons de les préserver… si on s’en donnait les moyens. Aujourd’hui, les budgets alloués à la recherche sur le sujet sont quasi inexistants, même si des alternatives existent déjà. On pense notamment au développement de revêtements capables de quadrupler la durée de conservation d’un fruit, exactement ce que fait un réfrigérateur. En attendant, pensez à sortir les tomates du bac à légumes, elles vont perdre en saveur.
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