Une telle technologie pourrait mener à des communications de cerveau à cerveau, avènement d’une télépathie assistée par ordinateur.
Être pilote de chasse dans l’armée est un métier un peu exigeant. Il faut être capable de prendre des décisions sous pression et d’exécuter des manoeuvres complexes rapidement –le tout étant bien sûr une question de vie ou de mort, sinon ce serait moins drôle. Les progrès technologiques leur permettent aujourd’hui de gagner du temps grâce aux écrans tactiles avancés ou aux commandes vocales. L’armée américaine ne compte toutefois pas en rester là, affirme un article de Popular Mechanics (PM).
Des chercheurs au sein des forces armées des États-Unis ont eu l’idée d’un casque qui pourrait se connecter au cerveau du pilote, sans avoir besoin de passer par une opération chirurgicale en amont. Pas besoin d’implant donc, comme ceux développés par Elon Musk chez Neuralink, mais seulement d’une interface cerveau/ordinateur qui interpréterait les ondes cérébrales. Ainsi, un pilote équipé de ce casque pourrait en théorie effectuer de nombreuses opérations quasi instantanément: diriger son avion par la pensée mais aussi communiquer avec sa base, envoyer des images, et pourquoi pas utiliser les armes à bord du chasseur ou actionner des drones de combat.
L’agence Darpa («Defense Advanced Research Projects Agency»), rattachée au département de la Défense américain, planche sur ce projet depuis au moins 2018. Le programme N3 («Next-Generation Non-surgical Neurotechnology») est tout entier consacré au développement d’une telle technologie, avec un impératif: elle doit être non-invasive. «Via seize canaux indépendants interagissant avec différentes parties du cerveau, ce casque est conçu pour détecter à la fois les signaux émis par le cerveau de l’utilisateur et pour y transmettre des données, en utilisant une combinaison de transmetteurs neuronaux magnétiques, optiques et acoustiques», détaille l’article de PM.
L’agence travaille depuis des décennies sur différents projets d’interfaces neuronales et ses financements en sont la preuve: plus d’un milliard de dollars (environ 925 millions d’euros) auraient été injectés dans le domaine depuis 1973. Au tournant des années 2000, les choses s’accélèrent: les scientifiques parviennent à faire déplacer par un singe un curseur sur un écran uniquement par la pensée, puis un bras artificiel. Depuis, des humains sont parvenus à guider des véhicules terrestres et aériens (même si l’avion de chasse F-35 ne l’a été que dans une simulation). Pourtant des obstacles demeurent avant de pouvoir produire ces interfaces pour un usage sur le terrain.
Télépathie assistée par ordinateur
Plusieurs des progrès effectués l’étaient grâce à des implants, mais l’armée y est réticente, ce qui complexifie grandement la mise en place d’une connexion cerveau/ordinateur –même si, là aussi, des avancées ont eu lieu. Une équipe du laboratoire de physique appliquée de l’Université Johns-Hopkins travaille sur un «système optique complètement non invasif pour enregistrer les signaux cérébraux», explique le site de la Darpa. D’autres équipes font de même en se concentrant sur les ultrasons et les champs magnétiques pour reproduire des courants électriques et transmettre des informations au cerveau.
Autre piste creusée, celle de neurotechnologie «légèrement invasives» sous la forme de nanotransducteurs à injecter dans le patient sans passer sur la table d’opération. Ces dispositifs minuscules captent les signaux électriques du cerveau et les traduisent pour un ordinateur externe. La communication cerveau/ordinateur s’avère cependant plus complexe à établir. Elle pourrait être synonyme d’une connexion cerveau/ordinateur, et donc potentiellement d’un lien cerveau/machine/cerveau, avènement de la télépathie assistée par ordinateur.
C’est déjà la piste creusée par le programme MOANA de N3. Abréviation de «Magnetic, Optical and Acoustic Neural Access», il a pour but d’établir une communication directe de cerveau à cerveau en reprogrammant des neurones via la thérapie génique. Outre les applications militaires, une telle technologie révolutionnerait de nombreux domaines: imaginez n’importe quel novice capable de réaliser des actions complexes, comme des soins médicaux d’urgence ou des réparations délicates. De la science-fiction? Des chercheurs «ont établi un lien neuronal entre des rats en 2009. L’expérience a permis à un rat inexpérimenté de réaliser une tâche que le rat expérimenté mettait des semaines à apprendre en quelques minutes», explique l’article de PM.
Côté constructeur, on avance aussi dans ce sens. Le chasseur nouvelle génération développé conjointement par le Royaume-Uni, l’Italie et le Japon devrait être équipé d’un casque de vol analysant en temps réel l’activité cérébrale du pilote, ainsi que ses données biométriques (fréquence cardiaque, respiration, électrocardiogramme, etc.).
#L039armée #américaine #développe #casque #qui #permet #aux #pilotes #diriger #leur #avion #tirer #par #pensée #korii.slate.fr
Leave a comment