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La famille Trogneux : d’Amiens à l’Élysée, histoire d’une dynastie de province

La famille Trogneux : d'Amiens à l'Élysée, histoire d'une dynastie de province

Roi des macarons des Hauts-de-France et petit-neveu de Brigitte Macron, Jean-Baptiste Trogneux a été molesté le 15 mai devant sa boutique à Amiens. Retour sur l’histoire d’un succès familial qui dure depuis 150 ans, entre innovation et tradition. Vous avez dit « en même temps » ? Pour ta sÅ“ur, je prends un paquet à 15 euros, qu’est-ce que tu en penses ? » Il n’en pense rien, le mari. D’ailleurs, toute cette escapade amiénoise entre seniors semble l’ennuyer au plus haut point. Comme près de 800 000 touristes chaque année, le groupe vient d’arpenter le dallage noir et blanc de la plus vaste cathédrale médiévale du monde. Puis, du parvis, le guide leur a désigné du doigt la prochaine étape, le magasin – enfin plutôt, le « bar à chocolat » – de la maison Trogneux. Depuis que Jean-Alexandre Trogneux a mis la main, en 2009, sur cet emplacement béni de Dieu, quitter la capitale picarde sans une provision de macarons est aussi improbable que de repartir de Montélimar sans nougat. En 2019, une autre boutique, la ­huitième, a ouvert au Touquet, étoffant ainsi un réseau 100 % Hauts-de-France : Arras, Lille, Saint-Quentin et quatre adresses à Amiens, la ville de Jules Verne, de Michou et de François Ruffin. C’était alors la ­deuxième année du quinquennat d’Emmanuel Macron, époque insouciante où la famille par alliance du ­président ne craignait pas encore les ­crachats des gilets jaunes sur ses vitrines, ni les menaces d’incendie proférées sur ­Twitter, ni les agressions comme celle dont a été ­victime, le 15 mai au soir, son directeur général, Jean-Baptiste Trogneux, plus connu en sa qualité de « petit-neveu de ­Brigitte Macron ». « Mon fils a reçu des coups de poing, des coups de pied, il a dû se mettre en boule pour se protéger, a détaillé Jean-Alexandre Trogneux à la presse locale. Il a des blessures à la tête, au visage, au genou et à un doigt. » L’agression lui a valu, de source policière, quatre jours d’incapacité totale de travail. Sixième et benjamine de sa fratrie, ­Brigitte jouait encore à la poupée quand son frère aîné, Jean-Claude, promenait, lui, un vrai bébé, Jean-Alexandre. Tous les amis de la famille se souviennent de l’amusant faire-part reçu à l’occasion de la naissance du fils de ce dernier, une plaque de chocolat sur laquelle était inscrit ce message : « Je suis à croquer. Signé : Jean-Baptiste, 28 juillet 1993 ». Interviewé (déjà) par le « Courrier picard », l’heureux papa expliquait alors que le bébé « réaliserait vite sa chance d’être tombé dans la bassine de chocolat » et – il n’en doutait pas une seconde – qu’il prendrait sa suite le jour venu. Ainsi en va-t-il à Amiens : tout événement qui touche le clan Trogneux est relaté dans la presse régionale, et cela depuis bien avant qu’un fringant et prometteur beau-frère prénommé Emmanuel ne soit élu, en 2017. Il faut dire que l’histoire de « Jean Trogneux, la maison des baptêmes » – raison sociale officielle de l’entreprise – est une success story à la mode d’autrefois. Le modeste ­atelier dans lequel l’aïeul Jean-Baptiste confectionnait, à la fin du XIXe siècle, des soufflés et des entremets est devenu une affaire qui emploie aujourd’hui une soixantaine de salariés et écoule pour près de 5 millions d’euros de ­chocolats et confiseries par an. Depuis 1872, la direction se transmet de père en fils, et la caisse, de mère en fille… Chacune des six générations a contribué à asseoir un peu plus la prospérité de cette institution de Picardie. Ainsi Jean, fils du fondateur et grand-père de Brigitte, ne s’est pas contenté d’ouvrir la première boutique de centre-ville. Il a aussi inventé une friandise ronde et ­moelleuse que même le visiteur de passage ne peut ­ignorer puisqu’un panneau l’annonce à l’entrée de l’agglomération : le macaron d’Amiens. Si votre conception du macaron a les couleurs pastel de ceux qu’on trouve chez Ladurée ou Pierre Hermé, vous n’y êtes pas du tout. La version amiénoise doit tout à une ancienne première dame, Catherine de Médicis, l’épouse d’Henri II. Débarquant de sa Florence natale avec une armée de ­cuisiniers pour préparer son banquet de mariage, elle aurait introduit le sabayon, les sorbets et le « maccarone ». L’histoire est jolie, mais impossible à vérifier. Elle fait partie du storytelling déployé par le site Trogneux.fr. La composition actuelle contient, dans des proportions évidemment tenues secrètes, du miel, de la poudre d’amandes, du sucre et des Å“ufs : bref un concentré de calories qui incite à penser que Brigitte n’abuse pas des produits familiaux. À ce propos, la rumeur selon laquelle elle et son président de mari seraient actionnaires de la maison Trogneux est tout aussi fausse que bien d’autres les concernant ; le capital est entièrement détenu par ses neveux. Passons à la troisième génération, celle de Jean, le père de Brigitte, appelons-le Jean Junior pour s’y retrouver, né en 1909. À peine prend-il le relais que la France connaît des ennuis plus sérieux que des casserolades. Le magasin, endommagé pendant la Première Guerre mondiale, est totalement détruit en 1944 par les bombardements des Alliés en prélude au Débarquement. Jean Jr et son épouse Simone font donc construire un magasin tout neuf, rue Delambre, qu’ils inaugurent en 1952, quelques mois avant la naissance de ­Brigitte. As du packaging bien avant que le terme n’existe, le patron a l’idée d’envelopper chaque macaron dans un joli papier doré, ce qui en fait alors, une fois mis en boîte, un cadeau très présentable, n’en déplaise à Jacques Brel. Dans le même temps, il développe la vente de dragées, ce qui, dans un contexte de baby-boom et de ­pratique religieuse encore ­soutenue (du baptême au mariage en ­passant par la première communion), s’avère fort judicieux. Enfin, Jean multiplie les implantations dans la région avec une tactique futée comme tout : il imagine pour chaque ville une confiserie locale, supposément née au Moyen Âge. Pour Arras, il crée les cÅ“urs d’Arras, à base de chocolat noir et d’orange confite, lesquels seraient le fruit de la créativité d’une certaine dame Emma Crespin qui se serait amusée à reproduire dans sa cuisine les cÅ“urs de ses armoiries. Décédé en 1994 à 84 ans, le père de ­Brigitte n’a pas fait qu’enrichir la famille, il lui a fait franchir la marche, plus haute qu’il n’y paraît, qui va de la petite à la moyenne bourgeoisie. Très actif à la chambre de ­commerce d’Amiens, l’arrière-petit-fils d’une fileuse fille-mère y côtoie les grandes familles des commerçants locaux comme les Lafarge, maroquiniers depuis six générations, ou les Gueudet, garagistes de père en fils depuis 1880, un des plus importants groupes de distribution automobile français. Passionné de sport, Jean Jr s’investit aussi dans la fédération de tennis, ce qui lui permet d’entrer au Rotary, un club qui, à l’époque, ouvrait plus facilement ses portes aux médecins ou aux avocats qu’aux confiseurs. Mais la preuve indiscutable que les Trogneux ont changé de statut social s’appelle Monéjan. Ce nom, contraction de Simone et Jean, ils le donnent à la maison qu’ils achètent au Touquet en 1950. Or « la villa au Touquet », et bien sûr la cabine de plage qui va avec, sont les accessoires indispensables de tout Amiénois ou Lillois « établi ». Dans la station balnéaire aussi, Jean ­participe à la vie locale, comme le soulignera le maire Léonce Deprez en mariant Brigitte, un beau jour de juin 1974, avec le cadre parisien André-Louis Auzière. « Je salue en la jeune épouse la fille du ­président du Tennis Club et vice-président de l’Union des propriétaires, résidents et amis du ­Touquet. » Notons que Léonce aura une deuxième occasion de marier Brigitte en 2007, avec Emmanuel, un Amiénois cette fois. Conséquence logique de cette montée familiale dans l’ascenseur social, le petit-fils de Jean, Jean-Alexandre, 62 ans aujourd’hui, a été le premier des descendants à passer par une école de commerce où, manifestement, il n’a pas séché les cours de marketing : les vitrines des magasins Trogneux changent aussi souvent que celles des grandes marques de prêt-à-porter. On y voit des Å“ufs à Pâques mais aussi des sorcières à Halloween, des vélos en chocolat au moment du Tour de France, des balles de golf en chocolat blanc pendant l’Open de France et de tennis pour Roland-Garros. Tout est source d’inspiration : des iPhone en chocolat noir baptisés iChoc, des plaques à message personnalisé, par exemple « Veux-tu m’épouser ? », des ­Tronions tout à fait adorables quand sort un nouveau film de la série « Les Minions », une pâte à tartiner baptisée la Trognella… On ­friserait presque l’indigestion ! Jean-Alexandre est désormais secondé par son fils Jean-­Baptiste. Ça aussi, c’est la tradition maison : une transition qui allie expérience et modernité. Jean-Baptiste a bien tenté d’échapper au destin que lui prévoyait le « Courrier picard » en démarrant une carrière d’ingénieur dans le groupe de luxe suisse Richemont. Expatrié à Hongkong, il a finalement rejoint le ­bercail amiénois il y a quatre ans. Sa mission : développer les ventes par Internet. En avril 2021, Jean-Baptiste et son épouse, Sasha, ont eu un petit garçon : 4,6 kilos, nous annonce le « Courrier picard »… Son ­prénom ? On vous le donne en mille… Jean ! Mais aussi, puisque la maman est chinoise, Sin Yin. Du haut de ses 2 ans, Jean Sin Yin, arrière-petit-neveu de Brigitte Macron, ferait bien de se préparer : c’est sans doute à lui, tenant de la septième génération, que reviendra la charge et l’honneur d’ouvrir le flagship store Trogneux de Nanjing Lu, la fameuse artère commerçante de Shanghai !

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Ebene Media

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