Bienvenue en 2023.
Analyser les paroles des chefs d’entreprise pour déterminer dans quel état ils sont: tel est le dernier outil en vogue utilisé par certains riches financiers avant d’investir le moindre dollar dans une société ou de renouveler leur confiance en direction d’un responsable déjà en place.
C’est ce que révèle Futurism, qui reprend une information du Financial Times. L’idée est tout simplement de voir clair dans le jeu de ces patrons, afin de connaître leur véritable état d’esprit et leurs intentions. Cela les rend plus prévisibles, d’où des investissements potentiellement plus sereins.
L’entreprise Speech Craft Analytics développe des algorithmes basés sur le décryptage du discours: ils en analysent la vitesse, le volume, le rythme. N’importe quel trémolo dans la voix, n’importe quelle pause coupable dans une phrase et la machine peut s’emballer, estimant que tel interlocuteur ne joue pas franc-jeu ou que tel autre n’est pas loin de craquer. Même les tics de langage y passent, y compris les scories telles que les «euh».
Laissez les patrons tranquilles
«L’idée est que l’audio capte bien plus de choses qu’un simple texte», explique Mike Chen, un des responsables de Robeco, société néerlandaise de gestion d’actifs qui utilise ce genre d’outil depuis le début de l’année 2023. «Même une machine d’analyse sémantique sophistiquée ne s’intéresse qu’à la sémantique.»
Le dispositif ne fait pas l’unanimité, y compris chez ceux qui ont très envie de l’utiliser. En réaction à son émergence, certains patrons auraient déjà retravaillé leur façon de s’exprimer et le contenu de leurs discours, afin de ne rien laisser paraître, à la manière de criminels qui s’entraîneraient à lutter contre le détecteur de mensonges. Une méthode qui semble fonctionner.
En outre, si l’outil est apparemment performant lorsqu’il s’agit d’étudier le discours d’un individu en poste depuis suffisamment longtemps pour que plusieurs enregistrements audio passés aient pu être analysés, il serait bien moins efficace pour scanner les émotions d’un nouvel arrivant, faute de pouvoir comparer avec la façon dont il s’exprimait auparavant.
La fonctionnalité est donc encore perfectible: elle est susceptible de se laisser berner par des personnes ayant compris comment adapter leur discours et elle fonctionne encore mal sur les nouveaux venus. Ce qui n’empêche pas un nombre croissant de cabinets et de fonds d’investissement d’y avoir recours, en espérant que des mises à jour prochaines permettent d’affiner les compétences d’un tel outil.
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