Comment le Royaume-Uni envisage de suivre ses ressortissants sur Internet

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Le pays déploie discrètement un système qui collecte l’historique de navigation.

En 2016, le Parlement britannique a adopté l’Investigatory Powers Act (qui pourrait se traduire par « la loi sur les pouvoirs de surveillance »). Sous cette appellation, qui peut sembler banale, se cache une loi décrite par certaines associations du pays comme l’une des plus draconiennes au monde en matière de surveillance.

La législation prévoyait notamment la création d'”enregistrements de connexion Internet”, ou ICR, et donc la possibilité d’obliger les fournisseurs d’accès à Internet, sur décision de justice, à conserver l’historique de navigation pendant un an. Sept ans plus tard, le site Wired révèle comment cet appareil, qui a passé son stade expérimental, évolue aujourd’hui dans la plus grande discrétion.

Historique, adresse IP et applications

Les archives officielles montrent qu’en 2022, la police britannique pensait que le test de cet appareil était un succès. Si ce système ne permet pas de voir en détail les pages web consultées, il peut tout de même lister les sites que les personnes cochées ont visités – ainsi nous pourrons savoir que vous avez visité Wikipédia, mais pas sur quel article.

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Il était également prévu que les forces de l’ordre aient accès à l’historique des applications ouvertes sur un smartphone, ou à d’autres informations telles que l’adresse IP, un numéro de client, etc. En 2016, les fournisseurs d’accès à Internet estimaient qu’il faudrait des années avant de mettre en place mettre en place un système de collecte et de stockage des KPI.

Cependant, certains composants pourraient être en place dès maintenant : la National Crime Enforcement Agency (NCA), par exemple, en ferait usage, selon Wired, dont les journalistes citent un document officiel de février 2023 résumant la mise en place de ces systèmes. L’essai, qui portait sur les visites de sites Web à contenu pédopornographique, aurait ainsi recensé 120 visiteurs. “Seulement quatre” de ces personnes sont connues de la police.

Un système opaque

Les détails techniques de ce système sont encore secrets. Pour justifier ce silence, le Home Office britannique invoque des restrictions liées à la sécurité nationale et à des questions d’intérêt commercial. Cependant, un porte-parole du gouvernement a déclaré à Wired que le pays avait “l’un des systèmes de surveillance les plus solides et les plus transparents au monde pour la protection des données personnelles et de la vie privée”.

Cependant, une erreur dans l’utilisation des ICR a été documentée dès 2020. Dans son rapport annuel 2020, publié en janvier 2022, l’Investigatory Powers Commissioner’s Office (IPCO), qui supervise les agences de renseignement, la police et les autorités locales, indique qu’un opérateur de télécommunications, à qui la police a demandé l’historique de navigation, a fourni “un excès de données par rapport à ce qui était autorisé”. La cause de cette erreur serait un problème technique.

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Pendant ce temps, les critiques ne cessent d’affluer. Selon Nour Haidar, avocate et juriste de l’association des libertés civiles Privacy International, les ICR ne protègent pas les citoyens. “Nous pensons que cela fait [notre vie privée] moins sécurisé, car ces données sont susceptibles d’être utilisées à mauvais escient »il insiste.

Tout cela vous fait-il peur ? Veuillez noter que les fournisseurs d’accès en France sont tenus de conserver vos données de connexion (notamment historique des sites et pages visités, géolocalisation, quantité de données échangées) pendant un an.

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