La réduction de l’empreinte carbone des vols commerciaux et l’utilisation de carburants d’aviation durables s’avèrent plus complexes que prévu.
Environ 2,5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre proviennent de l’aviation, principalement à cause de la combustion de carburants à base de pétrole. Pour réduire leur empreinte carbone, les compagnies aériennes investissent massivement dans les carburants d’aviation durables (CAD), appelés SAF en anglais (pour «sustainable aviation fuel»). Néanmoins, le média en ligne Fast Company révèle que des critiques accusent ces acteurs du transport aérien de recourir à du greenwashing, en faisant de fausses promesses écologiques à des fins marketing pour améliorer leur image auprès du public.
À la fin du mois de novembre 2023, la compagnie aérienne britannique Virgin Atlantic a fait sensation en réalisant le premier vol transatlantique avec un carburant à base d’huile de cuisson usagée. Pourtant, l’Advertising Standards Authority (ASA), l’organisme d’autorégulation de la publicité au Royaume-Uni, a interdit à Virgin Atlantic Airways de communiquer sur le sujet à des fins publicitaires, jugeant que ses affirmations de durabilité étaient trompeuses.
Selon l’ASA, la publicité ne donnait pas une vision complète des conséquences environnementales négatives du carburant utilisé. «Bien que nous soyons déçus que l’ASA ait statué en faveur d’un petit nombre de plaintes, nous restons engagés, précis et transparents sur le défi de la décarbonation», s’est défendu auprès du média spécialisé Inside Climate News un porte-parole de Virgin Atlantic Airways, qui n’est pas la première entreprise a être épinglée sur le sujet des SAF.
Un pessimisme grandissant
Fabriqués à partir de matières comme les graisses végétales et les huiles de cuisson usagées, la majorité des SAF émettent moins de dioxyde de carbone (CO2) que les carburants traditionnels. Leur production reste tout de même limitée et les coûts sont considérables, souvent deux à trois fois plus élevés que ceux des carburants traditionnels. Selon l’Agence de protection de l’environnement des États-Unis, la consommation de SAF s’élevait à près de 92,8 millions de litres sur toute l’année 2023, mais cela reste infime par rapport aux quelque 262 millions de litres de carburant à base de pétrole utilisés… chaque jour par le pays.
Les gouvernements et les compagnies aériennes ont fixé des objectifs ambitieux pour augmenter la production des SAF. Par exemple, l’administration Biden souhaite produire au moins 11,3 milliards de litres de SAF par an d’ici à 2030 et le Royaume-Uni veut que 10% du carburant aérien utilisé par tous les avions décollant de son sol soit durable d’ici à cette date. Néanmoins, pour produire plus de biocarburants, les experts pointent des défis majeurs comme la disponibilité limitée des matières premières et les problèmes environnementaux causés par l’expansion des exploitations agricoles.
Certains experts estiment que les SAF ne pourront pas réduire suffisamment les émissions carbone de l’industrie aérienne et que des mesures plus significatives sont nécessaires. L’utilisation de batteries électriques, par exemple, est compliquée pour l’aviation en raison du poids supplémentaire qu’elles impliquent.
Phillip Ansell, directeur du Centre pour l’aviation durable de l’université de l’Illinois aux États-Unis, déclarait au Guardian en mai 2024: «C’est beaucoup plus difficile que nous le pensions. Nous sommes complètement en retard. Nous sommes encore au Moyen Âge en matière de durabilité, par rapport à d’autres secteurs.» Les critiques appellent donc à une plus grande transparence et à des actions plus profondes pour vraiment décarboner l’industrie aérienne.
#Les #compagnies #aériennes #promettent #voler #propre #grâce #nouveaux #carburants #mais #c039est #pipeau #korii.slate.fr
Leave a comment