Des vols courts, réalisés par 0,003% de la population, avouez qu’il y a de quoi se poser quelques questions.
Vous avez bien pensé à éteindre la lumière en quittant la pièce? Vous avez bien nettoyé votre boite mail pour réduire la charge des data centers? Bravo. Mais sachez que si vous êtes parti en week-end avec votre avion privé, ça n’a pas servi à grand chose. Selon un article du site IFL Science, les émissions de CO2 de ces vols privés sont de plus en plus massives et doivent nous interroger sur les priorités qu’on se fixe dans la lutte contre le réchauffement climatique (mais pensez à éteindre la lumière quand même).
Des chercheurs de l’Université Linnæus, en Suède, et de l’Université de sciences appliquées de Munich, en Allemagne, ont tenté de produire une estimation des émissions de CO2 des vols privés sur la période 2019-2023. Selon leurs calculs, publiés dans la revue Communications Earth and Environment, ces émissions ont augmenté de 46% au cours de ces quatre années pour atteindre 15,6 millions de tonnes en 2023. Vous êtes énervés? Ce n’est pas fini.
Les chercheurs ont interrogé la plateforme ADS-B Exchange et ont compilé l’activité de 25.993 avions privés et de leurs 18.655.789 sorties sur la période 2019-2023. Soixante-douze modèles d’avions ont été recensés et ont été associés à une consommation moyenne de carburant. Chacun de ces vols a engendré, en moyenne, 3,6 tonnes de CO2 en 2023.
Le détail de ce décompte montre que les déplacements sont pour une grande part liés au loisir, avec un pic de départs le vendredi soir et des retours le dimanche, une plus grande activité l’été et des destinations particulièrement représentées dans les données telles que Nice ou Ibiza. Les évènements internationaux semblent être corrélés positivement avec ces émissions de CO2: ce fut le cas de la Coupe du monde au Qatar en 2022, mais aussi par exemple de la COP28, la conférence pour le climat qui s’est tenue à Dubai et qui a mobilisé 644 avions privés qui ont produit 4.800 tonnes de CO2. On pourrait presque trouver ça drôle.
La moitié des vols font moins de 500 kilomètres
Jusqu’ici, il était jugé contre-productif de montrer du doigt des comportements irresponsables parce qu’ils étaient marginaux, au point qu’on pouvait ironiser en évoquant le char à voile quand un journaliste s’interrogeait sur les déplacements domestiques en avion d’une équipe de football. Ces travaux montrent un déséquilibre des impacts qu’on ne peut plus ignorer: 0.003% de la population détient la flotte d’avions privés qui produit chaque année plus de CO2 qu’un pays comme la Slovénie ou la Lituanie. Face à la catastrophe climatique, on est tous responsables, mais certains le sont quand même plus que d’autres.
L’impact des comportements n’est pas uniformément réparti, les conséquences du réchauffement climatique non plus. Cette flotte d’avions privés est le monopole des personnes les plus fortunées du monde détenant en moyenne 123 millions de dollars (114 millions d’euros environ) de patrimoine. Ce ne sont vraisemblablement pas ces personnes qui grossiront les rangs des réfugiés climatiques dans les prochaines années.
Exiger des dispositions et des sanctions pour réduire ces vols qui sont, pour près de la moitié d’entre eux (47,4%), inférieurs à 500 kilomètres, ce n’est ni de la démagogie ni la volonté de faire un symbole. Une activité qu’on peut juger très dispensable annihile les efforts de millions de gens et d’entreprises qui ont essayé de changer leur comportement pour répondre aux enjeux climatiques.
Et si vous décidez quand même de prendre votre avion privé ce week-end, même très peu de temps, pour faire quelques dizaines de kilomètres comme le fait Elon Musk, sachez que ce n’est pas un bon calcul et que la planète ne vous dira pas merci, même si vous faites ça pour acheter vos légumes localement.
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