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Et si Guillaume Seznec était coupable ?

Et si Guillaume Seznec était coupable ?

Un siècle et quatorze demandes de révisions après, la polémique sur la condamnation de Guillaume Seznec pour meurtre n’a pas faibli. Et si les jurés du procès d’assises ne s’étaient pas trompés ? Pour l’historien Michel Pierre, la question est tranchée : la thèse de l’erreur judiciaire, « c’est une invention, un siècle de folie médiatique », décrit celui qui a eu accès au dossier « accablant » du juge d’instruction. En écrivant « L’Impossible innocence » (Tallandier, 2019), « j’ai découvert qu’on racontait n’importe quoi sur cette affaire, en partie du fait des médias », poursuit-il. Tout commence le 25 mai 1923. Guillaume Seznec quitte Rennes à bord d’une Cadillac avec Pierre Quéméneur, conseiller général du Finistère, pour faire du négoce à Paris. Dans la nuit du 27 au 28 mai, Seznec rentre seul à Morlaix, affirmant avoir laissé Quéméneur à la gare de Dreux, ce dernier préférant terminer le voyage en train. À la famille inquiète, il dit ne plus avoir de nouvelles du conseiller général qui a « dû aller jusqu’en Amérique » et dont le corps ne sera jamais retrouvé. Entendu 67 fois, confronté à 30 reprises aux témoins par la police, Guillaume Seznec se contredit à maintes reprises, ment, manque d’alibi et tente de soudoyer des témoins. La découverte de fausses promesses de vente d’une propriété de Quéméneur, au bénéfice de Seznec, achève d’en faire le suspect numéro 1. « C’était un petit voyou, le coupable idéal. Tout le monde savait qu’il traficotait. La police est sûre que c’est lui qui a fait le coup, ils ne vont pas chercher ailleurs », résume l’écrivain et journaliste Bernez Rouz, auteur de « L’affaire Quéméneur-Seznec » (éd. Apogée, 2005). Le 4 novembre 1924, Seznec est condamné, sans corps ni aveux, aux travaux forcés à perpétuité pour meurtre et faux en écriture. Il passera 20 ans en Guyane. À l’époque, « personne ne pense qu’on a envoyé un innocent au bagne », assure Michel Pierre. Ce n’est, raconte-t-il, qu’au début des années 1930 que la thèse de l’erreur judiciaire prend de l’ampleur, portée par une « trinité invraisemblable » : un ancien juge atteint de troubles mentaux, un journaliste antisémite et une institutrice adhérente de la Ligue des Droits de l’Homme. Sa peine ayant été réduite, Seznec rentre en métropole le 1er juillet 1947, à 69 ans, et meurt le 13 février 1954. Sa fille puis son petit-fils poursuivent alors son combat pour sa réhabilitation. « La famille Seznec va être très habile pour faire bouger les médias, ce sont des bons clients », raconte Denis Langlois, avocat de la famille pendant 14 ans, auteur de « Pour en finir avec l’affaire Seznec » (La Différence, 2014), qui défend la thèse d’une semi-culpabilité de Seznec. Les promesses de vente « sont des faux et sur ces faux figure l’écriture de Seznec. Mais le fait d’être un faussaire n’implique pas que vous soyez un assassin », explique-t-il. Au fil des années, une douzaine d’hypothèses, au moins, ont émergé pour disculper Seznec, au moins en partie. « Le problème, c’est que c’est toujours des témoignages très tardifs : c’est l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours », pointe Bernez Rouz. « Toutes les hypothèses sont possibles mais on n’arrive pas à trouver le document essentiel qui prouve que c’est bien ça. » Quatorze demandes de révision sont rejetées. La dernière, en 2006, quand la chambre criminelle de la Cour de Cassation examine minutieusement (et rejette) toutes ces pistes, y compris celle consistant à « trouver suspecte la surabondance même des preuves réunies contre Seznec », qui serait le signe « d’une machination policière ». Dans un arrêt de 41 pages, même les témoignages les plus incongrus sont évoqués, comme celui de cette octogénaire qui, en 2001, s’est souvenue avoir reçu, à l’âge de sept ans, 40 sous de Pierre Quéméneur, parce qu’elle avait bien chanté « La Madelon » au cours d’un repas en juillet 1923, près de deux mois après la disparition du conseiller général. Une telle apparition « n’aurait pu passer inaperçue aux yeux des adultes présents », l’affaire étant déjà largement médiatisée, souligne malicieusement la cour, qui ne voit, là encore, aucun élément de nature à « faire naître un doute » sur la culpabilité de Guillaume Seznec.

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Ebene Media

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