Les électeurs l'accusent de ne pas exister: un politicien anglais doit prouver qu'il n'est pas une IA

«Je suis une vraie personne et c’est bien moi sur la photo.» Telle est la déclaration inattendue dont a dû se fendre Mark Matlock, candidat du parti de droite eurosceptique et conservateur Reform UK au parlement britannique lors des dernières élections générales, dans les colonnes du quotidien The Independent. L’homme politique a en effet été suspecté de ne pas exister et d’avoir été créé de toutes pièces par une intelligence artificielle (IA).

Plusieurs facteurs expliquent pourquoi Mark Matlock a dû justifier qu’il était bien fait de chair et de sang. La photographie de son affiche de campagne, clairement trop retouchée, avait d’abord éveillé la suspicion: notre homme semblait vraiment trop lisse pour être vrai. Mais le fait qu’il ne s’est pas montré lors de plusieurs événements importants au cours desquels sa présence aurait été appréciée n’a fait que renforcer les interrogations.

Sur X (anciennement Twitter), une publication a mis le feu aux poudres, lundi 8 juillet, quatre jours après les élections générales britanniques qui ont vu le retour du Parti travailliste au pouvoir. «Nous pourrions être au bord d’un ÉNORME SCANDALE, tweetait notamment une utilisatrice. Des soupçons indiquent que Reform UK aurait présenté des candidats aux élections qui ne sont pas de vraies personnes. Y a-t-il une preuve que Mark Matlock, candidat pour Clapham & Brixton Hill [circonscription du Grand Londres, dans le sud de l’Angleterre, ndlr] existe vraiment? Il a l’air généré par une IA. […] Je ne dis pas que c’est vrai, mais plusieurs candidats de Reform UK n’ont aucune trace en ligne. Ça ne coûte rien de clarifier les choses. Un simple selfie suffirait!»

We might be on the verge of a HUGE SCANDAL. Suspicions have been raised that Reform have fielded election candidates that aren’t real people. Is there any evidence that Mark Matlock (candidate for Clapham & Brixton Hill) actually exists? He looks AI generated. pic.twitter.com/0wJcR4HZXG

— Dr Bella (@Dr_BellaR) July 8, 2024

Des questions sur des candidats: en France aussi

Il faut dire que la chose n’aurait pas été totalement inédite. Durant la même campagne pour les élections législatives britanniques, un homme travaillant dans le domaine de l’IA a utilisé un avatar pour porter sa candidature à Brighton, dans le Sussex de l’Est (sud-est de l’Angleterre). Résultat final: une défaite cuisante (0,3% des voix dans la circonscription de Brighton Pavilion), mais tout de même 179 voix engrangées, nous indique le média en ligne The Verge.

Tout cela n’a rien à voir avec ce qui s’est produit pour Mark Matlock, qui affirme avoir été sérieusement malade lors de la campagne électorale, ce qui justifierait ses absences à des événements dédiés. À titre d’excuse, il raconte avoir contracté une pneumonie dans les jours qui ont précédé le vote. «Le soir du scrutin, je ne tenais même pas debout», résume le candidat de Reform UK, qui a également fourni la preuve qu’il avait bien posé pour son affiche de campagne.

De la couleur de l’arrière-plan à celle de sa cravate, le visuel de la candidature de Mark Matlock a bel et bien été retouché, sans doute de façon excessive, par quelqu’un qui n’a pas réalisé que cela donnait au visage du politicien un aspect irréel. Ses cheveux et sa peau semblaient particulièrement factices, écrit The Verge, qui table sur le fait que cet incident pourra servir de leçon aux candidats des prochaines élections. «Ne retouchez pas vos photos comme si vous aviez demandé à Midjourney de créer un “politicien jeune et rassurant”.»

En France, durant les dernières élections législatives, des doutes similaires ont également pu être émis au sujet de certains candidats et surtout candidates «fantômes». Aux abonnés absents, plusieurs membres du Rassemblement national ont éveillé la suspicion. Comme le raconte CheckNews, ils et elles ont tellement déserté leur propre campagne électorale que leur existence a même fini par être remise en cause, y compris par leurs opposants politiques.