Croyez-le ou non, la question se pose. Sérieux.
Le 14 janvier, le bombardement par l’armée russe d’un immeuble résidentiel à Dnipro, dans la périphérie de Kiev, a fait au moins 30 morts et a logiquement choqué le monde entier.
Bien sûr ce n’était pas une première. Comme en Syrie, la Russie est engagée depuis le début de la guerre dans une campagne de bombardements massifs (et de faible précision) de cibles civiles chez son voisin, notamment ses infrastructures énergétiques.
En l’espèce, selon les forces armées ukrainiennes, le missile en question était un Kh-22, un monstre dont la charge explosive pèse près d’une tonne, conçu à des fins navales et connu pour des anomalies qui, dans une zone civile densément peuplée, n’ont pas pardonné, et n’ont pas à pardonner.
Images horribles de Dnipro. La jeune fille est assise dans son appartement détruit au cinquième étage, attendant de l’aide. Lorsque les sauveteurs la descendent, elle attrape un jouet vert tendre et une guirlande dorée. Quel genre de personnes ose justifier cela ? pic.twitter.com/t68NNGmoQD
— Maria Avdeeva (@maria_avdv) 14 janvier 2023
#Ukraine #Dnipro des images impressionnantes de l’impact d’un missile RUS sur un immeuble de 9 étages.
Le sauvetage continue ce soir.
Estimation préliminaire : 5 tués, 32 blessés dont 7 enfants. pic.twitter.com/CbRR85ZDPz— Cédric Mas (@CedricMas) 14 janvier 2023
C’est le missile utilisé aujourd’hui contre un immeuble ordinaire à Dnipro. Masse de l’ogive 1 tonne (1000 kg, 2250 lbs) explosif à haut rendement RDX (hexogène). Conçu à l’origine dans les années 1960 pour attaquer les compagnies aériennes. Mais les Russes ont décidé de l’utiliser contre des civils. Voir ci-dessous: pic.twitter.com/A6iklN8CEV
— Andriy P. Zagorodnyuk (@Andriypzag) 14 janvier 2023
Certains parlent de terrorisme d’État. Et une drôle de question peut se poser : Kiev, qui possède déjà de vieux drones soviétiques à longue portée Tu-141 Strizh et qui ces derniers mois a mené des attaques plus en profondeur contre des cibles militaires sur le territoire russe, comme sur les bases aériennes d’Engels ou Dyagilevo, est-il capable de riposter, de frapper jusqu’à Moscou ?
S’il s’agit plus de fiction de guerre qu’autre chose, cette question est bien moins absurde qu’il n’y paraît. Le Pentagone hésite à envoyer des armes à longue portée en Ukraine, à commencer par la bombe de petit diamètre lancée au sol (GLSDB) ou l’ATACMS qu’il réclame depuis des mois. La raison est bien précise : si l’Amérique craint que les attaques de Kiev trop au-delà de ses frontières ne conduisent à une nouvelle escalade du conflit.
Une attaque de Kiev contre Moscou semble politiquement et « grande stratégie » impensable de toute façon. Bien que l’Ukraine concentre ses attaques sur des cibles militaires, légitimes dans le cadre d’un tel conflit, et bien que ses alliés aient donné le feu vert pour franchir sa frontière, elle risque de s’aliéner tout soutien occidental si elle s’approche trop près de la capitale russe.
Drone de Damoclès
Mais reste. Ne pas pouvoir ne signifie pas que vous ne pouvez pas ou ne pouvez pas y jouer. Il y a quelques semaines, le très malin chef du renseignement militaire ukrainien, Kyrylo Budanov, accordait une interview à la chaîne américaine ABC, dans laquelle il faisait sensation en expliquant notamment que Vladimir Poutine était en train de mourir.
« Poutine est en phase terminale. Il mourra avant la fin de la guerre et il y aura un transfert de pouvoir » – Kyrylo Budanov, chef ukrainien du renseignement militaire dans une interview avec @BrittClennett à partir de @ABC pic.twitter.com/L219NIHrhW
— Anton Gerashchenko (@Gerashchenko_en) 4 janvier 2023
Il a également expliqué, mais le sujet était moins abordé, que les attaques sur le sol russe par les forces ukrainiennes allaient se multiplier. Certains observateurs avisés ont alors remarqué que Budanov, dont la tâche principale est de faire avaler des serpents à son ennemi, avait assez astucieusement placé un écran dans son bureau, filmé par la chaîne américaine, montrant une carte.
Cette carte n’était autre que celle de Moscou. Un homme qui savait que chacune de ces images serait disséquée par les agences de renseignement ennemies, a donc soit effectué le « troll » le plus discrètement spectaculaire depuis le début du conflit, soit envoyé un message clair au Kremlin : voici notre prochaine cible.
Plan de Moscou dans le bureau de Budanov.
✨🔥💥 pic.twitter.com/oWTW3ZDQzd— MAKS 22🇺🇦 (@Maks_NAFO_FELLA) 31 décembre 2022
Deux autres détails montrent clairement que Moscou, à tort ou à raison, pourrait se mettre à trembler. Il y a quelques jours, l’armée russe a ostensiblement renforcé les défenses anti-aériennes autour de la capitale, notamment en y rapatriant des systèmes S-400.
Dans le même temps, la Russie a justifié ses propres attaques contre l’Ukraine au motif que son existence continuait de représenter une menace existentielle pour sa sécurité et qu’elle préparait une attaque contre Moscou.
La Russie a transféré les systèmes de défense aérienne S-400 à Moscou. Un complexe de stations radar actives a été aperçu entre l’île d’Elsyn et Sokilnyky. pic.twitter.com/wLxPmga8xI
— NOËL 🇪🇺 🇺🇦 (@NOELreports) 14 janvier 2023
⚡️ISW : Le Kremlin continue d’affirmer à tort que l’Ukraine représente une menace existentielle pour la Russie.
Le représentant de la Russie à l’ONU a répondu aux propositions ukrainiennes d’un sommet de paix le 1er janvier. 13 avec de fausses déclarations décrivant l’Ukraine comme un agresseur « sur le point d’attaquer Moscou ».
— L’indépendant de Kyiv (@KyivIndependent) 15 janvier 2023
Propagande claire. Ou non? Car depuis plusieurs mois l’Ukraine filtre aussi un peu de musique que les connaisseurs entendront sans doute. A travers la société Ukroboronprom, le pays travaille sur un drone kamikaze, explique-t-on, d’une portée théorique de 1 000 kilomètres et d’une charge utile de 75 kilos : c’est bien plus que la distance entre la frontière ukrainienne et Moscou.
L’objet serait presque prêt et aurait passé les tests finaux, « surtout dans les airs et contre les contre-mesures électroniques »a expliqué la porte-parole de la société, Nataliia Sad. « Le projet est à un tel stade qu’on ne peut malheureusement plus rentrer dans les détails »elle a ajouté.
D’autres observateurs notent que le Sokil-300, le premier vrai UAV ukrainien sur lequel travaille la société Luch Design Bureau depuis quelques années, serait une option plus réaliste – car techniquement plus mature – si l’Ukraine choisit d’étendre son rayon d’action. de ses attaques sur le territoire russe. Dans les deux cas, c’est sans doute une autre affaire de produire suffisamment pour menacer la capitale russe.
L’épée de Damoclès sur Moscou, à ce stade, est sans doute un fantasme ou une volonté de mettre le Kremlin sur la défensive et de fomenter un retour de flamme symbolique.
Mais l’armée ukrainienne, habituée aux « coups » spectaculaires lorsque les défenses anti-aériennes de l’ennemi russe multipliaient les trous dans le bruit, on peut néanmoins s’attendre à ce qu’elle se rapproche toujours plus du cœur de son ennemi dans les mois à venir.
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