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Journées d’été d’EELV : “La présence de Médine révèle les écueils de la pensée néoprogressiste”

Journées d'été d'EELV : "La présence de Médine révèle les écueils de la pensée néoprogressiste"

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07/08/2023 à 17:07

« Ce n’est pas l’extrême droite qui décide des invitations », a récemment déclaré Marine Tondelier, secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) en défense de la décision de son parti d’inviter le rappeur Médine à ses Journées d’été qui se tiendront le 24 août prochain. D’aucuns reprochent au chanteur une proximité ancienne avec certains milieux islamistes. D’autres des paroles de chansons provocantes, voire violentes, telles que : « Crucifions les laïcards comme à Golgotha », ou des accointances contestables avec Dieudonné, Tariq Ramadan ou le Parti des Indigènes de la République (PIR). Ces accusations ont valu au rappeur des menaces lourdes et une réprobation publique largement partagée, de la gauche républicaine à la droite la plus conservatrice. À LIRE AUSSI : Médine aux Journées d’été d’EELV : le rappeur qui voulait “crucifier les laïcards” a-t-il changé de refrain ? Cependant il s’agit pour l’essentiel de faits anciens et, à plusieurs reprises, Médine a tenté de faire amende honorable. En revanche, plus récemment, lors d’un concert à Agen, il n’a pas hésité à offrir à son public une piñata à l’effigie d’élus du RN et de Reconquête !, pour protester contre le fait que ces derniers avaient voulu l’empêcher de se produire. Quels que soient les désaccords que l’on peut avoir avec autrui, l’appel à la violence n’est jamais acceptable, en particulier à l’encontre d’élus, lorsque l’on accepte les règles de la démocratie. C’est bien évidemment, a minima, une faute morale de la part de Médine. Pour autant, cela ne gêne en rien une partie de l’extrême gauche EELV-LFI prise dans l’étau des contradictions de sa stratégie politique, stratégie qui induit trois paradoxes que « l’affaire Médine » révèle aujourd’hui. Sur le plateau de la chaîne LCI, Sandrine Rousseau a récemment réagi à la polémique en tentant de dissimuler sa gêne, arguant que Médine avait « évolué » et qu’il avait « fait un parcours », sans nuance ni réserve spontanée. Dans le même temps, elle n’a pas hésité à conspuer l’héritage de Geneviève de Fontenay à la mort de cette dernière, en affirmant qu’avec « le concours Miss France [elle] a fait reculer l’image et les droits des femmes » ! Cette ambivalence est caractéristique de la posture néoprogressiste : quand il s’agit de défendre des alliés putatifs, on invoquera la trajectoire et les circonstances. Quand il faut étayer une thèse militante – ici celle du « sexisme » des concours de beauté – on se contentera de condamner le fait résiduel. À LIRE AUSSI : Face A, face B : on a lu et écouté (presque) tout Médine, voici ce qu’il dit vraiment Un tel procédé est régulièrement à l’œuvre : il a servi à la relativisation, voire à la défense, au sein de la Nupes, des agissements reprochés à Adrien Quatennens, Éric Coquerel et Taha Bouhafs alors que les élus de ce mouvement sont d’ordinaire si prompts à vouer aux gémonies telle ou telle personnalité sans tenir compte, ni des circonstances, ni du « parcours » environnant les faits incriminés. Les jugements moraux ont ceci de commode qu’ils sont, bien souvent, aussi subjectifs que les principes qui les fondent. L’extrême gauche le sait et n’hésite pas à se servir de cela pour se prémunir de la complexité inhérente aux situations humaines. Comme pour Taha Bouhafs, l’affaire « Médine » met en jeu un autre écueil de la pensée néoprogressiste, celui de la logique de « continuum » des violences et des discriminations. Cette dernière s’énonce ainsi : la condition sociale des individus relève en premier lieu des rapports de domination entre eux et leurs pairs. Ces rapports de domination sont permanents et opèrent selon un gradient. En matière d’oppression, il existe – selon cette conception – un continuum entre une « micro-agression » verbale (sarcasme, emploi d’un terme mal choisi), une atteinte à l’intégrité psychologique (insulte, harcèlement) et un crime (menace physique, coups, etc.). Cela vaut pour les offenses liées à la race, au sexe (la notion de « culture du viol » répond de ce continuum), à la condition physique (obésité, handicap), et même à l’environnement ou au rapport à l’animal, selon la doxa antispéciste. En revanche, et voilà un impensé embarrassant ici à l’œuvre, il y aurait une césure franche entre islam et islamisme, comme il ne saurait y avoir de lien d’entraînement répréhensible entre certaines cultures virilistes méditerranéennes ou subsahariennes et les comportements des individus qui ont été influencés par elles. Paradoxalement, il est fort probable que là où il est question d’un continuum, il faille considérer des ruptures d’échelle, conformément aux principes de justice qui régissent notre pacte républicain, et que là où l’on rechigne à jeter des ponts, il soit pertinent d’envisager une articulation pour convenablement penser les phénomènes traumatiques dont il est question. En somme, le néoprogressisme propose non seulement une inversion du raisonnable, mais il impose aussi, à sa convenance, une grille de lecture du monde contingente aux intérêts politiques qu’il défend. C’est d’ailleurs pourquoi le Parti communiste et les franges humanistes et laïques du Parti socialiste font preuve de circonspection dans l’affaire qui nous occupe, conscients des incohérences qui structurent le débat. Enfin, on se saurait comprendre l’attitude ambivalente de la Nupes face au cas du rappeur Médine en dehors de la double séquence politique de dénonciation radicale des « violences policières » et de la montée des périls liés à « l’ultra-droite ». L’artiste est en effet publiquement engagé sur ces deux terrains militants. Il constitue donc un allié de circonstance, qui plus est très écouté par les catégories les plus jeunes et souvent les plus radicales du mouvement. Souvent accusés de servir une vision « islamo-gauchiste » ou woke du monde, vision incompatible avec les principes universalistes et humanistes les plus élémentaires, les élus d’extrême gauche dénient ces accusations en invoquant le concept central de « panique morale », concept sociologique développé par Stanley Cohen dans les années 1970 en vertu duquel à partir d’un phénomène marginal ou fantasmé, on induit une réaction collective disproportionnée par le biais des médias et souvent jusqu’au domaine de l’action politique concrète. Or, s’il est bien une panique morale incontestablement orchestrée actuellement, c’est celle de la menace que représenteraient les mouvements actifs à la « droite de la droite » (identitaires, ultranationalistes, voire suprémacistes) alors que régulièrement dans notre pays, chaque manifestation donne désormais droit à des provocations, des exactions et des confrontations violentes fomentées par des groupuscules se réclamant de l’extrême gauche anticapitaliste, antiraciste et environnementale engagée dans le camp de la « justice sociale ». Ce troisième paradoxe est par ailleurs rendu possible par un attelage de circonstance des mouvements cités et du parti gouvernemental, qui ne manque pas une occasion de dénoncer le même phénomène pour bénéficier de l’opportunité d’apparaître comme l’option républicaine raisonnable, seule réponse aux extrémismes. L’attitude ambivalente de Gérald Darmanin – si impuissant à faire cesser les débordements et à contenir les menaces à l’encontre des forces de l’ordre, mais intransigeant lorsqu’il s’agit d’empêcher le déploiement d’une banderole ou la tenue d’un happening symbolique – ou la tactique politique de Pap Ndiaye qui élude la faiblesse de son mandat en invoquant au premier chef un acharnement de l’extrême droite à son encontre sont autant de preuves de la séquence politique dont il est question. Marine Tondelier a raison : « Ce n’est pas l’extrême droite qui décide des invitations ». Mais ce principe ne vaut que s’il est réciproquement appliqué. Seuls les principes de la République doivent nous guider dans l’appréhension des situations limites ou, comme ici, la liberté des opinions, mêmes radicales, s’oppose à la bienséance et à la tempérance.
Par
Sami Biasoni

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