Ou du moins à vivre plus longtemps et en meilleure santé.
Certes, ils ne sont pas très beaux. Mais les requins du Groenland ont beaucoup de choses à nous apprendre. Habitués des eaux froides de l’Atlantique Nord et de l’Antarctique, les Somniosus microcephalus ont la particularité de vivre très vieux, aux alentours de 400 ans, et leurs secrets pourraient nous être utiles.
Pour survivre dans l’eau glacée, ce requin mise sur un métabolisme extrêmement lent: il nage lentement (2,9 km/h), grandit lentement (moins d’un centimètre par an), bref, tout se passe au ralenti. Et c’est précisément ce métabolisme particulièrement flemmard qui intéresse les chercheurs, développe un article du magazine Newsweek.
En étudiant de près certaines enzymes du squale, une équipe de scientifiques britanniques a eu une petite surprise. Ces protéines, rouages cruciaux de la machine qu’est notre corps, voient normalement leur activité diminuer avec l’âge, en tout cas chez l’homme.
«Chez la plupart des espèces à durée de vie plus courte, y compris les humains, nous nous attendrions à voir une variation de l’activité des enzymes métaboliques avec l’âge, explique Ewan Camplisson, doctorant en biologie à l’université de Manchester (Royaume-Uni), interrogé par Newsweek. Cela ne se produira pas nécessairement dans toutes les enzymes, mais nous nous attendrions à ce que certaines diminuent leur activité, tandis que d’autres augmentent pour compenser et maintenir une production d’énergie élevée.»
Ça va vous requinquer
Sauf que chez le requin du Groenland, ce n’est pas le cas. «Nous ne voyons aucune variation avec l’âge croissant dans les cinq enzymes que nous avons testées dans le muscle rouge des requins du Groenland, poursuit Ewan Camplisson. Cela suggère qu’ils ne montrent pas ce signe traditionnel de vieillissement que nous nous attendrions à voir chez la plupart des animaux. Cela nous donne un aperçu de leur longévité et, avec des recherches supplémentaires, nous pourrions déterminer si leur métabolisme est un facteur significatif de leur longue durée de vie.»
Vous l’aurez compris nous n’en sommes qu’au début de notre découverte de ce prédateur des mers (qui parvient malgré sa lenteur à chasser des phoques ou des calamars). Mais s’il faut creuser, c’est du côté du cœur que voudrait le faire Ewan Camplisson. «Anatomiquement, les cœurs des humains et ceux des requins diffèrent assez significativement, précise-t-il. Par exemple, les cœurs des requins ont deux chambres cardiaques, tandis que les cœurs humains en ont quatre. Cependant, au niveau cellulaire, ils ont davantage de similitudes.»
«Si nous pouvons comprendre quelles adaptations permettent aux requins du Groenland de vivre si longtemps, tout en n’étant apparemment pas gravement atteints par les maladies cardiovasculaires, nous pouvons espérer intégrer certaines de ces adaptations chez les humains pour améliorer la santé cardiaque», estime Ewan Camplisson.
Ne vous avisez cependant pas d’aller pêcher du requin du Groenland et d’en manger en espérant vivre plus longtemps. Il est considéré comme extrêmement toxique, sa chair devant être bouillie plusieurs fois pour en éliminer les toxines aux effets proches de ceux de l’ivresse. Il a d’ailleurs reçu le doux surnom de «pee shark» ou «requin-pipi», car sa chair contient également énormément d’urée, utilisée pour réguler sa flottabilité.
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