
De retour au théâtre dans Bungalow 21, d’Éric-Emmanuel Schmitt, l’actrice incarne Marilyn face à sa sÅ“ur Mathilde Seigner en Simone Signoret. Ce fut une nuit d’insomnie. Ces quelques heures dans la chambre de Marilyn, Emmanuelle Seigner n’a pas fermé l’Å“il. En 2014, elle est de passage à Los Angeles, installée au Beverly Hills Hotel, son adresse favorite. «J’ai demandé le bungalow 21, le sien, mais j’ai été incapable d’y dormir, trop de pression !», s’amuse-t-elle aujourd’hui. En cette rentrée, elle incarne, au Théâtre de la Madeleine, à Paris, la star ultime, l’idole, l’icône… «Une Marilyn en français, qui n’existe pas, ce qui me permet d’inventer, d’avoir plus de liberté.» Sans mimétisme – elle a tout de même coupé et bouclé ses cheveux –, elle recherche davantage Norma Jean que Monroe. Face à elle, sur scène, sa sÅ“ur. Mathilde Seigner joue Simone Signoret dans ce huis clos écrit par Éric-Emmanuel Schmitt, inspiré du séjour hollywoodien que passèrent l’actrice française et son mari, Yves Montand, en 1960, pendant le tournage du Milliardaire, de George Cukor. Monroe et le dramaturge Arthur Miller, son mari depuis 1956, occupaient alors le fameux bungalow mitoyen, le 21, donc, dans ce célèbre palace aux murs roses et aux légendes noires. Deux couples et un groom, pour une tragicomédie, en onze séquences, mise en scène par Jérémie Lippmann, sur une idée de Benjamin Castaldi, le petit-fils de Signoret. Ce sont les lettres de sa grand-mère qui ont permis de retracer cet épisode si romanesque et l’idylle naissante entre Monroe et Montand. Seigner raconte : «Simone et Marilyn sont amies, ce sont les hommes qui créent entre elles une rivalité. Pour Montand, Monroe est une friandise qui flatte son ego… L’Américaine est comme une enfant, elle a besoin qu’on l’aime. Elle s’engueule avec Miller, c’est la fin de leur histoire. Signoret, elle aussi, souffre de l’adultère de Montand, mais surtout de l’humiliation quand le monde entier l’apprend. Et pourtant elle aime Marilyn.» Sentiments emmêlés, personnalités extraordinaires, décor cinématographique… Et casting inédit. Les sÅ“urs Seigner n’avaient jamais partagé la même affiche. C’est Mathilde qui a fait venir Emmanuelle sur le projet. «J’avais envoyé à ma sÅ“ur un clip vidéo dans lequel j’avais un air de Marilyn. Elle l’a montré au metteur en scène…» Après une lecture commune du texte de la pièce au théâtre, la décision est prise. «Quand je joue avec Mathilde, je ne vois que Signoret, elle lui ressemble par son autorité naturelle. Et notre complicité aide bien sûr», note Emmanuelle Seigner, qui n’était pas remontée sur les planches depuis dix ans et sa collaboration avec Luc Bondy à l’Odéon. Certains l’aiment chaud et Les Désaxés sont ses films préférés, Emmanuelle est fascinée» par la superstar depuis l’enfance. Sa fragilité, sa détresse, sa douleur : «La pièce parle de ça», dit-elle. Le metteur en scène a auditionné de nombreuses actrices avant de trouver chez Emmanuelle Seigner les qualités nécessaires pour incarner Monroe. «Emmanuelle partage avec elle quelques similitudes, un côté enfantin, de la sensualité, des failles aussi, un parcours de vie mouvementé, une histoire d’amour singulière. Elle n’a pas besoin de jouer Marilyn, elle sait la vivre», avance Jérémie Lippmann. Pour Yves Montand, il a choisi Michaël Cohen et a donné le rôle d’Arthur Miller à Vincent Winterhalter, deux solides acteurs de théâtre. Et pour l’inspiration, il a puisé dans la correspondance de Signoret et Montand, des pages jamais publiées que lui a confiées Castaldi. Des images du fabuleux quatuor existent, des photographies en noir et blanc prises lors d’un dîner au bungalow. Bouteilles de rouge sur la table, l’épaule dénudée de Monroe, le regard inquiet de Signoret, tout est dit, source d’inspiration évidente pour les sÅ“urs comédiennes. Emmanuelle Seigner revient de la Mostra de Venise où elle a présenté le film d’Olmo Schnabel, fils de l’artiste Julian Schnabel, Pet Shop Boys, avec Willem Dafoe. Un long-métrage américain pour celle qui possède désormais un visa de travail aux États-Unis. «En France, ça a toujours été compliqué pour moi. Le contraire de ma sÅ“ur, estime-t-elle. On m’a toujours dit que je n’avais pas l’air française, c’est le problème de ma vie ! On me donnait un physique d’Allemande ou de Suédoise. De toute façon, je suis plus intéressée par le cinéma étranger.» En 1987, elle tourne avec Harrison Ford Frantic, de Roman Polanski, qu’elle épouse l’année suivante. Le patron de la Warner lui propose alors un contrat pour trois films et l’opportunité de s’installer à Los Angeles. Seigner refuse : «Je n’avais pas envie d’être cantonnée aux rôles de Françaises qui ne servent à rien, parce que c’était ça à l’époque…» Elle assure que tout a changé grâce à Juliette Binoche et Marion Cotillard. Désormais, les Françaises décrochent des rôles consistants à Hollywood. En France, elle se pense «annulée», femme de celui poursuivi pour viol, autrice d’un livre confession, Une vie incendiée (Éditions de L’Observatoire), où elle défend Polanski, père de ses deux enfants. «Je n’ai aucune offre en France. Ils m’ont “canceledâ€. Mais ce n’est pas un problème !», lance-t-elle bravache. Une Marilyn en français, qui n’existe pas, ce qui me permet d’inventer, d’avoir plus de liberté Emmanuelle, qui chante aussi du rock, a le cuir dur. Elle multiplie d’ailleurs les projets musicaux, un disque, notamment, est en préparation, avec le parolier Boris Bergman. Et veille sur sa fille, Morgane, 30 ans, actrice elle aussi, qui se lance dans la réalisation, en Angleterre. La fin du mois d’août a été consacrée aux répétitions de Bungalow 21. Il faut des heures pour trouver la voix, le ton, les gestes, ne pas singer, chercher les bonnes sensations, transmettre la juste sensibilité… «De la tension, du danger, de l’émotion», a exigé d’elle Jérémie Lippmann. «C’est beaucoup de travail, mais le rôle est magnifique», conclut Emmanuelle Seigner. Bungalow 21, d’Éric-Emmanuel Schmitt, avec Emmanuelle et Mathilde Seigner, mise en scène Jérémie Lippmann, au Théâtre de la Madeleine, à Paris. Jan atmos
le 19/09/2023 Ã 00:20 anonyme 22446
le 18/09/2023 à 21:05 Lors du tournage du Milliardaire en 1960, Marilyn Monroe avait 34 ans et Simone Signoret 39 ans. Les sœurs Seigner ont respectivement 57 et 55 ans. Fracha
le 18/09/2023 Ã 18:43
Le chanteur et musicien français entame une tournée à l’occasion de la sortie de son deuxième album, Intérieur de vie. Avant son concert à l’Olympia, à Paris, le 9 novembre, il s’est prêté au jeu de notre interview «Autopromo».
Il est le nouvel objet du désir de Hollywood. Irrésistible héros de la série The Last of Us, l’acteur chiléno-américain part à la conquête du cinéma.
À tout moment, vous pouvez modifier vos choix via le bouton “paramétrer les cookies†en bas de page. Emmanuelle Seigner : «Je n’ai aucune offre en France, ils m’ont “canceledâ€, mais ce n’est pas un problème !»