Pas au début. A priori…
La vie des marchés de l’énergie n’est certainement pas un long fleuve tranquille, surtout en temps de guerre et lorsqu’elle est menée par l’un des plus grands fournisseurs mondiaux de gaz, de pétrole et de leurs dérivés.
Malgré des coûts exorbitants estimés à 1 000 milliards d’euros, malgré de grandes difficultés pour les particuliers comme pour les entreprises et les industries, l’Europe a jusqu’à présent échappé au pire hiver qui s’annonçait terrible. Quant à Vladimir Poutine, qui avait fait de l’énergie l’une des principales armes de sa guerre contre l’Ukraine et ses alliés, il semble avoir largement perdu son pari.
Mais ça ne s’arrêtera pas là. Le 5 février, une nouvelle sanction massive devrait entrer en vigueur contre Moscou qui, après le «prix maximalimposée au pétrole de l’Oural, portera cette fois sur le diesel, l’un de ses dérivés raffinés dont le monde, ses habitations, ses voitures et ses industries dépendent fortement.
C’est justement cette importance du diesel dans le quotidien des Européens et leurs économies qui inquiète les spécialistes, explique Bloomberg. Jusqu’à présent, la Russie est le plus grand fournisseur externe de diesel de l’Union européenne (UE), avec 600 000 barils par jour selon les chiffres de Bloomberg, ou 220 millions par an selon Time.
C’est une quantité colossale qu’il faudra remplacer d’une manière ou d’une autre et dont la disparition du marché pourrait provoquer de fortes tensions sur les prix – en France, notamment à cause de la fin de la ristourne décidée par le gouvernement, ses ils sont déjà émergeant aux pompes.
Flux et reflux
Mais pas de panique : selon les experts interrogés par Bloomberg, le marché mondial devrait pouvoir absorber ces bouleversements. « La perte de barils russes est énorme et leur remplacement sera un énorme défi »estime Keshav Lohiya, de la firme Oilytics. « Mais le marché ne montre aucun signe de panique et les flux commerciaux ont prouvé leur résilience. Il y aura de nouvelles routes pour le diesel.
Avant l’entrée en vigueur des sanctions, les Européens se sont rués sur le diesel russe pour constituer des stocks importants en vue d’un éventuel choc des prix. Cependant, ils pourront a priori compter sur d’autres fournisseurs : les pays les mieux placés du Moyen-Orient, l’Inde, les Etats-Unis ou la Chine, dont la production de diesel dépasse la demande interne, seront heureux de trouver d’autres clients.
En revanche, signe de la complexité engendrée par les sanctions imposées à une nation dans une économie mondialisée, une partie du diesel importé par l’Europe pourrait provenir à terme du pétrole russe, par exemple importé par l’Inde, raffiné puis réexpédié vers l’Europe.
Le diesel en provenance de Chine, dont les exportations sont déjà en hausse, pourrait approvisionner les marchés asiatiques voisins et libérer des flux vers l’Europe ou le reste du monde. Au moins si ça ne change pas de ligne : « C’est une question de politique chinoiseprévient Mark Williams, analyste pour Wood Mackenzie Ltd interviewé par Time. Le pays détient la clé de tous les excédents de raffinage du monde.
Comme l’explique le document, la Turquie pourrait également jouer le rôle important de tampon. N’étant pas membre de l’UE, elle pourrait décider d’importer massivement le surplus de diesel russe et d’exporter ses propres produits raffinés vers l’Europe. Un jeu insensé, mais une solution possible pour adoucir le coup. Une économie mondiale qui a commencé à ralentir ou même à flirter avec la récession dans certains pays, comme les États-Unis, menace également de réduire la demande de diesel, atténuant la pression sur les prix du marché.
Cependant, tout n’est pas rose partout. Le marché devrait absorber les sanctions sur le diesel russe, mais il faudra probablement attendre quelques mois pour que les choses reviennent à la normale et que les flux se réorganisent, comme ce fut le cas pour le pétrole.
Si le diesel vient de plus loin ou fait des allers-retours entre la Russie, sa raffinerie et ses clients finaux, les prix devraient en pâtir. Le retour de températures beaucoup plus froides pourrait également relancer la demande, notamment de mazout, compliquant quelque peu la situation.
Le cas de la France est aussi particulier. Lors de la réforme des retraites, certains syndicats ont appelé à des grèves massives dans les semaines à venir. Ils pourraient toucher les raffineries, comme ils l’ont fait en octobre 2022. Des pénuries accidentelles ne sont donc pas à exclure, sans que la Russie ne joue un rôle dans ces crises.
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