Quatre ans jour pour jour après la terrible explosion du port de Beyrouth, les Libanais attendent toujours que la justice fasse la lumière sur les causes de cette catastrophe. Or, en raison des pressions, le juge d’instruction Tarek Bitar n’arrive pas à auditionner certains responsables politiques.
C’est une date que les Libanais ne sont pas prêts d’oublier. Le 4 août 2020 aux alentours de 18h, une double explosion dans l’enceinte du port de Beyrouth ravagea de nombreux quartiers de la capitale libanaise, faisant plus de 235 morts et 6500 blessés. Quatre ans après cette terrible catastrophe, la justice libanaise est toujours à la peine pour faire la lumière sur cette affaire.
Les Beyrouthins se rassemblent en ce triste anniversaire pour demander des réparations et connaître les causes de l’explosion. L’enquête est toujours bloquée par des pressions politiques systématiques et des menaces contre le juge d’instruction Tarek Bitar.
En effet, l’ancien chef du parquet de cassation avait provoqué un gel des investigations, en interdisant aux services de sécurité de se conformer aux instructions de Tarek Bitar, empêchant ainsi ce dernier de notifier convocations et mandats d’arrêt aux personnes mises en cause dans l’affaire, parmi lesquelles figurent notamment des responsables politiques, nous apprend un article de L’Orient Le Jour.
Menaces et affrontements
En août 2022, le leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait exigé que le juge Bitar se retire de l’affaire sur l’explosion du port de Beyrouth. Le secrétaire général du parti pro-iranien avait aussi accusé le magistrat d’être à la solde des Américains pour s’en prendre au parti et de ne pas être neutre.
Wafiq Safa, le chef de l’appareil sécuritaire du Hezbollah avait transmis par message un ultimatum au juge Bitar, en septembre 2021. «Nous en avons assez de toi. Nous irons jusqu’au bout avec les moyens légaux, et si cela ne fonctionne pas, nous allons te déboulonner», avait-il averti.
Alors que le juge devait auditionner plusieurs députés ou ministres proches du Hezbollah, l’organisation pro-iranienne avec Amal et le parti chrétien Marada sont massivement descendus dans les rues de Beyrouth le 14 octobre 2021, pour manifester devant le palais de Justice.
Pendant plusieurs heures, la capitale libanaise tutoyait ses vieux démons. La ville était le théâtre d’affrontements sanglants entre milices interposées, faisant 7 morts et une trentaine de blessés.
Stockage de nitrate d’ammonium
Comme le rapporte le document de 127 pages d’Human Right Watch «They killed us from the Inside : An Investigation into the August 4 Beirut Blast» (en français : «Ils nous ont tués de l’intérieur : une enquête sur l’explosion du 4 août 2021 à Beyrouth»), cette cargaison de nitrate d’ammonium était stockée dans le port depuis 2013.
Parti de Batoumi en Géorgie pour rejoindre Beira au Mozambique, le cargo Rhodus, battant pavillon moldave et propriété de l’homme d’affaires russe Igor Gretchouchkine, finit par stationner dans les eaux du port de Beyrouth. À son bord, pas moins de 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium qui seront finalement saisies et placées dans le hangar numéro 12.
Le rapport d’enquête de l’organisation internationale nous apprend également que plusieurs dirigeants libanais, dont l’ancien président, Michel Aoun, l’ancien premier ministre, Hassan Diab, ainsi que des ministres du gouvernement et des hauts responsables sécuritaires, étaient informés des risques de stockage d’une telle quantité de nitrate d’ammonium.
Outre le rôle du Hezbollah, le dossier met donc également en exergue la responsabilité d’une grande partie des élites libanaises au pouvoir.
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