Pour protester contre la perte du pouvoir, deux députés libanais dorment au parlement

Deux députés libanais ont dormi dans la salle de conférence et veulent poursuivre leur sit-in jusqu’à l’élection d’un président de la république. Le Liban est non seulement plongé dans la crise depuis le départ du général Aoun, mais n’a pas non plus de chef d’Etat.

Épée dans l’eau ou action d’estoc ? Deux députés libanais du mouvement de protestation d’octobre 2019 ont passé la nuit du 19 janvier au parlement pour protester contre la vacance de la présidence libanaise. En effet, l’écologiste Najat Saliba et l’ancien président de Beyrouth Melhem Khalaf veulent poursuivre leur sit-in dans la salle de conférence jusqu’à l’élection d’un président.

Outre la crise économique, le pays du cèdre n’a plus eu de chef d’État depuis la fin du mandat de Michel Aoun le 31 octobre. Néanmoins, les délégués se sont réunis pour la 11e fois le 19 janvier, mais comme lors des sessions précédentes, aucun candidat n’a obtenu les 86 voix nécessaires pour l’emporter.

Une crise politique est-elle permanente ?

Se filmant dans le bâtiment du parlement non éclairé, la députée Najat Saliba affirme avoir « dormi ici » et espère que son geste « apportera un nouvel espoir au Liban ». La vidéo a été largement diffusé sur les réseaux sociaux libanais.

Dans un message sur Twitter, le député Melhem Khalaf explique que « l’élection d’un président qui pourrait sauver le Liban est devenue urgente », ajoutant que cette initiative visait à contraindre ses collègues à tenir des séances ininterrompues pour élire un chef de l’Etat. Les deux élus ont été rejoints solidairement par leurs collègues Firas Hamdane et Cynthia Zarazir. Plusieurs militants se sont également rassemblés devant le parlement pour soutenir cette initiative.

Compte tenu des divisions des partis libanais traditionnels, l’élection d’un président est plus qu’incertaine. Le tandem chiite composé d’Amal et du Hezbollah semble avoir jeté son dévolu sur le candidat pro-syrien Sleiman Frangié au détriment de Gebran Bassil, leader du Courant patriotique libre (CPL). L’opposition, elle-même divisée, est indécise entre le candidat Michel Moawad ou un membre de la société civile.

Pour l’heure donc, rien n’est réglé, tant qu’aucun compromis n’est trouvé entre toutes les forces politiques nationales, régionales et même internationales. Avant l’élection du général Aoun en octobre 2016, le pays avait connu deux ans et demi de vide politique et 46 sessions électorales.