Des images satellite laissent penser que le submersible aurait coulé dans un chantier naval de Wuchang, mais les autorités chinoises tentent de dissimuler l’incident.
Que s’est-il donc passé au printemps dernier dans les chantiers navals de Wuchang, près de la ville de Wuhan (province du Hubei), dans le centre de la Chine? La disparition soudaine de plusieurs bâtiments, dont un sous-marin, pose question, d’autant plus que, d’après les États-Unis, il s’agirait du tout dernier modèle de sous-marin nucléaire d’attaque développé par la Chine. Le média en ligne spécialisé The War Zone revient sur ce mystère, après la publication, jeudi 26 septembre, de nouvelles informations par le quotidien américain The Wall Street Journal.
D’après des responsables américains qui ont préféré rester anonymes, ce qu’on pensait être un sous-marin à propulsion conventionnelle (généralement équipé d’un moteur diesel) serait en fait le premier d’une toute nouvelle classe de sous-marins nucléaires, baptisée «Zhou» ou «Type 041 Zhou». Les autorités chinoises auraient tenté de dissimuler l’accident et on les comprend: les implications pour la marine du pays sont plus qu’inquiétantes.
«Les responsables américains n’ont détecté aucune indication selon laquelle les autorités chinoises auraient prélevé des échantillons d’eau ou vérifié l’environnement proche pour y rechercher des traces de radiation, indique l’article du Wall Street Journal. Il est possible que des personnels chinois aient été tués ou blessés lors du naufrage, mais les responsables américains disent ignorer s’il y a eu des victimes.» Pourtant l’incident ne fait aujourd’hui aucun doute.
En juin dernier, le chantier du conglomérat de construction navale China State Shipbuilding Corporation (CSSC), situé juste à l’extérieur de la ville de Wuhan, a été le théâtre d’une activité inhabituelle, comme l’ont montré des images satellite consultées par The War Zone. Entre le 12 et le 17 juin, quatre barges équipées de grues ont fait leur apparition, après que le sous-marin, à quai jusqu’en mai, a disparu. Depuis juillet, les barges ont disparu et l’activité des chantiers a repris son cours.
Pêche au gros
Les sources américaines ne fournissent pas plus de détails sur l’accident qui aurait pu avoir lieu. On imagine cependant que le submersible aura été renfloué à l’aide des grues. Et il faudra «probablement de nombreux mois avant qu’il puisse être mis à la mer», si la réparation est possible –ce qui est loin d’être garanti puisque l’intégralité de l’électronique de l’appareil a sûrement été mise hors service après avoir pris l’eau.
«Il n’est pas surprenant que la marine de l’Armée populaire de libération [APL, l’armée chinoise, ndlr] tente de dissimuler le fait que son nouveau sous-marin d’attaque nucléaire a coulé à quai, a déclaré un haut responsable de la défense américaine au Wall Street Journal. En plus des questions évidentes sur les normes de formation et la qualité de l’équipement, l’incident soulève des questions plus profondes sur la responsabilité interne de l’APL et la surveillance de l’industrie de défense chinoise, longtemps minée par la corruption.»
La Chine a démontré qu’elle était capable de construire des navires et des sous-marins volumineux, aussi complexes soient-il, à un rythme effréné, bien plus rapidement que ne le peuvent les États-Unis. L’impressionnante rapidité de l’industrie navale chinoise n’est cependant pas sans risque. Des doutes peuvent être émis quant aux pratiques de sécurité et de contrôle qualité mis en place au sein des chantiers de construction, ce que semble confirmer l’incident de Wuchang.
Nous n’en saurons sans doute pas plus sur ce qui s’est passé au printemps. Ni les causes de l’incident, ni le nombre de victimes s’il y en a, mais nous savons maintenant que les États-Unis surveillent de près ce qui se passe du côté de la Chine et n’hésitent pas, parfois, à le faire savoir.
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