“On a l’impression qu’il découvre comment se passent les corrections”, réagit ce dimanche, sur franceinfo, la secrétaire générale du Snes-FSU, Sophie Venetitay, sévère après l’annonce du ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye, favorable à une notation plus sévère de l’orthographe au baccalauréat. “Un élève très mauvais en orthographe est de fait pénalisé dans la compréhension de son raisonnement”, avance la professeur en Sciences économiques et sociales. Si elle reconnaît des difficultés des élèves français, elle demande “du temps et des moyens pour travailler sur l’orthographe”. “Croire qu’on va résoudre le problème en enlevant deux points, c’est complètement illusoire.” Sophie Venetitay : C’est un peu plus compliqué que ça. Quand on écoute le ministre de l’Éducation nationale, on a un peu l’impression qu’il découvre comment se passent les corrections au baccalauréat. Tous les ans, on se pose cette question de la prise en compte ou non de l’orthographe, on en parle entre correcteurs et on demande à nos inspecteurs comment faire. La réponse est toujours la même : le raisonnement d’un élève très mauvais en orthographe est de toute façon plus compliqué à comprendre. De fait, il est donc déjà pénalisé. C’est une vraie question qu’il faut traiter en profondeur et pas par un coup de communication. Croire qu’on va résoudre le problème en enlevant deux points, c’est complètement illusoire. Ils en font un certain nombre, c’est une réalité. On a senti l’effet du confinement, de l’école à distance et de la réforme du collège en 2016, puisque nos élèves ont perdu des heures de Français. Au lycée, on est toujours en train de courir après le temps et on n’a pas la possibilité de se poser auprès de nos élèves les plus en difficultés. Aujourd’hui, ce qu’il nous manque, c’est les moyens et le temps pour travailler sur l’orthographe avec nos élèves pour aussi ouvrir leur appétit littéraire. Pap Ndiaye ne répond pas à ces questions-là. C’est très important de travailler l’orthographe et plus globalement les expressions écrite et orale. Dans leurs études supérieures ou dans leur vie professionnelle, les élèves seront amenés à écrire un certain nombre de choses. Quand on défend telle ou telle qualité d’enseignement, c’est aussi pour s’assurer que nos élèves soient les citoyens de demain et qu’ils maîtrisent absolument toutes les compétences pour cela. Savoir lire, savoir écrire, savoir décrypter le monde dans lequel ils vivent, ça nécessite du temps et des moyens pour travailler avec nos élèves. Aujourd’hui, les perspectives ne sont pas très bonnes. Cette année, le concours de recrutement des professeurs de français n’a pas fait le plein. Comment va-t-on travailler correctement cette discipline à la rentrée ? Cela renvoie à la question plus globale de l’état de l’Éducation nationale aujourd’hui.
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