Les deux candidats à la Maison Blanche se sont affrontés le 10 septembre sur ABC News. S’il s’agissait du deuxième débat télévisé de cette campagne présidentielle à moins de deux mois du scrutin, c’était le premier entre Kamala Harris et Donald Trump depuis le retrait forcé du président sortant Joe Biden, après sa contre-performance fin juin.
Aux États-Unis, à moins de deux mois du scrutin présidentiel, le rapport de forces serait-il en passe de s’inverser en faveur du camp démocrate ? À l’issue du deuxième débat de la campagne en cours, qui s’est tenu le 10 septembre sur ABC News, opposant cette fois-ci Kamala Harris à Donald Trump – après le retrait forcé de Joe Biden suite à sa contre-performance du 27 juin –, 63% des sondés ont déclaré à CNN que la candidate démocrate l’avait emporté, contre 37% à son adversaire républicain.
Un résultat en miroir du sondage fait par la chaîne d’information préférée des démocrates après le duel Biden-Trump qu’elle avait organisé, où 67% des sondés avaient alors jugé que le républicain avait remporté le match sur l’actuel locataire de la Maison Blanche. «Les électeurs qui ont suivi le débat ont également eu une meilleure opinion de Harris par rapport à leurs impressions avant le débat, tandis que peu d’entre eux ont changé d’avis sur Trump dans son ensemble», a écrit la chaîne dans son analyse.
Selon cette dernière, la candidate démocrate aurait également marqué des points au sein de l’électorat s’identifiant comme «indépendant», ajoutant que la popularité de Harris était passée dans cette catégorie de 30% avant le débat à 48% après cette séquence de la campagne présidentielle américaine. Une dynamique qui s’observerait également au sein des électeurs démocrates vis-à-vis de leur candidate, mais ne se retrouverait pas du côté des républicains vis-à-vis de Donald Trump.
En ballotage face à Trump, Harris passe à l’offensive
Il n’en demeure pas moins difficile d’apprécier de tels sondages d’opinion, comme en témoigne la victoire de Donald Trump en 2016 sur Hilary Clinton, qui était pourtant donnée grande gagnante par une large majorité de médias américains. Des médias qui, dans leur grande majorité, l’avaient soutenu. Une situation sur laquelle avait d’ailleurs surfé le candidat républicain.
L’exercice est d’autant plus périlleux – et les débats cruciaux – qu’au sortir de l’été les deux prétendants à la fonction suprême sont donnés au coude-à-coude : 48% d’intention de vote en faveur de Trump contre 47% pour Harris, selon un sondage de l’institut du Siena College pour le New York Times (NYT) publié le 8 septembre.
Sur la forme, Kamala Harris a été décrite comme «offensive» face à son concurrent républicain. Une tendance qu’a soulignée le NYT, précisant sur les réseaux sociaux que la démocrate avait alloué près de la moitié de son temps de parole (17 minutes sur 38) à attaquer l’ancien président américain, alors que celui-ci y avait accordé moins du tiers (13 minutes sur 43) de ses prises de parole.
Sur le fond, les deux candidats à la succession de Joe Biden, se sont affrontés sur des thèmes tels que l’inflation, l’immigration, l’IVG et les relations internationales, offrant deux visions opposées de l’Amérique ainsi que quelques sorties incongrues.
Trump «veut être un dictateur dès le premier jour», assure Harris
Sur le volet intérieur, Kamala Harris a ainsi défendu le droit à l’avortement, accusant Donald Trump de vouloir «signer une interdiction de l’IVG nationale». Assurant qu’il laisserait le choix à chaque État de légiférer, le candidat républicain a accusé les démocrates de vouloir «exécuter des bébés» après leur naissance.
Sur l’immigration, évoquant la ville de Springfield, Donald Trump a affirmé que les immigrés mangeaient «des chiens […] des chats […] les animaux de compagnie des habitants».
Sur les dossiers internationaux, Donald Trump a accusé les démocrates de jouer avec la Troisième Guerre mondiale, assurant qu’avec lui, le conflit en Ukraine n’aurait jamais éclaté, car il connaissait très bien Vladimir Poutine.
Concernant la guerre à Gaza, le candidat républicain a réaffirmé que son opposante haïssait Israël. «Si elle devient présidente, je crois qu’Israël n’existera plus d’ici deux ans», a-t-il ajouté.
«Si Donald Trump était président, Poutine serait assis à Kiev en ce moment», a pour sa part affirmé Kamala Harris, accusant Donald Trump d’admirer des dictateurs. «Il veut être un dictateur dès le premier jour», a-t-elle assuré. Avant de lancer : «Il est la risée des dirigeants du monde entier.»
Sur le conflit israélien, Kamala Harris a réitéré que l’État hébreu avait «le droit de se défendre» suite à la sanglante attaque du Hamas le 7 octobre. «Beaucoup trop de Palestiniens meurent», a-t-elle toutefois souligné.
«Nous espérons encore qu’ils laisseront tranquille le nom de notre président», commente Peskov
L’évocation du nom du président russe n’est pas passée inaperçue à Moscou. «Le nom Poutine est utilisé, pour ainsi dire, comme l’un des outils de la lutte politique interne américaine. Cela ne nous plaît guère», a réagi ce 11 septembre Dmitri Peskov. «Nous espérons encore qu’ils laisseront tranquille le nom de notre président», a poursuivi le porte-parole du Kremlin. Avant de conclure : «C’est tout ce qu’il y a à dire.» Dmitri Peskov a précisé que le Kremlin n’avait pas suivi le débat présidentiel américain, invoquant le décalage horaire.
«C’est à eux de juger leurs candidats, pas à nous», a poursuivi le porte-parole. «Nous avons nos propres soucis, nos propres défis et nos propres problèmes», a-t-il ajouté, après avoir déclaré que les États-Unis avaient «en général, quel que soit le parti des candidats, une attitude négative et inamicale à l’égard de [son] pays».
Le 4 septembre, l’administration Biden a accusé la Russie de «tentative d’ingérence» dans l’élection présidentielle américaine, dévoilant une série de mesures incluant des sanctions ainsi que des poursuites pénales, notamment à l’encontre de responsables de RT.
L’irruption de Kamala Harris dans cette campagne présidentielle est encore récente. Celle-ci a été investie le 22 août par le Parti démocrate, un mois après l’annonce par Joe Biden de son retrait de la course. Celui-ci était alors, depuis des semaines, sous pression après son débat raté du 27 juin face à Donald Trump qui avait déclenché une polémique autour de ses capacités physiques et mentales.
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