Crash du vol MH17 : la Russie dénonce un verdict « politique » après la condamnation de trois hommes

La Russie a dénoncé une décision « politique » après qu’un tribunal néerlandais a condamné trois hommes, dont deux ressortissants russes, dans le cadre du procès sur l’accident d’avion de Malaysia Airlines en 2014 au-dessus de l’Ukraine.

« Tant le déroulement du processus que son résultat montrent qu’il répond à une exigence politique de renforcer la position promue par La Haye. […] que la Russie serait impliquée dans le drame » : en ces termes, le ministère russe des Affaires étrangères a réagi le 17 novembre à la décision d’un tribunal néerlandais concernant le crash d’un avion de Malaysia Airlines au-dessus de l’Ukraine en 2014. Un drame qui s’est déroulé en le contexte d’un conflit entre le pouvoir central ukrainien et les autorités rebelles du Donbass.

Le même jour, le tribunal compétent a condamné trois autres hommes à la réclusion à perpétuité : les Russes Igor Girkin et Sergei Dubinsky et l’Ukrainien Leonid Khartchenko, reconnus coupables de « meurtre » et ayant joué un rôle dans la destruction de l’avion. Ils ont été condamnés par contumace pour avoir refusé d’assister au procès, qui a duré deux ans et demi.

Selon les termes de l’AFP, les juges ont estimé que ces trois hommes « pourraient être tenus pour responsables du transport du missile depuis une base militaire en Russie et de son déploiement sur le site de lancement, même s’ils n’ont pas appuyé eux-mêmes sur le bouton de lancement ».

Un quatrième homme, le Russe Oleg Poulatov, a été acquitté.

Le tribunal a ignoré des faits importants, selon la Russie

« Pendant le procès, les juges ont subi une pression sans précédent de la part d’hommes politiques, de procureurs et de journalistes néerlandais qui leur ont imposé un résultat politiquement motivé », a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.

La diplomatie russe accuse également la justice néerlandaise d’avoir ignoré un certain nombre d’éléments importants concernant cette affaire. Selon elle, le tribunal « a ignoré les principes d’une justice impartiale adaptée à la situation politique actuelle », ce qui « porterait un sérieux coup à la réputation du système juridique néerlandais dans son ensemble ».

Dans le détail, le ministère regrette notamment que les juges n’aient pas retenu l’argument de la défense, selon lequel « il n’existe aucune preuve convaincante que le vol MH17 ait été abattu par un système de missile anti-aérien BUK d’origine russe ». tenue au mépris des documents diffusés par le ministère russe de la Défense qui apportent la preuve que le missile en question, dont le numéro de série correspond à celui trouvé sur les lieux de la catastrophe, a été livré à l’Ukraine », a fait valoir la diplomatie russe.

Ce dernier trouve également « surprenant » que depuis le drame de 2014 aucune analyse n’ait été menée « pour établir la responsabilité de Kiev dans la non-fermeture de l’espace aérien au-dessus de la zone des hostilités ».

Zelensky et Blinken saluent un verdict « significatif »

Pour sa part, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué le verdict du tribunal néerlandais comme une « décision importante » selon le président ukrainien, jugeant que « la punition pour toutes les atrocités russes – hier et aujourd’hui – sera[it] inévitable ».

De son côté, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a estimé que la décision de ce tribunal « marquait une étape importante dans les efforts visant à rendre justice aux 298 personnes qui ont perdu la vie » dans cette tragédie.

Enfin, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a qualifié les condamnations d' »étape importante », mais a également déclaré qu’elles n’étaient « pas la fin ».

Moscou, comme le soulignent les Pays-Bas, a toujours nié avoir eu quoi que ce soit à voir avec cette tragédie

Pour rappel, le 17 juillet 2014, le Boeing 777 du vol 17 de Malaysia Airlines au départ d’Amsterdam (Pays-Bas) à destination de Kuala Lumpur (Malaisie) avait été abattu au-dessus de l’est de l’Ukraine avant de s’écraser dans le Donbass. Les autorités du Donbass (une région qui a ensuite rejoint la Fédération de Russie en septembre 2022) ont par la suite revendiqué leur indépendance vis-à-vis de Kiev et ont refusé de reconnaître le gouvernement ukrainien issu du coup d’État de Maïdan. La région était donc déjà le champ de bataille à l’époque.

Les 283 passagers, dont 196 Néerlandais, et les 15 membres d’équipage à bord sont décédés. La majeure partie de l’appareil a été retrouvée près du village de Grabovo dans le Donbass.

Après des années d’enquête menée par la Joint Investigation Team (JIT), une équipe internationale dirigée par les Pays-Bas, le procès s’est ouvert en mars 2020 contre les quatre suspects d’implication dans le crash du vol MH17.

En 2018, les enquêteurs avaient conclu que ce vol Amsterdam-Kuala Lumpur avait été abattu par un missile de type missile Buk (de conception soviétique), tiré depuis une zone alors tenue par les rebelles du Donbass. Suite à ces révélations, les Pays-Bas et l’Australie, dont 38 ressortissants ont également perdu la vie, ont ouvertement imputé à la Russie ce drame.

Cependant, Moscou a toujours nié avec véhémence toute implication dans cette affaire. La Russie a également contesté la participation de son armée aux combats contre les rebelles du Donbass et le pouvoir central ukrainien à partir de 2014.

Fin février 2022, c’est au nom de la protection des populations du Donbass notamment que Moscou lance une opération militaire en Ukraine, une offensive que Kiev et l’Occident dénoncent comme une guerre d’invasion, et invoquent pour contrer de nombreuses sanctions anti-russes. .