Un seul but: continuer de contourner les sanctions occidentales.
Depuis le deuxième trimestre de l’année 2023, une cinquantaine de navires méthaniers ont été acquis par de mystérieuses sociétés basées aux Émirats arabes unis –la place financière préférée des traders de pétrole et de gaz russes– selon Windward, entreprise israélienne spécialisée dans le renseignement maritime.
Cela suggère que la Russie, face au nœud coulant des sanctions internationales, est en train de se doter d’une nouvelle «flotte fantôme» pour transporter clandestinement du gaz naturel liquéfié (GNL), à l’image de ce qu’elle fait déjà avec le pétrole, raconte le quotidien britannique Financial Times.
«Même si les ventes russes de GNL sont moins affectées par les sanctions occidentales que le pétrole, Moscou se prépare à un durcissement des restrictions», analyse le quotidien. Selon Kpler, une entreprise belge spécialisée dans l’analyse des données commerciales, ces acquisitions pointent vers «un réseau complexe d’opérations maritimes potentiellement liées aux intérêts russes».
En effet, les structures opaques de ces sociétés émiraties sont similaires à celles utilisées par la «flotte fantôme» de pétroliers russes. Et certains de ces navires rachetés empruntent désormais les routes d’export du gaz russe, notamment via la péninsule de Yamal en Sibérie.
«C’est très cher et y’a pas pire»
«Le GNL est devenu plus important pour l’économie de guerre de la Russie, fournissant des revenus précieux après la perte des exportations par gazoducs vers l’Europe depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022, explique le Financial Times. L’Union européenne (UE) et l’Asie, grands marchés pour le GNL russe, se sont abstenues d’imposer une interdiction sur les importations, afin d’éviter toute perturbation du marché mondial du gaz.»
Les gouvernements occidentaux tentent désormais de colmater la brèche. Depuis juin, l’UE interdit la réexportation du GNL russe et le transfert du gaz des grands brise-glace russes vers des navires plus petits dans les ports européens. Et le mégaprojet russe Arctic GNL 2, qui prévoit de produire une vingtaine de millions de tonnes de gaz par an, a été sanctionné par les États-Unis.
Pour contourner ces restrictions, la Russie a manifestement acquis de vieux rafiots méthaniers âgés de plus de 15 ans, dont le prix a flambé avec la demande. Un navire construit en 2007 et vendu 50 millions de dollars (environ 46,1 millions d’euros) en 2022 a ainsi été acquis cette année pour 80 millions de dollars (près de 73,8 millions d’euros), soit une hausse de 60%.
«Ces développements ont alarmé les acteurs du secteur déjà préoccupés par l’augmentation rapide du nombre de navires vieillissants, […] utilisés par les armateurs qui transportent des cargaisons russes en dehors du régime de sanctions occidentales, alerte le journal. Ces navires sont moins susceptibles d’être assurés contre les catastrophes, mais sont beaucoup plus vulnérables aux accidents et aux marées noires.»
En plus de financer l’agression russe en Ukraine, ces méthaniers, qui ont décidément tout pour plaire, pourraient donc aussi déclencher des catastrophes environnementales en série.
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