– La planque d’Al Amiriya, au cœur de Bagdad, pulvérisée par un bombardier furtif américain – dans une opération humanitaire – qui a lâché une bombe – forcément démocratique – qui l’a réduite en cendres avec plus de 400 morts femmes et enfants à l’intérieur. Docteur


Le 13 février 1991, j’étais à Bagdad lorsqu’un bombardier furtif américain – lors d’une opération humanitaire – a largué une bombe – forcément démocratique – sur une planque du quartier d’Amiriya. Plus de 400 femmes et enfants sont morts à l’intérieur. Et il était difficile de faire le décompte exact des corps brûlés et broyés. Puisque le pilote n’était pas un barbare, mais un bon soldat qui a semé les graines d’un avenir meilleur, personne n’a pensé à traduire en justice ce criminel contre l’humanité. Toute cour pénale internationale.


Par : Jacques-Marie Bourget, 19 mars 2023


Quelque temps plus tard, Madeleine Albright, secrétaire d’État des États-Unis, dira avec un sourire de serpent qu’en Irak : « 500 000 enfants morts valaient bien le prix de la démocratie » ! Ayant vécu les moments de ces outrages, j’ai définitivement pris mes distances avec un droit à l’humanisme qui n’est qu’une arme de destruction massive où le poison des mots remplace la poudre à canon. J’écris ces quelques mots d’introduction car j’ai l’intention d’évoquer le dernier avatar opposant la France à l’Algérie. Et vous me direz : « Quel est le rapport entre les missiles de Bagdad et les relations entre l’Algérie et une France si hautement civilisée ? « .

Janvier 1991 – JM Bourget, entre Bagdad et Kerbala. Pause thé et écoute de la radio pendant la guerre du Golfe

Je t’assure que ça existe. Le besoin intime des Français, et de leur cortège d’ONG si généreuses, de faire plier l’Algérie, relève d’un post-impérialisme imposé par le « bien », qui se lit noir de ferraille et de colère dans le ciel irakien. Est-ce que j’exagère ? Oui j’exagère.

Les oukases du camp des maîtres, ceux qui continuent à prêcher, ont le net avantage de ne pas envoyer d’innocents à la morgue. Pourtant, ce post-colonialisme continue de faire des ravages, cent quatre-vingt-seize ans après la capture d’Abd el Kader et de sa smalah. Vous trouverez trop de Français qui n’ont rien à dire sur l’Algérie. Une terre qui reste, dans leur imaginaire, une maison habitée par des squatters arabes et berbères. Qui excusera un pays de soixante ans, autrefois grandi sous le canon colonial, puis libéré par lui-même dans la brutalité de la guerre ? Il y a quelques jours, j’ai pris un taxi algérien qui m’a raconté sa maison détruite par l’armée française, son enfance dans un « camp de transit » entre barbelés et murs de terre. Comment oublier, effacer une telle histoire ?

Le comble du mépris a été atteint lorsque l’Algérie est devenue la première cible du GIA baptisé par Allah. A cette époque, l’Occident si généreux, au lieu de venir en aide aux assiégés, laissait faire les choses et parfois même protégeait les terroristes. Le mensonge à répandre dans les médias était : « Qui tue qui ? « Une sale bêtise qui voulait faire croire que les militaires algériens continuent cette guerre pour mieux conserver le pouvoir… Une honte. Ai-je dit que l’Algérie était un Eden, le monde idéal ? Non. Mais je me tais car les paroles et les actes « français » ont commis ici tous les crimes, et seuls le silence et la contemplation des cimetières prévalent.

L’Algérie est la cible d’attaques constantes au nom des droits de l’homme par des ONG fantoches financées par la CIA et le capitalisme, la seule internationale qui existe aujourd’hui. La bouche et les écrits des « kamikazes » de Bagdad ont pris le contrôle des pilotes : nous tirons prudemment. Un exemple me vient à l’esprit. Lors de la dernière réunion du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, la France a appelé l’Algérie à adopter une législation pour mieux protéger les femmes contre les violences domestiques. C’est parfait. Mais dans le même temps, un certain Emmanuel Macron, connu comme le président de la République française, se déchaîne avec son frère Kamel Daoud. Un ami proche et conseiller, pourtant condamné par un tribunal d’Oran pour avoir battu son ex-femme ! On dessine l’oreille de l’Algérie mais on laisse la sienne intacte pour souligner l’accompagnement. Après cela, vous serez surpris que les Algériens soient « paranoïaques », grossiers, méfiants et toujours en train de se plaindre. Et qu’ils se méfient des « influences étrangères »…

L’origine de ma colère du jour me vient d’une lettre scandaleuse écrite par le préfet de police de Paris Laurent Nunez à un groupe de citoyens algériens ou franco-algériens vivant en France qui désirent, à travers une manifestation symbolique, montrer leur  » désapprobation de cette calomnie » subie par leur pays d’origine. Le 14 mars, le « Collectif unitaire franco-algérien » dépose une demande auprès de la préfecture de Paris pour manifester le 19 mars sur la place de la République. Rien que de banal, car cette même place sert de bar ouvert aux groupes qui manifestent contre le gouvernement algérien, ce qui est leur droit. Pouvons-nous croire.

Parce que la réponse est non. C’est bien vu par la France de venir brandir des banderoles sous la statue de la République pour exiger la mort de la République algérienne. Mais interdit de le soutenir. Pire encore, dans sa lettre, le préfet Nunez, bien qu’élevé dans la nostalgie d’un pays perdu en Algérie, ose écrire les mots suivants : « Considérant que le 19 mars, plusieurs meetings contre le régime algérien auront également lieu… » . C’est « non » parce que nous ne pouvons pas soutenir « le régime algérien ». Vous avez bien lu : le « régime », comme celui de Vichy… Abdelmadjid Tebboune aurait-il quelque chose de Pétain ? Le tout sous la signature d’un préfet qui fut un temps, heureusement brièvement, ministre de la République française.

Enfin, il est enrichissant d’entendre que l’Algérie n’est pas une république, mais un « régime en place », que l’on s’attend à perdre. Visiblement trop occupé à danser la lambada à Kinshasa, à reconstruire le Liban, à envahir la Russie, Emmanuel Macron a autre chose à faire que de gérer l’insulte à un pays souverain. Après tout, il a l’habitude.

Jacques Marie Bourget

Source : https://www.afrique-asie.fr/le-prefet-de-police-de-paris-insulte-lalgerie/