Lavrov: la Russie se tournera vers l’Asie et réfléchira « sérieusement » avant de collaborer avec l’Occident

« Un défi », mais « une opportunité » : le chef de la diplomatie russe a expliqué que la Russie voit désormais son avenir en Asie, où elle construit des partenariats durables pour sortir de sa dépendance vis-à-vis de l’Occident.

La tectonique géopolitique des plaques est-elle irrémédiablement en marche ? Il est tout à fait possible, selon Sergueï Lavrov, chef de la diplomatie russe, que même si les pays occidentaux envisageaient de rétablir des relations avec la Russie, Moscou y réfléchirait « sérieusement » et se poserait la question suivante : « Nous devons faire en avons-nous besoin ou pas ? »

Interrogé à Moscou le 23 mai dans le cadre du projet « 100 questions au dirigeant », le ministre russe des Affaires étrangères a expliqué que la Russie « était en train de créer quelque chose qui est bien plus qu’une substitution aux importations », soulignant que le basculement économique de Moscou vers l’Asie est pour le long terme. « Nous devons cesser de dépendre de l’approvisionnement de quoi que ce soit de l’Occident pour assurer le développement des industries essentielles à la sécurité, à l’économie et au secteur social de notre patrie. Nous ne compterons que sur nous-mêmes et sur les pays qui ont prouvé leur fiabilité et non « danser sur l’air de quelqu’un d’autre », a-t-il déclaré.

« L’Eurasie est en train de devenir la région la plus prometteuse du monde. Nous nous occupons de le développer, non pas en utilisant les outils des autres, comme le dollar, la messagerie financière SWIFT, mais en créant nos propres outils. Ce n’est pas si difficile à faire », a poursuivi le haut diplomate, ajoutant que la part du commerce de la Russie dans les monnaies nationales de ses partenaires, que ce soit la Chine, l’Inde, l’Iran ou dans le cadre de l’Union économique eurasiatique, s’est déjà considérablement élargie.

« Oui, c’est un défi. Nous devons nous impliquer beaucoup plus activement dans le développement de notre pays. Mais c’est à la fois un énorme avantage et une opportunité », a insisté Sergueï Lavrov. Pour autant, le diplomate n’a pas définitivement fermé la porte aux Occidentaux, même si l’écart d’un partenariat semble de plus en plus étroit : « Si les pays occidentaux reviennent à la raison et nous donnent certaines formes d’offre de coopération, nous prendrons une décision. »

Du point de vue de Moscou, il est logique de forger des liens solides avec Pékin : « Alors que l’Occident assume la position de dictateur, nos liens économiques avec la Chine se développeront encore plus rapidement. En plus des revenus directs du budget de l’État, cela nous donne la possibilité de réaliser des projets pour le développement de l’Extrême-Orient et de la Sibérie orientale. Pour le ministre russe des Affaires étrangères, c’est une opportunité pour la Russie de réaliser son potentiel« dans le domaine des technologies avancées, y compris dans le domaine de l’énergie nucléaire, mais aussi dans un certain nombre d’autres domaines ».