Un chef et un autre membre du groupe armé pro-iranien Hachd al-Chaabi ont été tués en plein Bagdad ce 4 janvier par une «frappe de drone» attribuée aux États-Unis. Un nouvel incident en Irak, pays touché par les répercussions de la guerre entre Israël et le Hamas palestinien à Gaza.
Un responsable militaire du Hachd al-Chaabi et un autre membre de ce groupe ont été tués ce 4 janvier à Bagdad dans une «frappe de drone» attribuée aux États-Unis, a annoncé cette organisation irakienne regroupant des factions armées proches de l’Iran.
«Le commandant adjoint des opérations pour Bagdad, Mushtaq Talib al-Saïdi», est «tombé en martyr dans une frappe américaine», a indiqué le mouvement al-Nujaba, l’une de ces factions pro-iraniennes farouchement anti-américaine, dans un communiqué. La frappe «de drone» a visé «un centre de soutien logistique du Hachd al-Chaabi» dans l’est de la capitale irakienne, a indiqué un responsable sécuritaire sous couvert d’anonymat, précisant que «deux membres [du Hachd al-Chaabi] avaient été tués et sept autres blessés».
Une source au sein du Hachd al-Chaabi a confirmé ce bilan et attribué la frappe aux forces américaines. Interrogé par des journalistes, un responsable militaire américain n’avait pas réagi dans l’immédiat. Le gouvernement irakien a pour sa part évoqué une «agression» perpétrée par la coalition internationale antidjihadiste, sans toutefois pointer du doigt Washington nommément.
Ces dernières semaines, les groupes armés du Hachd al-Chaabi irakien ont été à plusieurs reprises la cible de bombardements, certains ayant été revendiqués par les États-Unis, pays honni des factions pro-iraniennes pour leur soutien à Israël dans le conflit déclenché le 7 octobre après l’attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien.
Un contexte régional très tendu
Cette attaque intervient au lendemain du quatrième anniversaire de la mort de Qassem Soleimani, ex-architecte des opérations militaires iraniennes au Moyen-Orient, tué par une attaque de drone américaine en janvier 2020 à Bagdad.
Elle survient dans un contexte régional très tendu depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas, et deux jours après l’élimination d’un haut responsable du mouvement islamiste palestinien dans une frappe près de Beyrouth, attribuée à Israël.
Sur des vidéos diffusées sur une chaîne Telegram proche du Hachd al-Chaabi, on pouvait voir de la fumée s’élever dans le ciel depuis le bâtiment situé dans la rue Palestine, une artère commerçante et très fréquentée de Bagdad.
Le site de l’attaque, entouré de murs, était bouclé et gardé par des troupes du Hachd al-Chaabi qui en interdisaient l’accès aux journalistes, selon un photographe de l’AFP.
Le gouvernement irakien accuse la coalition internationale
Le gouvernement irakien du Premier ministre Mohamed Chia al-Soudani a qualifié d’«escalade et d’agression dangereuses» cette frappe dont il a rendu la coalition internationale responsable.
Porté au pouvoir par une majorité parlementaire pro-Iran, son gouvernement est contraint de se livrer à un délicat exercice d’équilibriste pour préserver les liens stratégiques unissant son pays à Washington, au premier rang desquels la coalition antidjihadiste, en place depuis 2014.
Certains partis qui soutiennent Mohamed Chia al-Soudani sont la vitrine politique de factions du Hachd al-Chaabi, une coalition d’anciens paramilitaires chiites proches de l’Iran et désormais intégrés aux forces régulières irakiennes.
Hadi al-Ameri, l’une des figures du Hachd al-Chaabi, a condamné un «crime odieux commis par les forces américaines criminelles», réclamant le «départ immédiat» de la coalition internationale. Le Hach al-Chaabi été ces dernières semaines la cible de plusieurs bombardements en Irak, dont certains revendiqués par les États-Unis.
Les troupes américaines et celles de la coalition internationale antidjihadiste déployées en Irak et en Syrie sont visées quasi quotidiennement par des attaques de drones et de roquettes depuis le début de la guerre le 7 octobre entre Israël et le Hamas à Gaza.
La plupart de ces attaques ont été revendiquées par un groupe appelé «Résistance islamique en Irak», nébuleuse formée par des groupes armés affiliés au Hachd al-Chaabi qui s’oppose au soutien américain à Israël. Depuis le 17 octobre, les États-Unis ont recensé plus d’une centaine d’attaques en Irak et en Syrie contre leurs troupes.
Sous couvert de lutter contre une éventuelle résurgence des djihadistes du groupe État islamique, Washington déploie environ 2 500 militaires en Irak et 900 en Syrie, occupant illégalement des pans de ce pays. En janvier 2020, deux jours après l’assassinat de Qassem Soleimani par une frappe américaine, le Parlement irakien avait demandé au gouvernement de mettre fin à la présence des troupes étrangères dans le pays.
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