La fureur était en eux. À la 15e minute, Jamal Murray se mit à crier sur un arbitre. Les hommes en noir et gris ont, il est vrai, cumulé les erreurs ce lundi, rattrapés par la pression générée par ce match potentiellement décisif. En cela, le trio arbitral n’a fait que descendre au niveau des joueurs qui ont souvent joué petit bras lors de cette 5e manche. Puis un quart d’heure plus tard, ce fut au tour du pourtant très placide Nikola Jokic de hurler, mais cette fois sur ses coéquipiers, alors que Miami menait au score (60-64). Le titre était là, à portée de main, pour Denver et cela charriait quantité d’émotions. C’était l’occasion d’une vie pour des Nuggets qui, depuis leur passage de l’ABA à la NBA en 1976, n’avaient jamais joué une finale avant cette année. Après avoir pu compter pendant trois quarts-temps sur un bon Michael Porter Jr (16 points), il fallait trouver d’ultimes ressources pour la concrétiser. Elles se trouvaient dans les mains de Jokic, auteur de dix de ses 28 points dans une dernière période où Jimmy Butler, après avoir longtemps joué à l’envers, refroidit le Pepsi Center en marquant 11 points de suite pour refaire passer le Heat devant (88-89, 2 minutes à jouer). Même si Miami avait gagné depuis longtemps son diplôme d’équipe résiliente, ce dernier baroud de Butler ne fut que pour l’honneur. Dominé tout au long de la finale sauf lors du match 2, le Heat n’a plus marqué ensuite et Denver est allé cueillir la délivrance sur un rebond offensif de Bruce Brown. Devant leur public, les Nuggets ont fini par arracher ce match 5 erratique où ils ont égaré dix lancers-francs en route. Le genre de stats qui sert à se faire peur mais qui fut instantanément oubliée une fois le trophée de champion NBA remis par Adam Silver au président Josh Kroenke. La meilleure équipe de la NBA a gagné le titre et ce n’est pas rien dans une ligue où tout est fait pour mettre en valeur les stars, parfois (ou souvent) au détriment du collectif. Denver n’était que quatrième au bilan à l’issue de la saison régulière (derrière trois équipes de l’Est) mais tout le monde s’accordait à dire que c’était celle qui jouait le mieux par la grâce d’un pivot aux mains d’or, Nikola Jokic. À défaut d’avoir remporté un troisième trophée consécutif de MVP de la saison régulière, le Serbe a soulevé celui de la finale, soit exactement le même parcours avant lui que le Grec Giannis Antetokounmpo (MVP en 2019 et 2020, champion et MVP de la finale en 2021). Une fois le match terminé, Jokic n’a pas tout de suite célébré. La mine presque grave, il est allé féliciter un par un les joueurs de Miami, dont le parcours héroïque (ils n’étaient que têtes de série n°8 à l’Est) se termine par une défaite, comme lors des deux précédentes finales du Heat, face aux Spurs en 2014 et aux Lakers en 2020. Cette humilité renforce encore, s’il en était besoin, sa stature de nouveau boss de la NBA, devenue indiscutable lors de play-offs où Denver n’a perdu que quatre matches. Ce qui laisse penser que cette équipe n’est pas forcément le hit d’une seule saison.