Depuis le début de son invasion, Moscou poursuit des objectifs très différents de ceux perçus par les Occidentaux. Au vu de la situation humanitaire, c’est difficile à dire, mais d’un point de vue stratégique militaire, la manœuvre entreprise par les militaires russes depuis le déclenchement de la guerre risque d’entrer dans les annales de l’histoire comme un modèle du genre. †

« Le succès des opérations russes, c’est que nous avons réussi à embrouiller tout le monde. D’abord en donnant l’impression qu’ils essayaient de faire une opération rapide, comme ils auraient pu le faire par le passé. Ensuite, ils ont fait semblant d’essayer de prendre la capitale Kiev. Alors, maintenant, rassembler et fixer les troupes ukrainiennes près de la ville symbolique de Kharkov. Les Ukrainiens défendent la ville. Pendant ce temps, les Russes ont carte blanche dans le Donbass »

« Les Russes pratiquent ce qu’on appelle l’art opérationnel. Ils essaient de ne pas détruire l’adversaire, mais de le faire s’effondrer sans être entraîné dans une bataille d’usure. » Bernard Wicht

L’étau sur les troupes russes se resserre autour des villes clés du Donbass, où la Russie tente de prendre le contrôle total du bassin minier. Pour Bernard Wicht, spécialiste de la stratégie militaire, on voit aujourd’hui se dessiner le résultat d’une stratégie gagnante pour la Russie.

En raison des bâtiments détruits, les troupes russes ont avancé vers le centre de Severodonetsk, une ville stratégique du Donbass où se déroulent désormais des combats de rue. Entrer dans cette ville représente une grande avancée symbolique pour la Russie.

La source: RTS.ch


Le point sur l’évolution du conflit en Ukraine, favorable aux Russes, 31 mai, 19h30 :

Voir l’excellente analyse de Bernard Wicht, expert en stratégie militaire.

Lien vers la série que vous devez écouter https://www.rts.ch/play/tv/redirect/detail/13135598


L’armée ukrainienne perd du terrain dans la région du Donbass. Aux yeux du professeur de l’Université de Lausanne Bernard Wicht, auteur de plusieurs ouvrages de stratégie militaire, cette situation relève de l' »art opératoire » de Moscou qui, depuis le début de son invasion, a poursuivi des buts très différents de ceux cibles perçues par les occidentaux.

L’avancée de l’armée russe entre le 13 mai et le 27 mai :

« C’est difficile à dire étant donné la situation humanitaire, mais d’un point de vue de la stratégie militaire, la manœuvre entreprise par les militaires russes depuis le déclenchement de la guerre est susceptible de devenir un modèle dans les annales de l’histoire », a-t-il déclaré. dire.

Trois mystifications

Selon lui, le succès des opérations russes « a réussi à intriguer tout le monde ». D’abord en donnant l’impression qu’ils essayaient de faire une opération rapide, comme ils auraient pu le faire par le passé. Ensuite, ils ont fait semblant d’essayer de prendre la capitale Kiev. Alors, maintenant, rassembler et fixer les troupes ukrainiennes près de la ville symbolique de Kharkov.

« Les Ukrainiens défendent la ville. Pendant ce temps, les Russes ont carte blanche dans le Donbass », précise Bernard Wicht.

Des objectifs non seulement militaires

De plus, les victoires militaires et les gains territoriaux ne sont pas le seul objectif de l’opération à Moscou. « Les Russes pratiquent ce qu’on appelle l’art opérationnel. Ils essaient de ne pas détruire l’adversaire, mais de le faire s’effondrer sans entrer dans une bataille d’usure. †

Pour le spécialiste, cependant, certains de ces objectifs sont déjà atteints : faire peur à l’Union européenne et montrer à l’OTAN jusqu’où elle est prête à aller. « Nous, Occidentaux, voyons la bataille comme une bataille gagnée ou perdue. Mais ce n’est pas le point de vue russe.

Propos recueillis par Philippe Revaz

La source: RTS.ch