Midterms aux États-Unis : une voix cruciale pour la fin du mandat de Biden (SUITE)

Les élections de mi-mandat établiront un nouveau rapport de force entre démocrates et républicains au Congrès, et fixeront les contours de la campagne présidentielle de 2024, avec une probable nouvelle candidature de Donald Trump.

Le 8 novembre, plus de 213 millions d’Américains étaient appelés à voter pour renouveler l’ensemble des 435 sièges de la Chambre des représentants, où les démocrates détenaient une faible majorité, ainsi qu’un tiers des sièges au Sénat (35 sur 100). La chambre haute est jusqu’à présent répartie à parts égales entre les deux partis. Cependant, le vice-président Kamala Harris, qui préside le Sénat, a donné le vote décisif au côté démocrate. Il y a aussi 36 gouvernorats en jeu, des élus locaux qui décident de la politique de leur État dans des matières aussi diverses que la santé, l’avortement ou la réglementation environnementale.

Les Midterms, élections qui ont lieu après deux ans au pouvoir du président des États-Unis, agissent presque comme un référendum de mi-mandat sur la politique du locataire de la Maison Blanche, qui subit très régulièrement un vote sanction.

Le résultat du vote déterminera la marge de manœuvre de l’administration Joe Biden jusqu’à la fin de son mandat : ​​un Congrès dominé par les républicains rendrait ainsi plus difficile la clôture du budget en fin d’année. Cela renforcerait également les espoirs des démocrates de faire avancer certaines législations, telles que le volet social du plan « Build Back Better », la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la protection de l’avortement à l’échelle nationale, un sujet qui traîne depuis la décision de la Cour suprême des États-Unis de remettent en question la décision Roe vs Wade de 1973, laissant de fait à chaque État le soin de légiférer sur le droit à l’avortement. Les démocrates ont également tenté d’axer leur campagne sur les questions sociales, notamment la défense de ce droit.

Mais l’une des questions qui ont dominé la campagne était l’état de l’économie du pays, en particulier l’inflation de plus de 8%, qui est apparue comme l’une des principales préoccupations des électeurs. Le mécontentement croissant du public face à la hausse des prix, notamment à la pompe et dans les rayons alimentaires, a fragilisé le camp présidentiel, qui peine à défendre les mesures en la matière. Joe Biden, qui a été élu à un programme de gauche en 2020, a dû revoir à la baisse ses ambitions car il ne disposait pas d’une majorité suffisante au Sénat. Cependant, il a réussi à obtenir un plan à grande échelle pour rénover les infrastructures du pays, ainsi qu’une annulation partielle des dettes des étudiants américains, qui font face à des frais de scolarité inabordables.

L’important soutien militaire et financier que les États-Unis ont apporté à Kiev depuis le début du conflit ukrainien pourrait être réduit en cas de victoire républicaine. La question a occupé le devant de la scène à Washington, le leader républicain de la Chambre Kevin McCarthy ayant notamment déclaré que son camp ne continuerait pas à délivrer un « chèque en blanc » à Kiev. Jake Sullivan, proche conseiller de Joe Biden, a effectué une visite surprise dans la capitale ukrainienne et a rencontré le président Volodymyr Zelensky et son secrétaire à la Défense Oleksii Reznikov pour exprimer le « soutien indéfectible » de Washington à l’opération militaire russe : « Nous obtenons des votes des deux côtés [démocrate et républicain] pour continuer », a-t-il ajouté pour lejour d’élection.

La bataille de 2024 en vue

Les résultats des élections donneront également le ton de la campagne présidentielle de 2024, notamment en ce qui concerne une éventuelle candidature de Donald Trump. Si les candidats désignés par l’ancien président républicain sont massivement élus au Congrès, l’aile du parti favorable à l’ancien président serait renforcée et le milliardaire pourrait rapidement annoncer sa candidature. Il a également indiqué le 7 novembre qu’il ferait une « très grande annonce » le 15 novembre depuis sa ville natale de Mar-a-Lago, en Floride. Les duels impliquant des candidats sélectionnés grâce à son soutien seront donc suivis de près.

« La démocratie est en danger », a prévenu Joe Biden pendant la campagne, n’hésitant pas à dramatiser les problèmes. Quant aux démocrates, des successeurs potentiels au président, qui aura 80 ans le 20 novembre, pourraient également émerger après les élections. Si l’actuel locataire de la Maison Blanche a fait part de son intention de se représenter en 2024, sa candidature est loin de faire l’unanimité dans son propre camp, notamment sur les interrogations sur sa capacité à exercer ses fonctions après des gaffes à répétition. En tout cas, la popularité du président sortant s’était encore détériorée en octobre, selon un sondage publié par CNN le 2 novembre, avec un taux d’approbation de 42% en novembre contre 46% en septembre et octobre. De plus, seulement 17% des Américains approuvent complètement leurs politiques, tandis que 47% les désapprouvent complètement.