Des outils de modélisation informatique avancée pourrait nous donner la réponse.
Avec plus de 1.200 tornades subies chaque année, les États-Unis obtiennent très largement la médaille d’or au classement des pays les plus touchés par ce phénomène climatique. À titre de comparaison, explique le média en ligne The Debrief, la deuxième place revient au Canada, qui en vit douze fois moins. Quant à l’Europe, même en ajoutant toutes les tornades qui affectent l’ensemble des pays qui la composent, on reste bien en dessous du chiffre américain.
Des chercheurs de l’université Purdue, dans l’État d’Indiana, ont travaillé sur ce stupéfiant déséquilibre: pourquoi diable les États-Unis sont-ils LE pays des tornades? Professeur agrégé qui exerce au département des sciences de la Terre, de l’atmosphère et des planètes, Daniel Chavas et ses collègues se sont penchés sur les facteurs qui pourraient expliquer cela. Leurs travaux ont été publiés le 18 juin dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences.
«Nous disposons d’hypothèses vieilles de plusieurs décennies sur les causes des tempêtes, déclare Daniel Chavas dans un communiqué de presse. Nous sommes en train de valider ces hypothèses et de déterminer ce qui fait de l’Amérique du Nord un point chaud.» Les scientifiques mettent particulièrement en avant la géographie assez unique du territoire américain, qui présente des conditions idéales à la formation des tornades.
«Aucun autre endroit au monde ne possède de grandes eaux chaudes du côté équatorial avec une large chaîne de montagnes s’étendant du nord au sud jusqu’à l’ouest», déclare Harold Brooks, qui travaille au National Severe Storms Laboratory («Laboratoire national des tempêtes sévères») de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA). «Toutes les autres régions sujettes aux tornades ont au moins une caractéristique sous-optimale», c’est-à-dire une caractéristique qui rend moins favorable la formation des tornades.
La reforestation, une clé?
Pour confirmer cette hypothèse, Daniel Chavas et ses collègues ont pu utiliser des outils de modélisation très puissants. «Nous utilisons des modèles météorologiques et climatiques, ainsi que de vastes bases de données sur les orages, les éclairs ou les données atmosphériques, pour nous demander: “Et si le monde était différent?”»
Ces outils leur permettent de procéder à des simulations en tous genres afin de tenter d’imaginer ce qui se produirait si le territoire américain était légèrement ou radicalement différent. «Nous pouvons utiliser ces modèles comme laboratoires pour poser des questions telles que: “Qu’arrive-t-il au temps si vous aplatissez les montagnes Rocheuses?” Et si vous remplissiez le golfe du Mexique? Quels aspects des configurations continentales et montagneuses modernes sont réellement importants?»
Particulièrement pointé du doigt, le golfe du Mexique a par exemple été supprimé virtuellement de la carte, juste pour voir. On pense en effet que l’air chaud et humide qui y transite entre en collision avec l’air plus frais et sec qui traverse les montagnes Rocheuses, ce qui donne naissance à des conditions météorologiques des plus houleuses. La conclusion a vraisemblablement surpris tout le monde: supprimer le golfe du Mexique (ce qui n’est évidemment par un projet concret) ne ferait que déplacer la localisation des tempêtes vers l’est et plus précisément des Grandes Plaines centrales vers l’Illinois.
L’équipe de Daniel Chavas a également étudié l’Amérique du Sud pour comprendre pourquoi ce continent était bien moins touché par les tornades. Il semblerait que les forêts denses de l’Amazonie et plus largement les zones les moins lisses situées à l’est des Andes tendent à empêcher la formation de ces phénomènes climatiques.
«Une surface rugueuse en amont signifie qu’en aval, le vent ne change plus de vitesse et de direction avec une hauteur très forte près de la surface, ce que nous appelons “cisaillement du vent”, déclare Daniel Chavas. Si nous voulons comprendre comment le changement climatique affectera le temps à l’avenir, nous devons d’abord comprendre comment le climat détermine la météo.»
Une fois cette compréhension améliorée, les scientifiques espèrent pouvoir formuler des propositions d’aménagements destinés à enrayer la prolifération des tornades sur le sol américain. Accélérer la reforestation dans l’est des États-Unis pourrait par exemple avoir un impact notable. Mais à quel degré? La recherche a encore beaucoup de travail à accomplir avant de pouvoir le déterminer.
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