Le Congrès américain a approuvé le 13 décembre l’ouverture formelle d’une enquête en destitution de Joe Biden, motivée par les affaires controversées de son fils à l’étranger, et qualifiée de «combine politique sans fondement» par le président.
Par 221 voix contre 212, la Chambre des représentants, dirigée par le Parti républicain, a adopté le 13 décembre une résolution républicaine afin d’ouvrir une enquête en destitution à l’encontre de Joe Biden.
Cette procédure n’a quasiment aucune chance d’aboutir, mais pourrait se transformer en casse-tête pour la Maison Blanche avant la présidentielle de novembre 2024, à laquelle Joe Biden est candidat.
Les conservateurs, majoritaires à la Chambre des représentants depuis janvier, accusent le dirigeant démocrate d’avoir usé de son influence lorsqu’il était vice-président de Barack Obama (2009-2017) pour permettre à son fils de faire des affaires douteuses en Chine et en Ukraine.
«Joe Biden a menti de façon répétée au peuple américain», a accusé le chef de la commission d’enquête de la Chambre, James Comer, depuis l’hémicycle. Le président, les démocrates et son fils nient ces accusations en bloc.
«Une combine politique sans fondement», selon Biden
Les républicains «choisissent de perdre leur temps avec une combine politique sans fondement», a accusé Joe Biden après le vote. «Au lieu de travailler à rendre meilleure la vie des Américains, leur priorité est de m’attaquer avec des mensonges», a-t-il déclaré dans un communiqué.
«Mon père n’a jamais été impliqué financièrement dans mes affaires», avait déjà balayé Hunter Biden, lors d’une rare conférence de presse le 13 décembre au matin. Présent devant le Congrès américain, le quinquagénaire, au passé marqué par les addictions et inculpé dans deux dossiers par la justice, a reconnu avoir fait «des erreurs» dans sa vie.
Mais il a accusé «les trumpistes» d’avoir tenté de le «déshumaniser», pour «nuire» à son père. Il a refusé pour cette raison de participer à une audition à huis clos organisée par les républicains, qui l’avaient assigné à comparaître au Capitole.
Le président de 81 ans a toujours soutenu publiquement Hunter Biden, répétant souvent être «fier» de lui.
«Le moment est venu d’apporter des réponses au peuple américain»
Une enquête en destitution, réclamée de longue date par les élus proches de Donald Trump face à qui Joe Biden pourrait être opposé en 2024, avait déjà été ouverte contre le président démocrate durant l’été.
Une première audition parlementaire avait même été organisée sur le sujet fin septembre, lors de laquelle les experts interrogés s’étaient accordés à dire que rien ne permettait pour l’heure de justifier une mise en accusation du président Biden.
«Il n’y a aucune preuve que le président Biden ait commis un quelconque acte répréhensible», a renchéri le 13 décembre le chef démocrate à la Chambre, Hakeem Jeffries.
Les républicains estiment toutefois que l’ouverture formelle de l’enquête, adoptée par leurs seules voix, leur offrira des pouvoirs supplémentaires, et donc de nouvelles possibilités d’incriminer le dirigeant démocrate.
«Le moment est venu d’apporter des réponses au peuple américain», a lancé le 13 décembre le président de la Chambre, le républicain Mike Johnson, à l’issue du vote, assurant ne pas prendre cette enquête «à la légère».
Aucun président destitué jusqu’à présent
Selon la Constitution américaine, le Congrès peux destituer le président en cas de «trahison, corruption ou autres crimes et délits majeurs». La procédure se déroule en deux étapes. Après avoir mené son enquête, la Chambre des représentants vote, à une majorité simple, des articles de mise en accusation détaillant les faits reprochés au président : c’est ce qui s’appelle «impeachment» en anglais.
Si la mise en accusation venait à être votée, le Sénat, chambre haute du Congrès, ferait alors le procès du président. Il serait toutefois très probablement acquitté, le parti de Joe Biden étant majoritaire dans cette chambre.
Jamais un président n’a été destitué dans l’histoire américaine. Trois ont été mis en accusation : Andrew Johnson en 1868, Bill Clinton en 1998 et Donald Trump en 2019 et en 2021. Mais tous ont été finalement acquittés. Richard Nixon a préféré démissionner en 1974 pour éviter une destitution certaine par le Congrès en raison du scandale du Watergate.
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