La droite française se prépare à des états généraux au début du mois de juin, après la longue bataille des retraites qui a fait du mal aux Républicains et à leur image. Ils comptent bien se relancer avec l’un de leurs thèmes favoris : l’immigration, au cœur d’un projet de loi du gouvernement. « Je pense que la réalité est bien connue des Français », assure Othman Nasrou. « C’est la réponse à une question simple : veut-on oui ou non reprendre la main, avoir la maîtrise sur les flux migratoires. Aujourd’hui, notre pays n’a pas la capacité de choisir qui il souhaite accueillir, il n’a pas la capacité de reconduire dans leur pays d’origine ceux qui n’ont rien à faire sur le territoire français, et ce n’est pas infamant que de dire cela. » Une manière de chasser sur le terrain du Rassemblement national ? Le premier secrétaire général délégué jure que non. « Le RN a beaucoup varié sur ces questions-là ; nous, nous proposons deux textes extrêmement construits, cohérents, que nous avions déjà défendus lors de la présidentielle avec Valérie Pécresse [ce qui lui a rapporté 4,78 % des voix au premier tour, NDLR]. Ces textes sont une solution qui est sur la table si Emmanuel Macron a sincèrement le souhait de reprendre la main sur les flux migratoires. S’il fait semblant comme depuis 2017, les masques vont tomber. » Certains Républicains osent même le terme de « submersion migratoire ». Othman Nasrou préfère évoquer « le sentiment que nous subissons ces flux migratoires, que nous ne les choisissons pas ». « Nous avons eu l’an dernier près de 500.000 entrées illégales, c’est un record absolu, sans que nous sachions comment on arrive à ce chiffre-là. » L’agence de contrôle aux frontières européennes Frontex ne le sait sans doute pas non plus, puisqu’elle évoque de son côté « 330.000 franchissements irréguliers » en 2022 sur l’ensemble des frontières extérieures de l’Union européenne. « Sur les demandeurs d’asile, ceux qui sont déboutés restent à 90 % en France », ajoute Othman Nasrou. Un chiffre déjà
évoqué, à tort, par Valérie Pécresse lors de la campagne présidentielle, notamment car il ne prend en compte les départs volontaires ou les régularisations postérieures. Le premier secrétaire général délégué de LR estime toutefois que « c’est une priorité de lutter contre cette immigration irrégulière ». « Nous avons de 800.000 à un million de personnes en situation irrégulière en France aujourd’hui. Est-ce que c’est acceptable, est-ce qu’on peut faire comme si de rien n’était ? Est-ce qu’il faut qu’on joue sur les mots, ou est-ce qu’il faut qu’enfin on reprenne la main ? »
